Au-delà du mythe…



 


Diables & démons…

 

Le démon est un signe de contradiction. Autrefois, il suscitait la crainte et hantait les cauchemars. Aujourd’hui, c’est un mythe pour l’intelligentsia, même croyante.

 

 

   


Le retour du diable…

Et pourtant, « il revient » constatent les médias. Curieusement, les publicités font miroiter « train d’enfer » et « Beauté du diable » pour reprendre une formule de Baudelaire. Beaucoup cherchent à capter cette puissance occulte pour leur réussite en amour, en argent ou en pouvoir, certains s’en vantent jusque sur nos antennes de télévision. Eglises et sectes sataniques se multiplient




Les démons existent-ils donc ?

– Non, selon la culture prédominante. Ce n’est qu’un produit de notre psychologie. Les théologiens dans le vent -voire certains exorcistes- adhèrent à ce point de vue. L’action du démon et même son existence seraient douteuses. Par ailleurs, cette croyance serait nocive, […] et la possession ne serait qu’une mise en scène hystérique suscitée par l’exorcisme même.
[…]
Ce courant influent est représenté jusqu’au niveau des évêques. En Italie, Dom Amorth, exorciste de Rome, note avoir reçu des réponses comme celles-ci :
– « Moi, c’est par principe que je ne nomme pas d’exorciste. »
– « Vous croyez donc encore à ces choses-là ? »
– « Tout cela relève de la parapsychologie… »
Selon ces opinions, le « malin » ne serait qu’une personnification du Mal diffus dans ce monde.
Satan ne serait pas quelqu’un, mais quelque chose : l’expression mythologique d’une abstraction et un alibi de notre fabrication pour éluder nos échecs en projetant sur un diablotin de service le fruit de nos erreurs irresponsables ou le jeu de malheureux hasards.




Le démon est-il symbole ou réalité ?…

La question n’est donc pas : symbole ou réalité, mais symbole et réalité. En toute hypothèse, la réalité du démon ne peut être exprimée qu’en termes symboliques s’agissant d’une réalité invisible, singulière et mystérieuse.




Adversaire de l’ombre ?…

Le démon est-il produit subjectif de notre psychologie ou un adversaire réel ? La première thèse domine aujourd’hui […] spécialement lorsqu’il s’agit d’un objet invisible.




Mal ou malin ?…

– « Le démon n’est qu’une personnification du Mal » dit-on encore. Il faut refuser ce troisième dilemme. […] Chez l'ange déchu, comme dans l'Homme pécheur, le Mal résulte d'un choix destructeur. Le Mal est donc essentiellement dans une personne qui a refusé sa destinée qui est de faire le bien. […]
Objet de foi ou de croyance ?
D'abord, le démon est marginal. Le diable n'est pas un dieu mauvais, il n'est qu'une créature de Dieu, une créature dévoyée, mutilante et auto mutilée. […] Mais le diable déchu et perturbateur sonne creux. Il cultive le Mal qui est déficience. […]




Sur le plan de la foi…

Je ne crois pas en l'Eglise (trop humaine) mais à l'Eglise…
Je ne crois au démon, je ne dois pas croire le démon.
[…]
Si Dieu prend le démon au sérieux, c'est parce qu'il leur conserve l'existence de l'autonomie dans le Bien comme dans le Mal si tel est leur choix, même quand les libertés offertes s'opposent à Lui.




Singulier ou pluriel ?…

On parle le plus souvent de l'être maléfique au singulier : le diable, le démon, Satan. Pour Satan, c'est logique, puisque c'est le nom sous lequel on désigne « le chef des démons ». Mais quand on dit « le diable » c'est bien paradoxal car il s'agit d'une multitude…
– « Légion est MON nom, car nous sommes beaucoup. » Et il le suppliait instamment de ne pas LES expulser… [Marc 5.10]
[…]
Lucifer et Satan, créatures suprêmes mais dévoyées, gardent un pouvoir hiérarchique sur l'enfer. Mais c'est une dictature écrasante, dissociante, accablante. Cela fait de l'enfer -et parfois du Monde- le champ clos d'un obscur rapport de forces […] où le plus pervers domine du fond de l'abîme, pour le règne du Mal.

Dans la confusion actuelle des esprits, il fallait situer ces paradoxes dans lesquels notre culture reste confusément enlisée.




   
 






Le démon dans l'Ancien Testament



 


Diables & démons…

 


Les Hommes ont toujours ressenti, jusqu'à ce jour, la solidarité mystérieuse de leur monde matériel avec un Au-delà invisible. Les représentations symboliques de cet Au-delà hantaient le peuple de Dieu et apparaissaient de maintes manières à travers la Bible.

