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Diables
& démons
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Quel
avenir pour l'exorcisme ?
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Une
réforme en cours
Toutefois, des exorcistes expérimentés ont
des regrets. Ils n'ont aucune opposition à ce qu'on
adapte le rituel et ses consignes aux données médicales
ou psychiatriques ou psychologiques modernes. Eux-mêmes
travaillent en collaboration scientifique avec des médecins
de haut niveau, mais capables d'un dialogue ouvert au spirituel
Certes, la Congrégation du Culte Divin est parfaitement
compétente pour la liturgie, mais sans expérience
propre dans le domaine très particulier des exorcismes
Quand c'est possible, ils préfèrent administrer
des exorcismes dans une église ou une chapelle ;
[
] Mais le curé ou le supérieur du couvent
refuse ce trouble et invite l'exorciste à chercher
ailleurs. Certains ont été ainsi réduits
à des locaux indignes. Ce fut longtemps le cas d'un
exorciste de Rome, rejeté de partout, qui opérait
dans un débarras, car isolé du reste du couvent
[N.d.l.r. - Il en est de même en France où
un prêtre des environs de Lourdes, trop enclin à
se défendre pour faire connaître l'influence
des Esprits sur les humains et a fortiori des Esprits mauvais
-voire sataniques- est condamné à vivre dans
un presbytère délabré -sans eau chaude,
ni salle de bain et chauffage dans le seul but de le faire
craquer et
partir
Le père Point, exorciste à Lourdes regrette
aussi son isolement et l'attitude de ses collègues
qui l'évitent et se moquent gentiment de lui en souriant
face à ses propos.]
Vers une réduction
La crainte que l'on réduise la spécificité
de l'exorcisme traditionnel n'a rien de chimérique
aujourd'hui, car les réformes se sont révélées
réductrices à maints égards. Elles
ont éliminé les exorcismes de l'eau et du
sel : cela en diminue l'efficacité, selon l'expérience
de nombreux prêtres. Paul VI lui-même a regretté
l'amputation des exorcismes du baptêmes
]
La situation actuelle appelle donc une coopération
largement ouverte de toutes les compétences
A l'heure où les exorcistes se faisaient rares, en
sorte qu'on a pu découvrir qu'un seul exorciste diocésain
aux Etats-Unis et presque aucun dans plusieurs pays, l'enquête
n'a suscité que peu de réponses.
[N.d.l.r. - En 1982, il était difficile à
Marcelle Olivério de conseiller aux auditeurs qui
appelaient SOS suicide, de leur communiquer l'adresse de
prêtres exorcistes catholiques car il y avait des
départements entiers où il n'y en avait pas.
Elle devait conseiller soit des prêtres orthodoxes
soit des prêtres de l'Eglise gallicane, ce qui lui
a valu un courrier difficile de la part de l'évêché
de Paris
Depuis, en catastrophe, on a recruté
ces prêtres
mais dans quelles conditions pour
certains
]
Première objection
Le souci numéro
un est d'éviter qu'on voit le diable partout et que
les gens tout simplement anxieux, restent polarisés
sur Satan de manière irresponsable.
Cette préoccupation, si elle est légitime,
ne saurait être exclusive sous peine de ne jamais
discerner le démon là où il agit
Deuxième souci
c'est de restreindre
-voire d'éliminer- l'exorcisme comme « emprunt
de magie » et inducteur de manifestations hystériques,
donc pathologiques.
Le fait de dire : « Je t'exorcise, créature
immonde » créerait l'identification du pénitent
au démon et l'induirait à jouer la comédie
diabolique. Ainsi, « l'exorciste ne ferait qu'alimenter
la crise ». [Père Froc]
Possession
Ainsi, le principal exorciste de Paris, le père Reymond,
récemment décédé, écrivait
nettement :
« Je ne pense pas que le démon, le diable,
quel qu'il soit, puisse vraiment posséder
»
Il ne prononçait pas d'exorcisme et s'en flattait.
