Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

17 mars 1994

   
   

Lorsque la nuit étend son voile
sur une terre qui déjà s'endort…
il y a quelque part, sous des lueurs d'or,
des êtres qui se réunissent
et qui dansent comme on glisse
sur l'eau brillante des espoirs.

Nous allons, hélas, ce soir,
refermer le livre
et comme le bateau ivre,
repartir pleins de désespoir
vers des Plans de lumière voilée
où toute vie s'est arrêtée.

Les lumières étaient brillantes et sur la piste de danse, les couples évoluaient, danseurs virevoltant, tournant et tournoyant au rythme des musiques.
Ah ! comme les robes étaient belles !
La musique, sur son aile, faisait danser les espoirs et… on pouvait apercevoir la joie qui sur des visages, semblait écrire la page des bonheurs accomplis…

Où est le brillant de la fête ?…
Nous, nous inclinons la tête et silencieux, nous regardons…
Dans le ciel voilé de brume, la lune luit faiblement.
Au pied de la terrasse, les flots languissants viennent mourir doucement et leur chant nostalgique pleure dans la nuit.
La fenêtre est restée ouverte
les rideaux volent souplement.
La grande salle est muette et il n'y a plus maintenant que les reliefs du festin.
L'orchestre a cessé ses accords et il n'y a plus rien dehors que la lune qui doucement, brille… astre luisant sur la terre, astre luisant sur la mer…
la mer des pleurs et des émois.
Où sont les lumières de la fête ? Il ne reste plus rien dans ces lieux que le vide des assiettes. Dans des vases, des fleurs s'étiolent, et sur le sol, enchevêtrés, les serpentins multicolores ont été foulés aux pieds… serpentins, cotillons, chapeaux abandonnés…
Oui, la fête est bien terminée, et il ne reste dans ces lieux que le parfum douteux et triste des regrets et du vide… Dans des vases, des fleurs se fanent et sur la nappe blanche et brodée, trois gouttes de sang ont perlé…
le sang d'une fleur a coulé !…
Il y a des bouquets partout mais… des bouquets partout qui se fanent et s'étiolent, et qui n'embaument plus car les jours ne sont plus du parfum enivrant.
La mer vient lécher les galets sur la plage abandonnée…
Dans la salle de bal désertée, silhouette blanche, j'erre, regardant éperdu cette salle nue où plus rien ne répond.
Je ramasse les cotillons et les serpentins emmêlés et… le rideau blanc s'est envolé dans l'ouverture d'une fenêtre.

Vous avez compris peut-être que la salle désertée où des fleurs agonisent, est la salle de vos destinées.
Elle est loin la terre promise des espoirs et des beautés !…
Le sang d'une fleur a perlé… trois taches rouges…

Dans la salle abandonnée nous avons fini de rêver, d'attendre, de croire et d'espérer.
Il faut que la porte se ferme !…

La lune a voilé sa face
car il n'y a plus de place
pour la joie et la gaieté,
pour l'amour et la bonté…
et dans le silence oppressant, tandis que mon cœur ressent la souffrance et la douleur, une horloge au loin sonne l'heure, sonne le glas de l'attente, car ils ont roulé sur la pente du gouffre profond et horrible tous ces espoirs que nous avions, car tandis que nous priions Dieu de vous donner l'amour, vous avez détruit pour toujours le bouquet que nous apportions…

Un voile blanc flotte doucement dans une fenêtre entr'ouverte et nous, nous pleurons sur la perte de nos espoirs, de notre amour…
Ecoutez l'horloge qui sonne ! Et ses coups sinistres résonnent dans la grande salle désertée, dans la maison abandonnée…

La mer lèche encore les galets…
nous allons nous en aller…
mais avant de quitter ces lieux, nous ramasserons, malheureux,
la rose aux pétales tachés, tachés de pourpre, tachés de sang
que nous avions offerte, enfants, avec l'élan de notre amour
et que vous avez laissée un jour
pour vous en aller -sans espoir- loin… bien loin… bien loin de sa Gloire !…

 

archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…