Louis-Marie
Grignion de Montfort…

 

 

Saint-Laurent-Sur-Sèvre : une petite ville comme beaucoup d'autres ? Non, une petite ville très particulière et qu'on ne peut guère comparer à d'autres.
Une ville qui semble comme recueillie dans la contemplation de ce qui s'est passé chez elle. Une ville où l'on respire un air plus léger, où vibre à tout instant la sonnerie de quelque cloche, un air où semble flotter toujours un Ave Maria.
Saint-Laurent-sur-Sèvre, ? Une ville sainte ?
Le voyageur qui ne saurait rien, serait surpris de voir s'élever vers le ciel de ce bourg vendéen, plusieurs clochers. Celui de l'église paroissiale, d'abord, qui a la solennité d'une basilique. Puis la fine pointe ajourée qui domine et signale au loin l'admirable chapelle de la Maison Mère de ses chères Sœurs jadis en habit gris et cornette blanche, qu'on rencontre partout où il y a à soulager, à instruire, à aimer, et qu'on appelle les Filles de la Sagesse.
Une tour carrée de fort belle allure, constituant le centre, est vraiment l'âme d'un harmonieux ensemble de bâtiments groupés sous le vocable de « Pensionnat Saint-Gabriel ». Là, onze cents garçons se préparent à leur vie d'homme, instruits et guidés par des maîtres qui les comprennent et qu'ils aiment : les Frères de Saint-Gabriel.
Ces religieux, qui se distinguaient jadis par leur rabat bleu et blanc, sont familièrement connus dans les paroisses, les pensionnats et les institutions de sourds-muets et d'aveugles.

D'une colline avoisinante on découvre encore un autre clocher et une grande et massive maison qui est celle des Pères et des Frères de la Compagnie de Marie. On les appelle aussi « Missionnaires Montfortains ». Et voilà qui nous explique cet aspect spécial de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
C'est là en effet qu'est venu mourir, en plein travail missionnaire, un homme extraordinaire encore que très simple, un homme qui a fait de toute sa vie un don total et sans cesse renouvelé à Jésus par Marie, un homme qui a converti par sa parole et par son exemple des milliers de ses semblables : saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

C'est à cause de cet homme, de ce saint, que la tranquille petite ville de Saint-Laurent voit déferler vers elle de grands pèlerinages, qui viennent de toute la France et aussi de l'étranger.
C'est à cause de lui que se sont fixés à Saint-Laurent (pour rayonner de là dans le monde entier), ceux qui le font revivre dans les formes d'apostolat qui lui furent si chères : les Missionnaires Montfortains, les Filles de la Sagesse, et plus tard les Frères de Saint-Gabriel, autrefois dits du Saint-Esprit.

Si la Vendée possède son tombeau, Louis Grignion est né en Bretagne, à Montfort-sur-Meu, le 31 janvier 1673. Ses parents avaient perdu peu de temps auparavant leur premier enfant, mort à cinq mois. Louis sera donc l'aîné de cette nombreuse famille qui comprendra en tout huit garçons et dix filles.
Son père est avocat au bailliage de Montfort, profession qui ne lui procure pas les ressources nécessaires pour son foyer.

Il devra bientôt s'installer à la campagne, où les produits de la terre aideront toute la maisonnée à vivre. De tempérament coléreux et violent, Jean-Baptiste Grignion n'est pas un père commode, et le petit Louis verra souvent pleurer sa maman.
Celle-ci, qui s'appelait Jeanne, élevait ses enfants du mieux qu'elle pouvait, malgré toutes les difficultés causées par la pauvreté où l'on se débattait souvent.

Louis naissait dans un foyer chrétien, et c'est dès le lendemain de sa naissance qu'on le porte à l'église Saint-Jean, sa paroisse, où le baptême le fait fils de Dieu.
On le met rapidement en nourrice chez « la mère André », une bonne fermière des environs. De ses débuts dans la vie en pleine campagne, Louis gardera l'amour de la nature et de la solitude où l'on trouve plus facilement le Seigneur que dans le tumulte des villes.

Cet attrait se développera lorsque, avec tous les siens, il habitera bientôt cette maison du « Bois-Marquer », sur la paroisse d'Iffendic, où la famille Grignion se transportera.
C'est son propre père qui lui donna, semble-t-il, les premiers éléments d'instruction. Et dès ce moment, Louis apparaît comme un enfant spécialement doué et très courageux. Il étudie avec une grande ardeur et manifeste beaucoup d'intelligence.

Surtout, on voit déjà en lui les signes de ce qui sera vraiment la marque de sa vie : un esprit missionnaire très développé.
Même lorsque, tout petit encore, il s'essaye à consoler sa maman des vivacités paternelles il le fait avec des paroles et des arguments qu'on n'aurait pas attendus d'un si jeune enfant, et qui montrent que déjà, comme dit un de ses biographes, « l'esprit de Dieu les lui mettait dans la bouche ».

Il aime ses parents, surtout sa mère. Il aime aussi tendrement ses frères et sœurs, surtout Louise-Guyonne. Il l'entraîne parfois à l'écart pour dire avec elle le chapelet. Et, si la petite hésite un peu à laisser ses jeux, il lui fait de petits cadeaux pour la décider, et lui dit d'un ton convaincant : « Vous* serez toute belle et tout le monde vous aimera, si vous aimez bien le Bon Dieu. » C'est déjà l'apôtre, le missionnaire qui parle.
*A cette époque, même les frères et sœurs ne se tutoyaient pas. mettre en plus petit.

Ce n'est pas au cours des années qu'il acquerra envers la sainte Vierge cet amour extraordinaire qui le place dans les tout premiers rangs des amis de Notre Dame. C'est dès son enfance que le cœur de Louis est comme naturellement tourné vers Marie. Tout ce qui parle d'elle : récits, statues au coin des rues, pèlerinages, le ravit.
Il a déjà, tout jeune, l'habitude d'appeler Notre Dame, sa « bonne mère ».
 

Il ne la prie pas seulement à des moments déterminés, il la rend comme présente à toute sa vie, à tout ce qu'il pense et fait. Il s'adresse à elle avec une simplicité enfantine, lui demandant vraiment tout ce dont il a besoin, dans le domaine temporel comme dans le spirituel.
Mais plus que cela : il parle d'elle sans cesse à ses frères et sœurs ; il est pour tous un chef qui entraîne, par sa parole et par son exemple, vers Jésus par Marie.

 
 
Louis-Marie
 
Grignion de Montfort…