Il ajoutait dans le même article :
« Certains nous quittent, déçus -voire
même fâchés- pourquoi ? Parce que nous
n'avons pas répondu à leur attente avec les
moyens qu'ils escomptaient : on ne les a pas inondés
d'eau bénite, on ne leur a pas fait manger du sel,
on ne les a pas flagellés, on ne les a pas allongés
dans la chapelle, on n'a pas poussé de grands cris
[
] On a même eu l'audace de leur suggérer
qu'ils auraient peut-être besoin d'une aide médicale
et d'un accompagnement psychologique
[
] Une
petite prière à la chapelle où l'on
n'a même pas invoqué saint Michel. De qui se
moque-t-on ? »
Il semble ignorer que son attitude va entraîner beaucoup
de ses insatisfaits vers d'autres adresses indésirables
En définitive, la mode aujourd'hui consisterait à
transformer le ministère d'exorcisme en ministère
d'accueil et de conseil avec écoute, discernement
et accompagnement, en évitant les rites traditionnels
qui ne feraient que créer ou entretenir l'illusion
diabolique
[père Froc]
Certes, tout cela est utile et judicieux, mais si le père
Froc le fait avec son sens pastoral de l'accueil et sa haute
compétence psychologique, il importerait que ce ministère
spécifique ne soit pas réduit à cette
dimension
Vux
pieux
Qu'on n'exige pas une certitude de la présence
du démon pour pratiquer l'exorcisme :
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on
n'a jamais la certitude de la présence du démon
avant l'exorcisme
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C'est
alors, en effet, que les réactions du démon
donnent de nouveaux indices. « L'exorcisme a principalement
valeur de diagnostique » insiste Dom Amorth.
Qu'on ne réduise pas la possession à
la psychiatrie et l'exorcisme à la magie et qu'on
sache reconnaître la spécificité de
la possession comme le font les médecins ouverts,
même incroyants
[N.d.l.r. - Marcelle s'est rendue à Franca, ville
moyenne du Brésil. Elle a visité un hôpital
psychiatrique géré bénévolement
par des Spirites [qui croient aux Esprits et à leur
influence sur les vivants] Dans cet hôpital, bien
que spirite, plus de 400 patients envoyés là
par des médecins généralistes, sont
soignés par homéopathie par des médecins
psychiatres rémunérés par l'Etat. Mais,
ouverts, ils cohabitent avec les médiums et autres
thérapeutes. La direction disait que plus de 35 %
des patients quittaient l'hôpital, guéris à
la suite de passes magnétiques (qu'ils sont libres
d'accepter ou pas) et prières car ils étaient,
en fait infestés par des Esprits mauvais ou vengeurs
et quand ils avaient réussi à faire comprendre
à ces Esprits parasites qu'il fallait arrêter
de perturber ces êtres fragilisés, les patients
retrouvaient la santé
]
Réaction des fidèles
Désarroi des uns
Dans le climat de doute et d'agnosticisme actuel, nombre
de chrétiens [
] restent dans un embarras parfois
tragique, car on leur a enseigné le combat spirituel
avec le démon. Ils en ont l'expérience, et
parfois, ils ont l'impression d'être sévèrement
secoués par l'adversaire, mais sans solution dans
l'Eglise : soit qu'il n'y ait pas d'exorcisme dans leur
diocèse ; soit que l'exorciste mette tout son zèle
à rester caché ; soit encore qu'il se contente
exclusivement de rassurer le patient, de le libérer
de ses illusions sur l'infestation démoniaque et
de l'adresser à des psychologues ou psychiatres alors
qu'ils en reviennent souvent sans y avoir trouvé
la solution
Opposition des autres
Un exorciste officiel -qui n'exorcisait jamais- faisait
régulièrement des conférences. Des
chrétiens troublés par cet enseignement, mais
soucieux d'éviter toute protestation ou polémique,
se concertèrent sur les moyens de l'en dissuader.
Au terme d'une nouvelle conférence, l'un d'eux posa
candidement la question :
« Nous vous remercions, mon père, de
nous faire comprendre qu'il ne faut plus croire au démon
aujourd'hui. Mais j'ai encore une question : peut-on encore
croire en Dieu ? »
Le rire libératoire qui salua la question dans une
atmosphère tendue persuada l'exorciste de ne plus
donner de conférence
Comment suppléer aux carences actuelles ?