 

 

   


Esprits et génies…

Dans le monde antique, il y avait tout un foisonnement d'Esprits et de Génies plus ou moins bienfaisants ou malfaisants qu'on cherchait à capter et à se concilier…
       • Asmodée : « le pire des démons » meurtrier des 7 premiers époux de Sarra…
       • Les Sedim : destinataires des sacrifices d'enfants…
       • Les se'irim : démons-boucs velus qui hantent les ruines de Babylone et d'Edom ; certaines Bibles traduisent par « satyres »
       • Lilit : démon femelle des nuits…
       • Azazel : à qui on livre le bouc émissaire…

Il y a, enfin toutes sortes d'Esprits malfaisants :
       • Quteb : démon dangereux…
       • Les Esprits mauvais…
       • Les Esprits destructeurs…
       • Les anges cruels…
       • Les anges de mort…
       • Les anges de malheur…
[N.d.l.r. - Et il y a aussi tous ces Esprits désincarnés, les "morts" qui sont en erraticité autour de la Terre qu'ils ne veulent -ou ne peuvent- quitter, car trop attachés à elle ou à ceux qui y vivent… et quelquefois juste pour se venger. Les Anciens ne disaient-ils pas qu'il ne fallait jamais souhaiter la mort à son pire ennemi, car dans l'Au-delà, ses pouvoirs sont plus forts encore…]




Exorcismes…

La religion babylonienne personnalisait ces êtres divers ; elle les exorcisait pour délivrer les personnes et les lieux par des rites magiques ou médicaux. Tel était, notamment, le cas des satyres velus. Les Hommes avaient déjà le souci de libération et de désenvoûtement qui tient encore une place considérable dans nos civilisations "évoluées". Désenvoûteurs, sorciers et magiciens sont légion aujourd'hui, et leurs professions sont parfois lucratives…




Epuration…

La Révélation biblique interdisait de reconnaître tout autre dieu que Yahvé…
– « Tu n'auras pas d'autres Dieu que Moi…
Tu ne feras aucune image sculptée, aucun culte concurrent à celui du Dieu invisible… »

En même temps, prophètes et psalmistes découvrent peu à peu leur avenir éternel en Dieu. Ils découvrent la prière. Le psalmiste, fidèle à Dieu, n'en profite pas : il est victime des injustices de ce monde, et moqué par les méchants : les riches, les gras, les triomphants…




Hésitations et tâtonnements…

Cette décantation n'alla pas sans tâtonnements ou confusions. C'est la loi constante de notre recherche quotidienne de Dieu jusqu'à ce jour. Les ambiguïtés humaines ne seront dépassées que dans l'éternité. Ces tâtonnements ne vont pas sans interférences et courts-circuits. Elle en fait parfois l'auteur des maux qui surviennent sur la Terre. Elle y voit des châtiments. […] Ils voient des châtiments là ou la liberté des pécheurs provoque leur autodestruction.
En toute autonomie, les humains bâtissent ou détruisent leur vie. Si l'alcoolisme souffre d'une cirrhose du foie, ce n'est pas Dieu qui lui inflige cette maladie : c'est l'alcool dont il s'est "librement" imprégné. De même pour le SIDA et autres MST, propagés par la dégradation des mœurs humaines… […]




Diables ou démons ?… C'est comme on veut !.

Ce nom propre : Satan, est formé du verbe hébreu qui signifie : attaquer. Il est l'accusateur et l'adversaire du peuple de Dieu.
– « Le Seigneur me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait devant l'ange de Yahvé, tandis que Satan était debout à sa droite pour l'accuser… »
[…]
Dans le livre de Job, Satan, l'adversaire, met Dieu au défi : qu'il lui permette de tenter Job, ami -et serviteur- de Dieu et ce saint homme ne résistera pas à l'épreuve. Mais la fidélité de Job sera plus forte que toutes les catastrophes, souffrances et épreuves. Il en sera finalement récompensé.
A ce stade, Satan, ne se présente pas encore clairement comme l'Esprit du Mal. Il vient proposer son défi, en se glissant parmi les « fils de Dieu » (les anges) reçus en audience par Yahvé. Mais le texte ne nous dit point s'il est lui aussi, fils de Dieu, ni même un ange. Sa silhouette reste floue. Ce qui est clair, c'est que le tentateur est subordonné à Dieu, son Créateur ; et c'est bien un Esprit pervers, puisqu'il cherche à tout prix, la perte et la chute du juste, béni par Dieu…




