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L'action
victorieuse de Jésus
Dès
le début de son ministère, à Capharnaüm,
Jésus chasse les démons :
« Il y avait, dans leur synagogue, un homme possédé
d'un Esprit impur, il criait en disant :
Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth, es-tu
venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es
Alors Jésus le menaça en disant :
Tais-toi et sors de lui.
Et le secouant violemment, l'Esprit impur cria d'une voix
forte et sortit de lui. » [Marc & Luc]
L'épileptique démoniaque
Le deuxième cas polarise toutes les discussions réductrices
de l'exorcisme. C'est celui d'un enfant épileptique
amené à Jésus par un père aux
abois
Après la transfiguration, Jésus descend de
la montagne avec Pierre Jacques et Jean et retrouve les
neuf autres disciples avec des scribes et
«
une foule nombreuse ».
« Il les questionna :
De quoi discutez-vous ?
Et quelqu'un dans la foule cria :
Maître, je t'ai amené mon fils qui a
un Esprit muet ; et quand il le saisit, il le jette par
terre ; il écume, grince des dents et devient raide,
et j'ai dit à tes disciples de le chasser, et ils
n'en ont pas eu la force.
Prenant la parole, Jésus leur dit
Ô engeance incrédule, jusques à
quand serai-je près de vous ? Jusques à quand
vous supporterai-je ?
Amenez-le moi.
Et ils lui amenèrent.
En le voyant, l'Esprit aussitôt, le secoua et, tombé
par terre, il se roulait en écumant. Jésus
questionna le père :
Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ?
Il répondit :
Depuis son enfance. Et souvent ; il l'a jeté
dans le feu et dans l'eau afin de le perdre. Mais si tu
peux, aide-nous, aie pitié de nous !
Jésus lui dit :
Si tu peux ? Tout est possible à celui qui
croit !
Aussitôt, le père de l'enfant s'écrie
:
Je crois, mais aide mon manque de foi
Alors Jésus, voyant la foule s'amasser, commanda
à l'Esprit impur :
Esprit muet et sourd, je te l'ordonne : sors de lui
et n'y entre plus !
Et criant et le secouant, l'Esprit impur sortit. L'enfant
devint comme mort, et beaucoup disaient :
Il est mort !
Mais Jésus prit la main, le redressa, et il se leva.
Et comme il entre dans une maison, ses disciples le questionnent,
à part :
Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser ?
Il leur dit :
Cette espèce ne peut sortir que par la prière
[Marc] et le jeûne
[ajoute Matthieu]
C'est de là que sont parties toutes tentatives pour
réduire les exorcismes de Jésus à des
guérisons :
« Il s'agit d'une crise d'épilepsie,
» dit-on ; « Jésus ou ses disciples l'ont
prise pour une possession démoniaque !
»
Ces coïncidences prouvent-elles que l'Evangile confond
possession et maladie, exorcisme et guérison ? Non
à bien des titres
Les réactions de l'enfant devant le Christ
répondent aux caractères spécifiques
de la possession
Les cris et secousses qui surviennent alors ne relèvent
pas de l'épilepsie mais de réactions violentes
du démon qui parle et crie par la voix du possédé
et le secoue de l'intérieur avant de partir
la coïncidence entre une maladie aux symptômes
identiques et la possession n'exclut pas cette dernière
car, souvent, le démon utilise les prédispositions
naturelles du sujet : il attaque son point faible
Le démon à l'art de se dissimuler derrière
une maladie ou l'apparence d'une maladie
[
]
Jésus et les évangélistes distinguent
constamment possession et maladie
Pour les possédés,
Jésus ne fait pas un geste thérapeutique (imposition
des mains, onctions) mais « il commande à l'Esprit
impur » qui souvent résiste et réagit
en parlant par la bouche du possédé. Il lui
commande
dans la guérison, il n'y a ni dialogue,
ni combat
La leçon finale de Jésus concerne la foi,
la prière et le jeûne nécessaires dans
le combat spirituel.
Les disciples, malgré le pouvoir reçu, n'ont
pu chasser le démon ? Ils en sont déconcertés.
