Diables & démons…

 


Quel avenir pour l'exorcisme ?…

 

 

   

Une réforme en cours…

Toutefois, des exorcistes expérimentés ont des regrets. Ils n'ont aucune opposition à ce qu'on adapte le rituel et ses consignes aux données médicales ou psychiatriques ou psychologiques modernes. Eux-mêmes travaillent en collaboration scientifique avec des médecins de haut niveau, mais capables d'un dialogue ouvert au spirituel…





Certes, la Congrégation du Culte Divin est parfaitement compétente pour la liturgie, mais sans expérience propre dans le domaine très particulier des exorcismes…




Quand c'est possible, ils préfèrent administrer des exorcismes dans une église ou une chapelle ; […] Mais le curé ou le supérieur du couvent refuse ce trouble et invite l'exorciste à chercher ailleurs. Certains ont été ainsi réduits à des locaux indignes. Ce fut longtemps le cas d'un exorciste de Rome, rejeté de partout, qui opérait dans un débarras, car isolé du reste du couvent… [N.d.l.r. - Il en est de même en France où un prêtre des environs de Lourdes, trop enclin à se défendre pour faire connaître l'influence des Esprits sur les humains et a fortiori des Esprits mauvais -voire sataniques- est condamné à vivre dans un presbytère délabré -sans eau chaude, ni salle de bain et chauffage dans le seul but de le faire craquer et… partir…
Le père Point, exorciste à Lourdes regrette aussi son isolement et l'attitude de ses collègues qui l'évitent et se moquent gentiment de lui en souriant face à ses propos.]


Vers une réduction…

La crainte que l'on réduise la spécificité de l'exorcisme traditionnel n'a rien de chimérique aujourd'hui, car les réformes se sont révélées réductrices à maints égards. Elles ont éliminé les exorcismes de l'eau et du sel : cela en diminue l'efficacité, selon l'expérience de nombreux prêtres. Paul VI lui-même a regretté l'amputation des exorcismes du baptêmes…]
La situation actuelle appelle donc une coopération largement ouverte de toutes les compétences…




A l'heure où les exorcistes se faisaient rares, en sorte qu'on a pu découvrir qu'un seul exorciste diocésain aux Etats-Unis et presque aucun dans plusieurs pays, l'enquête n'a suscité que peu de réponses.
[N.d.l.r. - En 1982, il était difficile à Marcelle Olivério de conseiller aux auditeurs qui appelaient SOS suicide, de leur communiquer l'adresse de prêtres exorcistes catholiques car il y avait des départements entiers où il n'y en avait pas. Elle devait conseiller soit des prêtres orthodoxes soit des prêtres de l'Eglise gallicane, ce qui lui a valu un courrier difficile de la part de l'évêché de Paris… Depuis, en catastrophe, on a recruté ces prêtres… mais dans quelles conditions pour certains…]




Première objection…
Le souci numéro un est d'éviter qu'on voit le diable partout et que les gens tout simplement anxieux, restent polarisés sur Satan de manière irresponsable.
Cette préoccupation, si elle est légitime, ne saurait être exclusive sous peine de ne jamais discerner le démon là où il agit…

Deuxième souci…
c'est de restreindre -voire d'éliminer- l'exorcisme comme « emprunt de magie » et inducteur de manifestations hystériques, donc pathologiques.
Le fait de dire : « Je t'exorcise, créature immonde » créerait l'identification du pénitent au démon et l'induirait à jouer la comédie diabolique. Ainsi, « l'exorciste ne ferait qu'alimenter la crise ». [Père Froc]