Le combat spirituel…

A partir de l'exil, la lumière progresse. Le judaïsme discerne les anges déchus comme auxiliaires de Satan.
Le peuple de Dieu découvre cette vérité dans l'expérience même du combat spirituel.
[…]
Il est identifié comme la puissance du Mal, chef des Esprits des ténèbres, hostile aux Hommes et à Dieu. On pratique, à l'encontre de ces adversaires mystérieux, des rites de protection, tels que l'eau lustrale.
Quant à l'exorcisme, il apparaît déjà vers 200 avant Jésus-Christ dans le livre de Tobie : il est l'œuvre de la puissance du nom de Dieu en réponse à la prière du juste.
Le rite que l'archange Raphaël prescrit à son compagnon de route : prélever le fiel, le cœur et le foie du poisson) n'est qu'un moyen de faire participer son protégé à l'œuvre de Dieu. La lumière de la Révélation a aidé les sages et les prophètes à démêler les liens mystérieux avec l'Au-delà : Dieu et ses créatures, bonnes ou mauvaises de par leur liberté même, anges et démons. Ainsi, en est-on venu à distinguer parmi les créatures de l'autre monde, les anges gardiens [N.d.l.r. - nous préférons le terme de « guide » moins carcéral] et Esprits protecteurs et les anges déchus, devenus par leur propre révolte, ennemis de Dieu et des Hommes qu'ils veulent entraîner dans leur chute…




Satan, source de malheur…

Le tentateur (que le livre de la Sagesse identifiera comme Satan) est décrit sous la forme du serpent qui se faufile : insinuant, traître et redoutable.
[…]
Il questionne humblement. Il dit le faux pour savoir le vrai… La femme répondit :
– « Si ! Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais point de l'arbre qui est au milieu, car Dieu a dit : "Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas. Sinon, vous mourrez."
Le serpent dit à la femme :
– « Mais pas du tout, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le Bien et le Mal… »
Le serpent interprète le don de Dieu comme interdit généralisé : il suscite la méfiance. Dieu n'est pas un père, mais un tyran jaloux de son pouvoir. Le tentateur sollicite en même temps le désir, la sensualité :
– « La femme vit que l'arbre était bon à manger, agréable à voir et désirable pour acquérir l'intelligence… »
Satan mise sur l'attrait sensible du fruit pour entraîner les premiers Hommes à plus grave encore : la défiance à l'égard de Dieu, la révolte contre Dieu et la tentation de s'ériger soi-même en Dieu, indépendant, autonome, au titre d'une science parfaite. Dieu veut en fait préserver son monopole abusif…
Dieu est don un menteur. Les limites qu'il impose à la liberté de l'Homme sont le calcul d'une domination arbitraire.




Fascinés par la science !…

Ce sera plus tard l'illusion du scientisme, sûr de tenir enfin la nouvelle clé du savoir… Ainsi, l'Homme libéré, allait-il mettre fin aux guerres, à la pauvreté, à la maladie… et peut-être à la vieillesse… à la mort même.
La science allait donner à l'Homme la liberté et le bonheur qu'interdisait l'image illusoire de Dieu, avec ses interdits et ses contraintes.
La science créera ainsi son propre bonheur, et sa propre divinité. Le récit est prophétique…
Ce que l'on a pu croire de manière éclatante au début du XXème siècle, n'est que désillusion et nous en prenons la mesure aujourd'hui…
[N.d.l.r. - Tout ce qui est contre nature est illicite aux yeux de Dieu… La "Science" avait promis de faire reculer la maladie… Malgré des sommes astronomiques engouffrées dans la recherche, et la prise de médicaments de plus en plus sophistiqués aux effets secondaires indésirables, elle n'y est pas parvenue ; au contraire : elle joue aux apprentis sorciers et de nouvelles maladies, de nouvelles bactéries, de nouveaux virus naissent jour après jour… jusqu'à quand ?… et des maladies naissent jusque dans les hôpitaux mêmes, des virus -mutants- s'y développent (pseudomonas, par exemple) ! C'est un échec… et une victoire du divin car les malades devront retourner vers les guérisseurs qui opèrent sans anesthésie, ni aseptie comme c'est le cas au Brésil… Oui, la guérison spirituelle a encore de longs jours devant elle…
La "Science" avait promis de faire reculer la pauvreté… Elle produit trop (jusqu'à faire manger de la viande à des vaches) et pour faire monter les prix, elle détruit le trop-plein qu'elle produit pour ne pas vendre à perte alors que des centaines de millions de gens meurent de faim… c'est un échec !… Et consciente de cet échec, aujourd'hui, elle promet que les produits OGM qu'elle trafique sont la panacée !… Faux !… Ne sera-t-il pas alors trop tard ?…
La "Science" avait promis de faire avancer la paix… Mais elle crée des armes qu'il faut écouler… Des guerres, il y en a partout sur la planète ; là aussi, c'est un échec !… La science est-elle au service du Bien ou du Mal, au service de Dieu ou du Diable ?…

« Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme !… »]




Conclusion…

Dieu, compatissant pour la faiblesse humaine, annonce la suite : ce sera un combat sans merci, entre la descendance humaine et le Tentateur…
Ainsi commence, dès l'origine, le combat spirituel auquel est vouée l'humanité : il durera jusqu'à la fin du monde…

   
   

 

   
   

 
Diables & démons…