Le Christ incrimine l'insuffisance de la prière et
du jeûne selon plusieurs manuscrits.
La foi du père requise par Jésus relaie l'insuffisance
des disciples qu'il invite aussi à l'humilité.
C'est une grande et très actuelle leçon
La petite fille cananéenne
Et
voici qu'une femme cananéenne, sortie de ce territoire,
cria en disant :
Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David.
Ma fille est fort malmenée par un démon »
[Matthieu] « par un Esprit impur. » [dit Marc]
Jésus la repousse, mais elle insiste de manière
touchante pour qu'il « chasse le démon
hors de sa fille » et Jésus loue sa foi, et
lui dit :
Ô femme, grande est ta foi ! Qu'il t'arrive
comme tu veux. »
Et sa fille fut guérie à cette heure-là
» [Matthieu]
Le trait significatif, c'est qu'il s'agit ici d'une libération
à distance comme en réalisent encore aujourd'hui
de nombreux exorcistes.
Le cas paraît peu instructif car les évangélistes
ne décrivent ni symptômes, ni rite propre à
l'exorcisme. [
] Jésus lui-même ne parlant
que de guérison.
Question-objection : exorcisme ou guérison ?
Il est vrai qu'à cette époque -et aujourd'hui
encore- on peut confondre possession et maladie qui souvent
interfèrent et appellent l'une ou l'autre guérison
: physique ou spirituelle
[N.d.l.r. - Un extrait d'un prière à lire
en cas de guérison spirituelle : « Dieu
tout-puissant, clément de votre bonté, nous
vous invoquons afin que vous vouliez bien conférer
votre grâce à
; pardonnez-lui
tous ses péchés que la fragilité humaine
lui a fait commettre : purgez, rétablissez, guérissez
ce que la méchanceté des démons a corrompu
en lui ; enlevez toute douleur, et éloignez toutes
choses néfastes engendrées par les mauvais
Esprits
Ayez pitié, Seigneur, des gémissements et
des larmes
» [Abbé Julio]
L'homme
aux cochons
Plus déconcertant, mais très significatif
est l'exorcisme de l'énergumène gérasénien,
sur l'autre rive du lac. C'est un homme dangereux
on l'enchaînait à grand-peine, mais il brisait
ses chaînes.
Ici, comme aujourd'hui, le possédé dialogue
avec Jésus.
« Que me veux-tu, Jésus, Fils du Très-Haut
? Je t'adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! »
Le démon parle par la bouche du possédé
qu'il utilise comme instrument. Ce fait, signalé
plusieurs fois dans l'Evangile, a perduré jusqu'à
ce jour dans l'expérience quotidienne des exorcistes
Par la voix du possédé, le démon adjure,
résiste, négocie
Jésus ne discute
pas avec lui, Il commande
« Il lui demandait :
Quel est ton nom ?
Légion est mon nom, car nous sommes beaucoup.
Et il le suppliait instamment qu'il ne les envoyât
pas hors du pays
»
Certains exorcistes actuels retrouvent ce nom et cette horde
agressive. "Légion" négocie son
départ : « Envoie-nous dans les porcs
»
Aujourd'hui encore, c'est un soulagement pour les démons
d'habiter ici-bas, [N.d.l.r. - au milieu des humains qui
en fait, leur ressemblent
et ils se déculpabilisent
en disant : lui, elle aussi sont tombés, nous ne
sommes pas les seuls !
C'est un peu ce que l'on retrouve
aussi chez les Humains : A quelqu'un qui essaie d'arrêter
de fumer ou de boire, ne voit-on pas, à l'occasion
de fête familiale, les proches -ceux qui fument ou
boivent- proposer
une petite dernière, allez,
va ! Ou un dernier verre à quelqu'un qui doit prendre
la route ?
»]
Ils fuient leur malheur pour le faire partager à
leurs victimes. C'est une satisfaction sadique
Le démon muet
Matthieu signale brièvement l'exorcisme d'un homme
« On lui amena un démoniaque muet. Le
démon fut expulsé et le muet parla
»
Luc applique directement au démon le qualificatif
de « muet », selon son efficience. Les démons
sont souvent loquaces par la bouche du possédé
La
femme courbée
Faut-il voir un exorcisme dans le cas de la femme courbée
que Luc seul rapporte à un Esprit ?