Un des effets regrettables de la carence actuelle, c'est
que beaucoup de catholiques, en mal de solution, s'adressent
de plus en plus à des exorcistes orthodoxes, gallicans,
vieux catholiques, protestants, pentecôtistes, sans
parler des membres de sectes
Il en est de même
en Italie où il y a plus d'exorcistes qu'en France
D'autres
encore s'adressent à des désenvoûteurs
qui les enfoncent dans la magie et la crédulité,
au détriment de leur bourse
Les charismatiques
D'autres couches chrétiennes ont réagi de
manière positive à cette carence ; il
s'agit principalement des charismatiques. Sensibles au spirituel,
soucieux de problèmes, soucieux de problèmes
sans solution, ils recherchent des remèdes par des
prières de délivrance improvisées ou
empruntées à la Tradition chrétienne.
Ce mouvement spontané, stoppé en France par
la prudence du cardinal Suenens, s'est développé
en Amérique et ailleurs. Ce n'était pas sans
risque car il y a pu avoir des excès.
Dans les années 70, j'ai invité à plus
de modération et de discernement des éléments
fervents du Québec, et ces chrétiens fidèles
ont su accueillir mes conseils exigeants.
Les excès momentanés ont été
spontanément corrigés.
En réponse à mon enquête auprès
d'une trentaine d'exorcistes, la plupart se révélèrent
favorables à l'action discrète et prudente
des charismatiques qu'ils connaissaient. Ils lui attribuaient
le double mérite de prévenir ou de résoudre
des cas mineurs et de préparer l'intervention de
l'exorciste auquel ils savent s'adresser pour les cas extraordinaires.
[N.d.l.r. - L'abbé semble oublier la parution d'un
livre intitulé : « Les nouvelles sectes »
préfacé par l'archevêque de Lyon, Monseigneur
Decourtray primât des Gaules, et qui mettait en garde
contre ces
sectes, qu'on a appelé ensuite "communautés"
quand elles ont réintégré le giron
de l'Eglise catholique
Mais que dire de l'une d'entre
elle qui s'appelait « Communauté du lion
de Juda et de l'agneau immolé » -nom inspiré
par l'Esprit saint en personne- et qui, après avoir
eu quelques ennuis suite à des constructions sorties
de terre sans permis de construire, dans un village historique
protégé, a de nouveau reçu "l'inspiration"
: l'Esprit-Saint leur ayant demandé de changer de
nom et de s'appeler : « Les Béatitudes » ?
Que dire de "communautés" dont les membres,
en transe, parlent en langue (c'est-à-dire incompréhensible
par tous ; NON, seulement par le Berger qui
traduit
le langage de l'Esprit !) Quelle crédulité
faut-il apporter à ces pratiques ?
Quand les
apôtres ont parlé "en langue" ils
parlaient des dialectes qu'ils ne connaissaient pas eux-mêmes
mais que d'autres comprenaient, et ce n'était pas
du charabia, un galimatias, ce n'était pas un flot
d'onomatopées incompréhensibles
Combien Marcelle Olivério a-t-elle reçu de
lettres -presque de menaces- lui demandant de rejoindre
ces groupes, qui la libéreraient de Satan car il
pouvait se cacher sous l'appellation de l'archange Raphaël
; que les messages contenus dans son livre « Ephphata
» étaient sataniques malgré les apparences
Combien de fois n'avons-nous pas entendu les groupes charismatiques
à Lourdes dire, à notre passage : «
Attention, voilà Ephphata, les adeptes de Satan !
» parce que nous distribuions des prospectus qu'ils
s'empressaient de retirer des pare-brises et de jeter dans
le gave de Pau à l'entrée du sanctuaire
Un jour, devant témoins, un petit groupe de charismatique
a voulu jeter une amie qui distribuait ses prospectus
dans le gave. Et c'est un groupe de pèlerins de Saint-Etienne
qui les en ont empêchés
Il est étrange de voir comment ces groupes, un temps
rejetés comme sectes par l'Eglise catholique sont
aujourd'hui presque fascination pour certains
Les
groupes charismatiques, avenir de l'Eglise catholique ?
Nous ne le croyons pas !
mais cela n'engage que nous
]
Ce mouvement spontané ne fait que réitérer
ce qui s'est passé au début de l'Eglise. Les
larges besoins de la communauté et le précepte
du Christ suscitaient des exorcismes alors non réglementés,
ni limités
Les douze eux-mêmes ont exorcisé
avant d'avoir été ordonnés à
la dernière cène et nombre des soixante-douze
ne l'ont jamais été.
