Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

30 mars 1994

   
   

Lorsque, fuyant la foule, l'être solitaire se hasarde sur des chemins étroits qui serpentent dans des vallées inconnues, il est des paysages que son regard ébloui contemple, ou que son œil horrifié voudrait fuir…

 

 

 

Ne regarde pas, voyageur attardé, le paysage obscur de ton destin passé…

   
 
Sous le ciel rougeoyant et sanglant, les pointes sinistres de montagnes dénudées et arides se dressent comme autant de griffes pour marquer d'une signature sanglante les jours passés et enfuis dans le drame.
Ne regarde plus, voyageur attardé,
les salles obscures de ton destin d'Humain où, trop lourdement chargé, tu as arrêté ton pas dans l'attente et l'espoir ou dans la révolte et la haine.
Ne regarde plus, voyageur perdu,
les ruelles étroites qui sinuent entre les murailles élevées et sombres des villes dangereuses où confronté aux réalités sinistres de désirs vains et stériles, tu errais… errais… errais sans fin, toujours en quête de l'introuvable, de l'espéré jamais atteint…

Ne te penche plus, voyageur fatigué, sur les nuits douloureuses de ta vie…

Ne retrouve pas, voyageur fatigué, le goût salé des larmes et n'écoute plus, dans le lointain, l'écho lancinant des rêves troublés par les cris d'angoisse et de détresse…

Ne regarde plus le désert de ta vie, voyageur assoiffé…

Ne regarde plus, voyageur affolé,
l'étendue d'or et de feu du désert de ces jours où tes pas fatigués te faisaient te traîner en quête de la fraîcheur de l'oasis accueillante pour apaiser ton drame…
Ne regarde plus cet horizon noir et rouge, cet horizon de larmes et de deuil, de désespoir et de désillusion…

Ne regarde plus derrière toi, voyageur trop curieux, mais regarde devant toi… regarde le chemin qui conduit vers des horizons que tu ne connais point ; traverse la campagne verdoyante et fraîche…

Regarde, voyageur curieux,
le spectacle des scènes qui défilent devant tes yeux éblouis : le vert des prairies a remplacé le noir des nuits, et ces paysages immobiles et figés que ta tête tournée pouvait encore contempler, ont brusquement disparu à tes yeux, et le monde… la vie, tout d'un coup tout renaît car dans une explosion de joie, comme après une attente trop longtemps contenue, tout vibre et tout s'exprime, tout resplendit… tout luit.
Regarde maintenant, voyageur réjoui,
le spectacle merveilleux qui renaît dans la vie, et si d'aventure tes pas pressés te conduisent sur le pont de pierre, là, sur ce précipice, penche-toi et regarde, regarde et contemple… contemple… contemple l'eau qui en cascade frémissante coule sur les galets polis.

Regarde, voyageur ébloui…
    sous le pont de tes regrets, passe le temps…
    sur le pont de tes espoirs, glisse l'élan…

Sur l'arche de ta vie, sur l'arche de tes jours, que la lumière, la tendresse et l'amour t'apportent leur offrande pour toujours.
Sur le pont de l'attente, fasse le destin que te soit apportée, même si ce jour est lointain, l'éternité de paix qui brillera enfin.
Sous le pont de tes regrets, passe le temps qui, emportant dans ses flots, les chagrins, les tourments, les souffrances et les drames, pourra t'emporter sur son aile pour te faire renaître à la flamme d'une vie d'attention et d'espoir dont tu seras enfin le miroir.

 

Sur le pont de tes élans, passe le temps…
le temps de l'amour, le temps de l'espoir, le temps de la Vie…
le temps qui te rapproche lentement du moment béni où enfin, ayant accompli tes espoirs, tu pourras chanter sa Gloire…


archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…