Tout homme qui aurait conscience de ses actes ne pourrait pour rien au monde
presser du doigt la détente d'un fusil.


Henry Miller

 

Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

28 octobre 1984

   
    Des humains, infatigablement, prennent des fusils, épaulent, visent, tirent, semant la destruction, la souffrance et la mort dans un déchaînement de passions sadiques et sanguinaires !
Mais hélas, arriverons-nous, même par une prière fervente, à obtenir que tout ceci s'arrête ?…
Il s'agit souvent de bêtes ; plus loin, au-delà d'autres frontières, ce sont des Humains qui servent de cible et ils ressentent la même souffrance et la même panique que ces pauvres lièvres ou que ces lapins qu'un chien poursuit, et qui essaient, dans un effort désespéré, d'échapper à la mort.
Cette notion de souffrance qui, fondamentalement s'installe sur la Terre, est le point de drame de l'Humanité.
Des êtres s'ingénient dans une détermination implacable et froide, à semer la mort à travers la torture et la souffrance imposée ; d'autres le font d'une manière plus discrète, en semant le désarroi près d'eux, et à travers la parole menteuse, hypocrite et sarcastique, sèment le trouble, provoquent la souffrance puis le drame.

Quand donc les Humains arriveront-ils à nettoyer leurs éléments profonds et à vider leurs cœurs de cette crasse, pour retrouver un peu plus de Lumière et d'Amour ?
Tristes, ô combien tristes, ces éléments que rien ne peut apaiser, que rien ne peut transformer !…

Avec nos faibles moyens -et pourtant avec des forces considérables nées de cet amour que nous voulons projeter- nous essayons de transformer tout ceci pour que ces vibrations d'apaisement, d'espoir et de foi puissent franchir les plans et s'éparpiller d'une manière plus large ; et puisque la force de la pensée est tellement puissante qu'elle ne connaît pas de distance, qu'elles puissent atteindre plus loin les quatre coins de cette pauvre Terre.
Si nous savons unir nos pensées, nous pourrons créer, déjà autour de vous, une zone lumineuse et paisible qui ne manquera pas d'impressionner ceux qui se trouveront face à face avec vous, et vous pourrez déjà faire œuvre utile dans ce sens, car ce qui sortira de vous deviendra l'élément presque inéluctable d'une transformation qui se fera peu à peu dans l'inconscience des vies.

Si vous savez irradier cette Lumière, vous saurez donner beaucoup à ceux qui sont dans l'ombre.
Elargissez le champ de vos pensées,
élargissons le champ de nos prières,
et sur l'aile largement ouverte de l'amour et de la miséricorde, lançons ces pensées vers tous ceux que nous unissons dans le même sentiment fraternel de tendresse et de compassion.

Sur l'Humanité désespérée, passe le temps du doute, passe le temps de l'obscurité,
passe le temps du lucre stérile, passe le temps du cynisme, de l'indifférence, de l'intolérance.
Sur l'Humanité perdue et désespérée, Seigneur, que se fasse la lumière chaleureuse et brillante qui pourra éclairer les nuits et faire resplendir toutes les beautés de l'offrande que tu as déjà faite à ces êtres.
Que l'aube d'un jour nouveau irise de teintes de pastel la vie stagnante, ralentie, paralysée, de tant d'êtres que nous voudrions porter d'une force puissante pour les aider à dépasser leurs épreuves et leurs drames.

Dans l'amour que nous souhaitons offrir,
que le rêve passe…
Dans la tendresse que nous voulons dispenser,
que l'offrande se fasse…
Dans l'espoir que nous voulons retrouver,
que la joie s'exprime…
Dans les remerciements que nous voulons formuler,
que tout notre être profond vibre…
Seigneur, ô Seigneur, lorsque les mains impuissantes à se tendre ne peuvent plus que se baisser et pendre près de corps où seule la souffrance s'exprime à travers les battements douloureux de cœurs désespérés, lorsque ces mains ne peuvent plus se tendre pour prendre et arracher, pour prendre et tirer, pour prendre et porter, fais que nous puissions tendre encore nos pensées, nos élans et nos gestes intérieurs vers la souffrance inexprimée, vers les refus affirmés, vers l'immobilisme définitivement accepté.
Que ton souffle puissant puisse, en rafraîchissant ces fronts enfiévrés, passer sur ces êtres qui, encore trop souvent, osent redresser la tête dans un geste de défi.
Nettoie ces âmes en profondeur, tends la main vers celui qui, dans une quête impatiente et quelquefois un peu trouble, avance sur un chemin semé d'ornières.
Tends ta main vers lui, Seigneur, tire les rideaux qui obscurcissent l'horizon de sa vie, et puisque nos mains ne peuvent plus se tendre, que ton doigt lui montre l'horizon lointain de Lumière, de bonheur et de paix qu'il lui faudra définitivement contempler, puis enfin atteindre, en s'arrachant aux Ombres.

