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Lorsque
la nuit étend son voile
sur une terre qui déjà s'endort
il y a quelque part, sous des lueurs d'or,
des êtres qui se réunissent
et qui dansent comme on glisse
sur l'eau brillante des espoirs.
Nous
allons, hélas, ce soir,
refermer le livre
et comme le bateau ivre,
repartir pleins de désespoir
vers des Plans de lumière voilée
où toute vie s'est arrêtée.
Les
lumières étaient brillantes et sur la piste
de danse, les couples évoluaient, danseurs virevoltant,
tournant et tournoyant au rythme des musiques.
Ah ! comme les robes étaient belles !
La musique, sur son aile, faisait danser les espoirs et
on pouvait apercevoir la joie qui sur des visages, semblait
écrire la page des bonheurs accomplis
Où
est le brillant de la fête ?
Nous,
nous inclinons la tête et silencieux, nous regardons
Dans le ciel voilé de brume, la lune luit faiblement.
Au pied de la terrasse, les flots languissants viennent
mourir doucement et leur chant nostalgique pleure dans la
nuit.
La fenêtre est restée ouverte
les rideaux volent souplement.
La grande salle est muette et il n'y a plus maintenant que
les reliefs du festin.
L'orchestre a cessé ses accords et il n'y a plus
rien dehors que la lune qui doucement, brille
astre
luisant sur la terre, astre luisant sur la mer
la mer des pleurs et des émois.
Où sont les lumières de la fête ? Il
ne reste plus rien dans ces lieux que le vide des assiettes.
Dans des vases, des fleurs s'étiolent, et sur le
sol, enchevêtrés, les serpentins multicolores
ont été foulés aux pieds
serpentins,
cotillons, chapeaux abandonnés
Oui, la fête est bien terminée, et il ne reste
dans ces lieux que le parfum douteux et triste des regrets
et du vide
Dans des vases, des fleurs se fanent et
sur la nappe blanche et brodée, trois gouttes de
sang ont perlé
le sang d'une fleur a coulé !
Il y a des bouquets partout mais
des bouquets
partout qui se fanent et s'étiolent, et qui n'embaument
plus car les jours ne sont plus du parfum enivrant.
La mer vient lécher les galets sur la plage abandonnée
Dans la salle de bal désertée, silhouette
blanche, j'erre, regardant éperdu cette salle nue
où plus rien ne répond.
Je ramasse les cotillons et les serpentins emmêlés
et
le rideau blanc s'est envolé dans l'ouverture
d'une fenêtre.
Vous
avez compris peut-être que la salle désertée
où des fleurs agonisent, est la salle de vos destinées.
Elle est loin la terre promise des espoirs et des
beautés !
Le sang d'une fleur a perlé
trois taches
rouges
Dans
la salle abandonnée nous avons fini de rêver,
d'attendre, de croire et d'espérer.
Il faut que la porte se ferme !
La
lune a voilé sa face
car il n'y a plus de place
pour la joie et la gaieté,
pour l'amour et la bonté
et dans le silence oppressant, tandis que mon cur
ressent la souffrance et la douleur, une horloge au loin
sonne l'heure, sonne le glas de l'attente, car ils ont roulé
sur la pente du gouffre profond et horrible tous ces espoirs
que nous avions, car tandis que nous priions Dieu de vous
donner l'amour, vous avez détruit pour toujours le
bouquet que nous apportions
Un
voile blanc flotte doucement dans une fenêtre entr'ouverte
et nous, nous pleurons sur la perte de nos espoirs, de notre
amour
Ecoutez l'horloge qui sonne ! Et ses coups sinistres résonnent
dans la grande salle désertée, dans la maison
abandonnée
La
mer lèche encore les galets
nous allons nous en aller
mais avant de quitter ces lieux, nous ramasserons, malheureux,
la
rose aux pétales tachés, tachés de
pourpre, tachés de sang
que nous avions offerte, enfants, avec l'élan de
notre amour
et que vous avez laissée un jour
pour vous en aller -sans espoir- loin
bien loin
bien loin de sa Gloire !
archange
Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle
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