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Montfort, nous l'avons vu, aime faire planter des
croix en souvenir des missions et des grâces
reçues à cette occasion. Depuis longtemps,
il rêve d'un calvaire monumental comme il en
a vu un chez les ermites du Mont-Valérien,
qui se verrait de très loin et attirerait les
foules. Il a acheté à cette intention,
un grand Christ très expressif.
A Pontchâteau, de grandes landes incultes semblent
se prêter à la réalisation de
son projet. C'est donc là qu'il le fera.
Il
en parle avec tant d'éloquence que tous les
habitants de la région s'enthousiasment. Comme
aux temps lointains des cathédrales, ils offrent
leurs bras et leurs biens. Car le Père voit
grand. Après avoir choisi la lande de la Madeleine,
d'où l'on découvre un très vaste
horizon, on commence les terrassements. Il s'agit
en effet, d'élever là, une véritable
colline, sur laquelle seront plantées les trois
croix. Les statues de Notre-Dame, de saint Jean, de
sainte Marie-Madeleine, compléteront le tableau.
L'uvre est de grande envergure ; on creuse même
des douves pour protéger des bêtes la
colline.
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Les ouvriers bénévoles arrivent, non
seulement des alentours, mais de loin
et même
de l'étranger. Des pèlerins en route
vers quelque sanctuaire s'arrêtent pour offrir
une ou plusieurs journées de travail.
On devine quel courant de vaillance, d'entraide et
de vraie charité provoque cette tâche
commune à laquelle tous se donnent de si bon
cur.
On compte jusqu'à 500 personnes travaillant
le même jour. On fait sauter les rochers gênants.
On équarrit le châtaignier le plus beau
qui doit fournir la croix de Jésus.
Tantôt
travaillant sur le chantier, tantôt quêtant
dans les fermes pour la nourriture des ouvriers, Montfort
était tout à tous. Et voilà le
jour de l'inauguration. Depuis la veille, les gens
accourent de partout pour y assister. De 10 lieues,
on voit les trois croix dominant la colline. Quelle
belle fête cela va être !
Eh bien, non ! le calvaire de Pontchâteau ne
sera pas bénit car un ordre arrive de l'évêché
qui l'interdit par suite d'une décision du
Roi.
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Que s'est-il passé ? Toujours la même
chose. Les envieux, les méchants -inspirés
par Satan- sont allés raconter que cette colline
artificielle pouvait en cas de débarquement
ennemi, être transformée en une dangereuse
forteresse ! et le roi Louis XIV a signé l'ordre
de raser le Calvaire.
« Le Seigneur a permis que je l'aie fait
faire, il permet aujourd'hui qu'il soit détruit
: que son saint Nom soit béni ! » murmure
ce pauvre Père Montfort.
Il fut démoli en effet par une compagnie de
soldats
mais reconstruit dans la suite.
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Les successeurs de Louis-Marie en sont maintenant
les gardiens, et l'on ne compte plus les conversions
qui s'y opèrent. On peut bien en attribuer
la grâce à ces quelque 20 000 ouvriers
bénévoles, qui travaillèrent
sans avoir la joie de voir leur uvre couronnée
de succès, et plus encore à Louis-Marie
qui prenait, avec le même sourire les marques
d'affections comme les plus dures humiliations.
Jamais son cur ne se ferma. Le voici se dépensant
sans compter dans la grande inondation de Nantes
fin 1710.
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On craint d'affronter la violence du courant et
les malheureux sinistrés risquent de rester
sans secours dans leurs maisons isolées par
les eaux. Avec Montfort dans la barque, on se rassure.
« Vous ne mourrez pas, » dit-il
hardiment aux bateliers, « suivez-moi
»
Et le sauvetage se fait sans accident.
Trouvant un jour des ouvriers et des soldats qui
se battent sauvagement à propos de jeu, il
se jette entre eux, les sépare, et démolit
d'un grand coup de pied la table de jeu. Les soldats
lui en demandent le remboursement.
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Evidemment, le prêtre est sans argent. Ils
l'arrêtent donc et prétendent le conduire
en prison. Radieux, Montfort prend la tête
et mène bon train, récitant tout haut
le chapelet.
Un de ses amis, rencontrant le cortège, le
fit aussitôt délivrer à sa grande
déception :
« Mon contentement aurait été
parfait si j'avais eu le bonheur d'être emprisonné
pour Jésus-Christ, » dit-il joyeusement.
Invité à aller missionner dans le
diocèse de La Rochelle, voilà Louis-Marie
à La Garnache.
On l'attend à l'église où il
y a foule.
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Comme il ne paraît pas, on envoie l'enfant
de chur le chercher. Et le petit revient bientôt
tout éberlué, disant :
« Je l'ai appelé, il n'a pas
répondu. Il est à parler avec une
belle dame blanche qui est en l'air. »
Dieu permettait à nouveau qu'on puisse constater
en quelles relations d'intimité il était
avec « sa bonne Mère » du Ciel
qui le visitait souvent. La mission fut magnifique
: tous les vrais chrétiens s'y engagèrent
à nourrir chacun un pauvre.
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Village après village, toujours bâton
en main, Louis-Marie, et ses compagnons, arrivent
bientôt à La Rochelle. C'était
un fief calviniste, et d'après la réputation
du saint prêtre, on s'attendait à de
brillantes discussions au cours desquelles serait
réfutée la doctrine protestante.
Ce n'est pas la manière de Montfort. Il prêche
le rosaire et encore le rosaire, encourageant les
gens à prier davantage, car la prière
vient plus facilement à bout de "l'hérésie"
que toutes les savantes discussions. |
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Ne voulant pas laisser aux Protestants le monopole
du respect à l'égard de la Bible,
l'idée lui vient d'organiser une procession
où, sous le dais, à la place de l'ostensoir,
un prêtre porterait respectueusement le Livre
saint que tous les fidèles pourraient ainsi
vénérer.
Cette procession se déroula comme prévu
et fit une forte impression sur tous ceux qui y
participèrent ou la virent passer.
Bien des hésitants revinrent à la
foi catholique.
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