[N.d.l.r. - Luc n'est pas un apôtre : il n'a pas été
le témoin de ces choses ; il ne fait que rapporter
ce qu'il a entendu
]
« Voici qu'une femme ayant un Esprit de maladie
depuis dix-huit ans, était toute courbée et
incapable de se redresser.
La voyant, Jésus l'interpella et lui dit :
Femme, tu es délivrée de ta maladie.
Il lui imposa les mains et aussitôt, elle se tint
droite et elle glorifiait Dieu
»
Curieusement, Luc est plus ambigu que Marc chez qui la guérison
n'est pas présentée comme un exorcisme. On
se demande pourquoi Luc, le médecin, attribue cette
pathologie à « un Esprit de maladie
»
Marie-Madeleine
Les Evangiles n'ont relaté que ces exorcismes-là.
Mais ils en mentionnent beaucoup d'autres. En premier lieu,
Marie-Madeleine dont Jésus avait chassé sept
démons.
Sa délivrance la mena très loin : courageusement,
au calvaire, près de Jésus et au tombeau où
elle alla la première et eu le privilège de
sa toute première apparition
Jésus à Capharnaüm
« Après le coucher du soleil, on lui apportait
tous les malades et les démoniaques et la ville entière
était rassemblée devant la porte. Et il guérit
beaucoup de malades affligés de divers maux, et il
chassa beaucoup de démons, mais il empêchait
les démons de parler
»
Le lendemain, il part pour d'autres villes prêchant
dans les synagogues et chassant les démons :
« Il en avait guéri beaucoup, si bien que tous
ceux qui étaient affligés de maladie se précipitaient
vers lui pour le toucher. Et les Esprits impurs, lorsqu'ils
le voyaient, se prosternaient devant lui et criaient :
Tu es le Fils de Dieu
»
Luc situe d'autres exorcismes :
« A ce moment-là, il guérit beaucoup
de gens affligés de maladies, d'infirmités,
d'Esprits malins, et il rendit la vue à beaucoup
d'aveugles
»
Bien sûr, Satan n'allait pas laisser faire cela impunément
:
« Vous dites que c'est par Béelzéboul,
le prince des démons, que j'expulse les démons
? »
Dans l'Evangile de Jean, aucun exorcisme n'est mentionné,
mais Jésus est accusé d'être possédé
; et Jésus stigmatise ses adversaires comme «
fils du diable », « père du mensonge
»
Les apôtres, exorcisent
Jésus a envoyé ses disciples en mission, à
plusieurs reprises, afin d'annoncer la Bonne Nouvelle avec
les signes de sa puissance : guérir et exorciser
« Il appelle alors les douze et se met à les
envoyer en mission -deux à deux- en leur donnant
autorité sur les Esprits impurs
»
Pour la mission des 72 disciples, le discours de Jésus
ne précise pas la mission d'exorciser ni de guérir,
mais elle est bien présupposée puisqu'ils
disent à leur retour :
« Seigneur, même les démons nous
sont soumis en ton nom. » Et Jésus répond
:
« Cependant, ne vous réjouissez pas
de ce que les Esprits vous sont soumis ; réjouissez-vous
de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux
»
Vu l'efficacité des exorcismes de Jésus et
des disciples en son nom, il y eut des imitateurs marginaux.
L'apôtre Jean les réprime et dit à Jésus
:
« Maître, nous avons vu quelqu'un chasser
les démons en ton nom, mais il ne nous suit pas.
