|
|
A considérer son contenu, le livre de Daniel se divise
en deux parties : Les chapitres 1 à 6 sont des récits
: Daniel et ses trois compagnons au service de Nabuchodonosor ;
1.- Le songe de
Nabuchodonosor ;
2.- L'adoration
de la statue d'or et les trois compagnons de Daniel dans
la fournaise ;
3.- La folie de
Nabuchodonosor ;
4.- Le festin
de Balthazar ;
5.- Daniel dans
la fosse aux lions ;
6.- dans tous
les cas, Daniel ou ses compagnons sortent triomphants d'une
épreuve d'où dépend leur vie, ou au
moins leur réputation, et les païens glorifient
Dieu qui les a sauvés. Les scènes se passent
à Babylone, sous les règnes de Nabuchodonosor,
de son « fils » Balthazar et du successeur de
celui-ci : Darius le Mède.
Les chapitres 7 à 12 sont des visions dont Daniel
est le bénéficiaire : les Quatre bêtes
dont la grande vision du Temps de la Colère et du
Temps de la Fin. Elles sont datées des règnes
de Balthazar, de Darius le Mède et de Cyrus, roi
de Perse et elles sont situées à Babylonie
De cette division, on a parfois conclu à l'existence
de deux écrits d'époques différentes
combinés par un éditeur. Mais d'autres indices
contredisent cette distinction. Les procédés
littéraires et les modes de pensée sont les
mêmes d'un bout à l'autre du livre, et cette
égalité est l'argument le plus fort pour l'unité
de sa composition.
A partir du chapitre 11, le ton change, le « Temps
de la Fin » est annoncé dans une manière
qui rappelle les autres prophètes. Le livre aurait
donc été composé pendant la persécution
d'Antiochus Epiphane et avant la mort de celui-ci ; avant
même la victoire de l'insurrection maccabéenne,
c'est-à-dire entre 167 et 164.
Le livre est destiné à soutenir la foi et
l'espérance des Juifs persécutés par
Antiochus Epiphane. Daniel et ses compagnons ont été
soumis aux mêmes épreuves, abandon des prescriptions
de la Loi, tentation d'idolâtrie ; ils en sont sortis
vainqueurs et les anciens persécuteurs ont dû
reconnaître la puissance du vrai Dieu. Le persécuteur
moderne est dépeint en traits plus noirs, mais quand
la Colère de Dieu sera satisfaite, viendra le temps
de la Fin où le persécuteur sera brisé.
Ce sera la fin des malheurs et du péché et
l'avènement du Royaume des Saints gouverné
par un « fils d'homme » dont l'empire ne passera
point.
Cette attente de la Fin, cette espérance du Royaume
traverse tout le livre. Dieu en procurera l'avènement
dans un délai qu'il a fixé mais qui englobe
en même temps toute la durée humaine. Le passé,
le présent, l'avenir, tout devient prophétie
parce que tout est vu dans la lumière de Dieu «
qui alterne périodes et temps ». Par une vision
à la fois temporelle et extratemporelle, l'auteur
révèle le sens prophétique de l'histoire.
Ce secret de Dieu est dévoilé par l'intermédiaire
d'êtres mystérieux, qui sont les messagers
et les agents du Très-Haut ; la doctrine des anges
s'affirme dans le livre de Daniel comme dans ceux d'Ezéchiel
et surtout de Tobie. La révélation concerne
le dessein caché de Dieu sur son peuple et sur les
peuples. Il touche les nations comme les individus.
Le royaume qu'on attend s'étendra à tous les
peuples, il sera sans fin, ce sera le royaume des Saints,
le Royaume de Dieu, le Royaume du Fils d'homme à
qui fut conférée toute puissance
Le livre de Daniel ne représente plus le vrai courant
prophétique. Il ne contient pas la prédication
d'un prophète envoyé par Dieu en mission auprès
de ses contemporains, il a été composé
et immédiatement écrit par un auteur qui se
cache derrière un pseudonyme comme déjà
le livret de Jonas. Les histoires édifiantes de la
première partie s'apparentent à une classe
d'écrits de sagesse dont on a un exemple ancien dans
l'histoire de Joseph de la Genèse, et un exemple
récent dans le livre de Tobie écrit peu avant
Daniel
Les
visions de la seconde partie apportent la révélation
d'un secret divin, expliqué par les anges, pour les
temps futurs, dans un style volontairement énigmatique
; ce « livre scellé » inaugure pleinement
le genre apocalyptique qui avait été préparé
par Ezéchiel et qui s'épanouira dans la littérature
juive.
L'Apocalypse de saint Jean lui correspond dans le Nouveau
Testament, mais alors les sceaux du livre fermé sont
brisés, les paroles ne sont plus tenues secrètes
car « le temps est proche et l'on attend la venue
du Seigneur
»
|
|
|