Quand l'Eglise est vivante, les besoins fonctionnels créent
leurs organes, en cas de carence
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Satan
et les médias
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En
France, la situation est ambiguë. En 1985, l'orientation,
largement ouverte, changea. Mgr Gaidon, avec ouverture et
compréhension, admit et partagea les réunions
privées -véritable lieu d'échanges
pluralistes- auxquelles assistaient les exorcistes. Un de
ses successeurs y mit fin le 1er septembre 1989.
Le nouveau modérateur, le père Floc -aumônier
d'hôpital- mit toute l'insistance sur la psychiatrie,
avec tendance à réduire la possession à
un phénomène psychologique et à dissuader
la pratique de l'exorcisme comme induisant la possession
pour y substituer un « ministère d'accueil ».
Plusieurs exorcistes furent éliminés ces dernières
années
En même temps, on fit nommer près
de 70 exorcistes dans les diocèses français
qui, pour la plupart, n'en avaient pas. Ils étaient
formés dans le sens critique d'un ministère
d'accueil sans exorcisme
De là, l'ambiguïté constante des médias
en écho à ces deux phases de la nouvelle orientation
Les journaux titraient :
Libération
«
Un exorciste pour chaque diocèse » ;
«
Satan est de retour »
Le Figaro
«
SOS diable »
Le Point
«
Le Retour du diable »
Le Matin
«
Satan n'a pas rendu l'âme »
Le Nouvel Observateur
«
La résurrection de Lucifer »
Le Crapouillot
«
Le diable est de retour
»
Ouest-France
«
Les exorcistes sortent de l'ombre » ;
Femme Actuelle
«
La lutte des prêtres exorcistes contre le démon
» ;
Télé 7 Jours
« 47 prêtres s'associent contre le démon
».
Mais les exorcistes interviewés inspirent des titres
contraires :
Télé 7 Jours
«
En 25 ans, je n'ai vu aucun cas de possession » nous
dit l'exorciste mandaté en Bourgogne. « Moins
de magie, et beaucoup de temps gagné. »
L'Evénement du Jeudi
«
Satan ? Connais pas. L'abbé Floc lit plus volontiers
Freud que les démonologues. »
France-Soir
«
Des cas très rares en France ; 99 % sont des malades
»
Spiritus
«
Je ne pense pas que le démon, le diable quel qu'il
soit [
] puisse vraiment posséder » disait
le principal exorciste de Paris, l'abbé Reymond.
Le Jour du Seigneur
Dans cette même ligne, et plus radicalement, l'émission
de télévision catholique « Le Jour du
Seigneur » en date du 2 octobre 1994, consacrée
au démon, avait convoqué des théologiens
choisis parmi ceux qui mettent en doute l'existence du démon.
L'émission était illustrée par un caricaturiste
agnostique de « Charlie Hebdo » partisan délibéré
du tout psychologique dont le point de vue s'imposa. Lorsque
l'animateur posa la question : « Mais enfin, parmi
vous, qui croit au démon ? » le psychanalyste
seul répondit : « Bien sûr, j'y crois.
» et il précisait : « Je crois à
la priorité du Mal et de la haine dans l'esprit humain.
»
Le nouvel évêque responsable du groupe français
des exorcistes étant le neveu de Mgr. Saudreau qui
fut exorciste d'Angers et qui avait publié un livre
sur le sujet, a favorisé le retour à l'équilibre
des deux tendances : traditionnelle et critique. Il a réaffirmé
l'existence du démon
Un autre évêque, Mgr. Saint-Gaudens qui a restauré
l'exorcisme dans son diocèse et exorcise lui-même,
apporte au débat une expérience fondée
La fonction d'exorciste, inaugurée et fondée
par le Christ est imprescriptible. Elle reste actuelle.
Conclusion
Les scientistes rationalistes estimaient que le progrès
triomphant ouvrait une ère de paix qui rendrait inutile
toute armée. Certains théologiens pensent
de même pour le combat spirituel. La survivance du
démon leur paraît une survivance de l'obscurantisme
Or, selon l'enseignement même du Christ, le combat
contre les puissances des ténèbres durera
jusqu'à la fin du monde
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Diables
& démons
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