Nous l'empêchons donc parce qu'il n'est point ton
disciple. »
Et Jésus répond :
« Ne l'empêchez pas, car nul faisant
un miracle en mon nom pourra aussitôt après
parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est avec nous
»
Selon
Marc, avant de quitter ses disciples, le Christ leur prescrit
la mission d'exorciser jusqu'à la fin du monde :
« Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui
ont cru : par mon nom, ils chasseront les démons,
ils parleront en langues, et s'ils boivent quelque breuvage
mortel, il ne leur nuira point. Ils imposeront les mains
aux malades, et ceux-ci guériront
»
Après le départ de Jésus
Après le départ du Christ, les apôtres
continuent donc d'exorciser :
« A Jérusalem, on apportait des malades et
des gens possédés par des Esprits impurs,
et tous étaient guéris.»
De même pour Philippe en Samarie :
« De beaucoup de possédés, en effet,
les Esprits impurs sortaient en poussant des cris. »
Suivent des exorcismes qui reviennent clairement et sans
ambiguïté dans les Actes des apôtres :
« Une servante avait un Esprit divinateur. [
]
Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant
:
Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très
Haut ; ils vous annoncent la voie du Salut.
Elle fit ainsi pendant bien des jours. A la fin, Paul excédé,
se retourna et dit à l'Esprit :
Je te l'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de
sortir de cette femme.
Et l'Esprit sortit à l'instant même. »
De même
« Dieu opérait par les mains de Paul des miracles
peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer
sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient
touché son corps, et des maladies les quittaient,
et les Esprits mauvais s'en allaient. »
Dans les actes des apôtres, la lutte contre Satan
se présente aussi comme lutte contre la magie : Simon
Pierre affronte victorieusement Simon le mage, que Philippe
semble avoir converti. Mais le magicien veut lui acheter
le pouvoir de l'Esprit saint.
Paul condamne la sorcellerie, immédiatement après
l'idolâtrie, parmi les « uvres de chair
» ennemies de l'Esprit de Dieu.»
Conclusion
Jésus nous a révélé l'action
pernicieuse et hypocrite du démon, et jusqu'à
quel point il peut entrer dans l'Homme, le déstabiliser,
le posséder, faire des Hommes, ses fils, à
son service. Jésus nous met en garde contre l'ennemi
: un ennemi mortel, tant physiquement que spirituellement
car Satan défend son territoire par une guerre permanente
Jésus a accompli des exorcismes, c'était un
usage juif. Mais il le faisait « avec autorité
».
Souvent, le démon parle par le possédé.
Il reconnaît le Christ qui le fait taire. Il résiste,
il adjure Jésus de le laisser en paix. Il négocie
en parlant par la voix de sa victime. En partant, il la
secoue de l'intérieur et pousse par sa voix, un dernier
cri qui traduit sa fureur
Dans les exorcismes de l'Evangile, Jésus commande
au démon-squatter. Il y a parfois dialogue, discussion,
soit que le démon reconnaisse et adjure le Christ,
soit que Jésus lui impose silence, lui demande son
nom ou le chasse. Les rites spécifiques de l'exorcisme
se sont perpétrés dans la tradition chrétienne.
L'exorcisme est l'exercice d'un charisme qui requiert des
dispositions et des qualités auxquelles l'évêque
fait particulièrement attention avant de nommer un
prêtre à ce ministère. Non seulement
la sainteté, la prudence, mais aussi des dons de
discernement, d'autorité, de contact et d'influence.
[N.d.l.r. - Si l'évêque doit nommer un prêtre
exorciste, cela veut dire que tous les prêtres ne
sont pas habilités à exorciser et donc ne
sont pas apôtres du Christ
Vu à la télé
Une autre lacune à relever à la paroisse saint-Irénée
à Paris : le prêtre exorciste, débordé,
laisse le soin à ses acolytes (hommes ou femmes choisis
par lui) de faire le tri ; incroyable, mais vrai ! Et pourtant,
le dicton le dit : « Quand on doit s'adresser au bon
Dieu, il ne faut pas s'adresser à ses saints
» Un peu comme si on se rendait à l'hôpital
et que le chirurgien laissait aux infirmiers le soin du
diagnostic et la décision d'opérer ou pas.
On ne l'accepterait pas
Ceux qu'on accepterait pas
pour le corps, certains le prônent pour l'Esprit !
Il y en a qui doivent bien rigoler, là-haut, et d'autres
pleurer !]
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