Possession…

Ainsi, le principal exorciste de Paris, le père Reymond, récemment décédé, écrivait nettement :
– « Je ne pense pas que le démon, le diable, quel qu'il soit, puisse vraiment posséder… »
Il ne prononçait pas d'exorcisme et s'en flattait.
Il ajoutait dans le même article :
« Certains nous quittent, déçus -voire même fâchés- pourquoi ? Parce que nous n'avons pas répondu à leur attente avec les moyens qu'ils escomptaient : on ne les a pas inondés d'eau bénite, on ne leur a pas fait manger du sel, on ne les a pas flagellés, on ne les a pas allongés dans la chapelle, on n'a pas poussé de grands cris… […] On a même eu l'audace de leur suggérer qu'ils auraient peut-être besoin d'une aide médicale et d'un accompagnement psychologique… […] Une petite prière à la chapelle où l'on n'a même pas invoqué saint Michel. De qui se moque-t-on ? »
Il semble ignorer que son attitude va entraîner beaucoup de ses insatisfaits vers d'autres adresses indésirables…
En définitive, la mode aujourd'hui consisterait à transformer le ministère d'exorcisme en ministère d'accueil et de conseil avec écoute, discernement et accompagnement, en évitant les rites traditionnels qui ne feraient que créer ou entretenir l'illusion diabolique… [père Froc]
Certes, tout cela est utile et judicieux, mais si le père Froc le fait avec son sens pastoral de l'accueil et sa haute compétence psychologique, il importerait que ce ministère spécifique ne soit pas réduit à cette dimension…




Vœux pieux…

– Qu'on n'exige pas une certitude de la présence du démon pour pratiquer l'exorcisme :

   
 

on n'a jamais la certitude de la présence du démon avant l'exorcisme…

 

 

   

C'est alors, en effet, que les réactions du démon donnent de nouveaux indices. « L'exorcisme a principalement valeur de diagnostique » insiste Dom Amorth.
– Qu'on ne réduise pas la possession à la psychiatrie et l'exorcisme à la magie et qu'on sache reconnaître la spécificité de la possession comme le font les médecins ouverts, même incroyants…
[N.d.l.r. - Marcelle s'est rendue à Franca, ville moyenne du Brésil. Elle a visité un hôpital psychiatrique géré bénévolement par des Spirites [qui croient aux Esprits et à leur influence sur les vivants] Dans cet hôpital, bien que spirite, plus de 400 patients envoyés là par des médecins généralistes, sont soignés par homéopathie par des médecins psychiatres rémunérés par l'Etat. Mais, ouverts, ils cohabitent avec les médiums et autres thérapeutes. La direction disait que plus de 35 % des patients quittaient l'hôpital, guéris à la suite de passes magnétiques (qu'ils sont libres d'accepter ou pas) et prières car ils étaient, en fait infestés par des Esprits mauvais ou vengeurs… et quand ils avaient réussi à faire comprendre à ces Esprits parasites qu'il fallait arrêter de perturber ces êtres fragilisés, les patients retrouvaient la santé…]




Réaction des fidèles…

••• Désarroi des uns…
Dans le climat de doute et d'agnosticisme actuel, nombre de chrétiens […] restent dans un embarras parfois tragique, car on leur a enseigné le combat spirituel avec le démon. Ils en ont l'expérience, et parfois, ils ont l'impression d'être sévèrement secoués par l'adversaire, mais sans solution dans l'Eglise : soit qu'il n'y ait pas d'exorcisme dans leur diocèse ; soit que l'exorciste mette tout son zèle à rester caché ; soit encore qu'il se contente exclusivement de rassurer le patient, de le libérer de ses illusions sur l'infestation démoniaque et de l'adresser à des psychologues ou psychiatres alors qu'ils en reviennent souvent sans y avoir trouvé la solution…

••• Opposition des autres…
Un exorciste officiel -qui n'exorcisait jamais- faisait régulièrement des conférences. Des chrétiens troublés par cet enseignement, mais soucieux d'éviter toute protestation ou polémique, se concertèrent sur les moyens de l'en dissuader. Au terme d'une nouvelle conférence, l'un d'eux posa candidement la question :
– « Nous vous remercions, mon père, de nous faire comprendre qu'il ne faut plus croire au démon aujourd'hui. Mais j'ai encore une question : peut-on encore croire en Dieu ? »
Le rire libératoire qui salua la question dans une atmosphère tendue persuada l'exorciste de ne plus donner de conférence…




Comment suppléer aux carences actuelles ?…

Un des effets regrettables de la carence actuelle, c'est que beaucoup de catholiques, en mal de solution, s'adressent de plus en plus à des exorcistes orthodoxes, gallicans, vieux catholiques, protestants, pentecôtistes, sans parler des membres de sectes… Il en est de même en Italie où il y a plus d'exorcistes qu'en France…