Le chemin qui serpente dans des terres isolées et arides est toujours un chemin douloureux et difficile qui semble trop long !
Pourquoi y a-t-il tant de pierres tranchantes sur tant de chemins ?… Pourquoi tant de mains qui resserrent sur tant de cœurs et tant d'âmes les plis sombres et trop épais de guenilles qu'ils considèrent encore comme des richesses dont ils ne veulent point se séparer ?…
Fais-leur comprendre, Seigneur, qu'il importe de déposer ces tas de haillons sur le bord de ce chemin difficile et caillouteux ;
qu'ils n'hésitent pas à comprendre que les haillons déposés -même si les corps dévêtus s'offrent à tes regards- ils s'offriront justement dans un geste de régénération, et parce que le barrage des loques n'existera plus, ils pourront recevoir l'ondée vivifiante qui lavera leurs corps de leurs vibrations impures et qui pourra, dans un symbole profond, pénétrer des âmes pour les régénérer à une source de vie éternelle et puissante.

On grimpe toujours difficilement la face abrupte d'une montagne où les rochers pointus blessent des phalanges qui se crispent pour empêcher le pas hésitant de faire glisser le corps jusqu'au fond d'un gouffre où, déchiqueté, pantelant, on ne pourra même plus lancer vers le Ciel et vers les hommes l'appel douloureux d'un cœur qui, bientôt, cessera de battre.
Il est toujours difficile de grimper en s'accrochant à ces aspérités. Pourquoi, fasciné par ces pointes rocheuses qu'on repère comme autant de points sauveurs, ne peut-on plus apercevoir la main lumineuse qui se tend pour nous arracher à notre drame ? Le cœur battant à tout rompre, on essaie dans un effort pitoyable, de se hisser pour trouver l'arête de rocher sécurisante où l'on pourra enfin reprendre un souffle que l'on semble ne plus pouvoir trouver au fond d'une poitrine brûlante et déchirée de coups précis, comme les coups d'un poignard tranchant, qui semblent bientôt devoir interrompre une vie.
Ah ! l'instant de grâce où, muscles bandés, esprit tendu dans la seule finalité de ce moment de paix, on peut enfin s'abandonner à la sécurité d'une petite plate-forme qui surplombe l'abîme… Ah ! le moment de grâce, Seigneur, où, pantelant, membres tremblants, mains saignantes, visage en sueur, cœur battant à tout rompre, poitrine brûlée par des efforts qu'on ne pensait même plus pouvoir assurer, on gît dans un abandon qui va nous permettre de recevoir la manne vivante et vibrante de ton amour et de ta sécurisation… et dans le calme bruissant d'une nature tout à coup complice d'une paix retrouvée et d'un espoir qui renaît, quand on peut enfin relever la tête et regarder ce ciel qui semble tout à coup s'ouvrir pour nous laisser apercevoir, à un balcon de Lumière, le visage infiniment doux et bon de Dieu toujours présent, quand le regard se pose sur ce visage, dans quelle communion d'élans et de mercis se perd alors l'esprit qui, quelques instants plus tôt, s'affolait en pensant au drame !…
Puisses-tu, Seigneur, d'un geste de la main, transformer ces aspérités tranchantes en marches adoucies pour que le pas trop lourd et trop pesant du voyageur égaré puisse, d'effort en effort, le conduire au haut de cet escalier qui le mènera des fosses d'Ombre aux sommets de Lumière ;
et lorsqu'enfin il s'endormira dans la paix de sa nuit, passe le rêve de douceur qui apaisera son esprit troublé, passe l'aile de la tendresse et de l'amour qui, en caressant un front encore enfiévré, pourra apporter l'apaisement du geste d'amour ;
passe le rêve d'espoir qui portera son âme éperdue de reconnaissance vers un chemin qui la conduira plus près de ce monde de Lumière resplendissant de joie où il découvrira dans l'éblouissement, un cœur immense, le cœur d'un Monde d'Amour et de Paix où tu restes, Seigneur et Maître, éternellement présent et vivant pour toujours.
Et alors, lorsque l'aile immense, irisée et nacrée de ta tendresse infinie s'ouvrira et s'étendra sur l'horizon, laisse-le un moment, Seigneur, éperdu de joie et tremblant de bonheur, laisse-le exprimer, dans un silence qui sera un hommage, la joie de son cœur ; et lorsqu'enfin, inondé de Lumière, cœur gonflé d'espoir, il pourra de muet qu'il était, exprimer ses élans, tout d'un coup, il lancera vers toi le cri de sa joie, le cri de son espoir, et c'est avec amour qu'il chantera ta Gloire.

Que passent et s'effacent les ombres de la nuit et qu'une aube scintillante de rosée, éventail de moire et de pastels, puisse à jamais éclairer les vies…


archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…