D'autres encore s'adressent à des désenvoûteurs qui les enfoncent dans la magie et la crédulité, au détriment de leur bourse…




Les charismatiques…

D'autres couches chrétiennes ont réagi de manière positive à cette carence ; il s'agit principalement des charismatiques. Sensibles au spirituel, soucieux de problèmes, soucieux de problèmes sans solution, ils recherchent des remèdes par des prières de délivrance improvisées ou empruntées à la Tradition chrétienne. Ce mouvement spontané, stoppé en France par la prudence du cardinal Suenens, s'est développé en Amérique et ailleurs. Ce n'était pas sans risque car il y a pu avoir des excès.
Dans les années 70, j'ai invité à plus de modération et de discernement des éléments fervents du Québec, et ces chrétiens fidèles ont su accueillir mes conseils exigeants.
Les excès momentanés ont été spontanément corrigés.




En réponse à mon enquête auprès d'une trentaine d'exorcistes, la plupart se révélèrent favorables à l'action discrète et prudente des charismatiques qu'ils connaissaient. Ils lui attribuaient le double mérite de prévenir ou de résoudre des cas mineurs et de préparer l'intervention de l'exorciste auquel ils savent s'adresser pour les cas extraordinaires.
[N.d.l.r. - L'abbé semble oublier la parution d'un livre intitulé : « Les nouvelles sectes » préfacé par l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray primât des Gaules, et qui mettait en garde contre ces… sectes, qu'on a appelé ensuite "communautés" quand elles ont réintégré le giron de l'Eglise catholique… Mais que dire de l'une d'entre elle qui s'appelait « Communauté du lion de Juda et de l'agneau immolé » -nom inspiré par l'Esprit saint en personne- et qui, après avoir eu quelques ennuis suite à des constructions sorties de terre sans permis de construire, dans un village historique protégé, a de nouveau reçu "l'inspiration" : l'Esprit-Saint leur ayant demandé de changer de nom et de s'appeler : « Les Béatitudes » ? Que dire de "communautés" dont les membres, en transe, parlent en langue (c'est-à-dire incompréhensible par tous ; NON, seulement par le Berger qui… traduit le langage de l'Esprit !) Quelle crédulité faut-il apporter à ces pratiques ?… Quand les apôtres ont parlé "en langue" ils parlaient des dialectes qu'ils ne connaissaient pas eux-mêmes mais que d'autres comprenaient, et ce n'était pas du charabia, un galimatias, ce n'était pas un flot d'onomatopées incompréhensibles…
Combien Marcelle Olivério a-t-elle reçu de lettres -presque de menaces- lui demandant de rejoindre ces groupes, qui la libéreraient de Satan car il pouvait se cacher sous l'appellation de l'archange Raphaël ; que les messages contenus dans son livre « Ephphata » étaient sataniques malgré les apparences… Combien de fois n'avons-nous pas entendu les groupes charismatiques à Lourdes dire, à notre passage : « Attention, voilà Ephphata, les adeptes de Satan !… » parce que nous distribuions des prospectus qu'ils s'empressaient de retirer des pare-brises et de jeter dans le gave de Pau à l'entrée du sanctuaire…
Un jour, devant témoins, un petit groupe de charismatique a voulu jeter une amie qui distribuait ses prospectus… dans le gave. Et c'est un groupe de pèlerins de Saint-Etienne qui les en ont empêchés…
Il est étrange de voir comment ces groupes, un temps rejetés comme sectes par l'Eglise catholique sont aujourd'hui presque fascination pour certains… Les groupes charismatiques, avenir de l'Eglise catholique ? Nous ne le croyons pas !… mais cela n'engage que nous…]




Ce mouvement spontané ne fait que réitérer ce qui s'est passé au début de l'Eglise. Les larges besoins de la communauté et le précepte du Christ suscitaient des exorcismes alors non réglementés, ni limités… Les douze eux-mêmes ont exorcisé avant d'avoir été ordonnés à la dernière cène et nombre des soixante-douze ne l'ont jamais été.




Quand l'Eglise est vivante, les besoins fonctionnels créent leurs organes, en cas de carence…

   
 






Satan et les médias…

 

 

   

En France, la situation est ambiguë. En 1985, l'orientation, largement ouverte, changea. Mgr Gaidon, avec ouverture et compréhension, admit et partagea les réunions privées -véritable lieu d'échanges pluralistes- auxquelles assistaient les exorcistes. Un de ses successeurs y mit fin le 1er septembre 1989.
Le nouveau modérateur, le père Floc -aumônier d'hôpital- mit toute l'insistance sur la psychiatrie, avec tendance à réduire la possession à un phénomène psychologique et à dissuader la pratique de l'exorcisme comme induisant la possession pour y substituer un « ministère d'accueil ».




Plusieurs exorcistes furent éliminés ces dernières années… En même temps, on fit nommer près de 70 exorcistes dans les diocèses français qui, pour la plupart, n'en avaient pas. Ils étaient formés dans le sens critique d'un ministère d'accueil sans exorcisme…
De là, l'ambiguïté constante des médias en écho à ces deux phases de la nouvelle orientation…

Les journaux titraient :

Libération…
       – « Un exorciste pour chaque diocèse » ;
       – « Satan est de retour »
Le Figaro…
       – « SOS diable »
Le Point…
       – « Le Retour du diable »
Le Matin…
       – « Satan n'a pas rendu l'âme »
Le Nouvel Observateur…
       – « La résurrection de Lucifer »
Le Crapouillot…
       – « Le diable est de retour… »
Ouest-France…
       – « Les exorcistes sortent de l'ombre » ;
Femme Actuelle…
       – « La lutte des prêtres exorcistes contre le démon » ;
Télé 7 Jours…
– « 47 prêtres s'associent contre le démon ».


Mais les exorcistes interviewés inspirent des titres contraires :

Télé 7 Jours…
       – « En 25 ans, je n'ai vu aucun cas de possession » nous dit l'exorciste mandaté en Bourgogne. « Moins de magie, et beaucoup de temps gagné. »
L'Evénement du Jeudi…
       – « Satan ? Connais pas. L'abbé Floc lit plus volontiers Freud que les démonologues. »
France-Soir…
       – « Des cas très rares en France ; 99 % sont des malades… »
Spiritus…
       – « Je ne pense pas que le démon, le diable quel qu'il soit […] puisse vraiment posséder » disait le principal exorciste de Paris, l'abbé Reymond.




Le Jour du Seigneur…
Dans cette même ligne, et plus radicalement, l'émission de télévision catholique « Le Jour du Seigneur » en date du 2 octobre 1994, consacrée au démon, avait convoqué des théologiens choisis parmi ceux qui mettent en doute l'existence du démon. L'émission était illustrée par un caricaturiste agnostique de « Charlie Hebdo » partisan délibéré du tout psychologique dont le point de vue s'imposa. Lorsque l'animateur posa la question : « Mais enfin, parmi vous, qui croit au démon ? » le psychanalyste seul répondit : « Bien sûr, j'y crois. » et il précisait : « Je crois à la priorité du Mal et de la haine dans l'esprit humain. »




Le nouvel évêque responsable du groupe français des exorcistes étant le neveu de Mgr. Saudreau qui fut exorciste d'Angers et qui avait publié un livre sur le sujet, a favorisé le retour à l'équilibre des deux tendances : traditionnelle et critique. Il a réaffirmé l'existence du démon
Un autre évêque, Mgr. Saint-Gaudens qui a restauré l'exorcisme dans son diocèse et exorcise lui-même, apporte au débat une expérience fondée…




La fonction d'exorciste, inaugurée et fondée par le Christ est imprescriptible. Elle reste actuelle.




Conclusion…

Les scientistes rationalistes estimaient que le progrès triomphant ouvrait une ère de paix qui rendrait inutile toute armée. Certains théologiens pensent de même pour le combat spirituel. La survivance du démon leur paraît une survivance de l'obscurantisme… Or, selon l'enseignement même du Christ, le combat contre les puissances des ténèbres durera jusqu'à la fin du monde…

   
   

 

   
   

Diables & démons…