Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

22 janvier 1984

   
   

Ô Seigneur, sur une Terre en folie les drames succèdent aux drames, la terreur vibre sous tous les cieux, la crainte et l'angoisse habitent toutes les âmes, et le déchaînement de phantasmes puissants alliés à un sadisme qui s'exprime dans des gestes horribles, font que peu à peu les Humains, pris dans un tourbillon de folie, virevoltent et vont vers le gouffre profond où, ils iront se fracasser, déchiquetés et mutilés, pour arrêter des vies dans des râles de souffrance qui monteront vers un Ciel qui ne pourra plus que laisser couler sur une Terre détruite, des larmes de regret, des larmes de déception, des larmes de souffrance.
Ô Seigneur, fais que le vent de folie qui souffle sur cette pauvre planète puisse une fois encore, dégager un coin de cet azur merveilleux et pur, où, attentifs et tremblants de chagrin et de souffrance, des Esprits attendent, en pleurant sur une Humanité que leurs mains délicates et attentives n'ont pu, pourtant, retenir et empêcher.
Que ton assistance s'exprime jour après jour, instant après instant, auprès de ces peuples désemparés et détruits ; que ton assistance s'exprime jour après jour, heure après heure, auprès de ces êtres qui, trop souvent, dans un nihilisme exprimé, dans une ironie qui nous désespère, refusent et rejettent, ne voulant analyser, ne voulant comprendre, sourds à tous les conseils, à toutes les explications, et ouverts seulement à des explications intérieures et personnelles qui leur font hausser les épaules dans un refus puissant et définitif d'efforts de compréhension strictement inéluctable pour agir et œuvrer.

Donne, Seigneur, à ces êtres, la force de secouer la nonchalance, la paresse profonde, l'indifférence ;
donne à ces êtres, Seigneur, la conscience de ces gestes négatifs qui les maintiennent dans une position d'attente et d'exigence ;
chasse l'intérêt de certains cœurs, Seigneur, un intérêt né d'une nonchalance à vouloir et à pouvoir.
Donne-leur conscience, Seigneur, de l'importance des souffrances qui s'expriment et des détresses qui attendent, muettes et silencieuses, l'espoir au cœur.
Secoue ces êtres avec tendresse, avec amour, avec patience ;
nettoie le fond de ces âmes, mon Dieu, remue et nettoie la boue des profondeurs que l'on veut encore fermer et cacher.
Pardonne les gestes négatifs et odieux, Seigneur,
donne à chacun la conscience de ces gestes bas et vils et le regret de ces actions qui, jamais, n'auraient dû se faire. Que la boue sortie des tréfonds des êtres fasse bouillonner le sang qui rougira les visages afin que, se contemplant, ils puissent lire, tracées sur leur peau, les profondeurs de leur iniquité.
Fais leur prendre conscience, Seigneur, de la gravité de leurs actes et de leurs pensées, de leurs élans…
Sois présent près de chacun d'eux, Seigneur ; sois présent près de tous ces êtres négatifs et vils qui, loin de nos Cieux, expriment la haine, le sadisme et la perversité dans des contacts qui ne sont que drames et meurtres.
Prends pitié, Seigneur, des êtres désemparés qui ont eu à subir : les violés, les vendus, les torturés, les massacrés…
Que ta main se tende pour les accueillir, Seigneur, et que tes Esprits lumineux et purs leur apportent, en les accueillant, le réconfort de ton amour et de ta chaleur.

Ah ! Seigneur, peux-tu encore, par un miracle, faire renaître sur cette Terre une notion d'amour, de bonté, de tolérance et de charité ?…

Hélas, toutes les offrandes, mon Dieu, sont prises et détruites, foulées aux pieds, et la foule ivre de plaisir et de sensualité, ivre de matérialisme, danse sur ces pauvres offrandes flétries et souillées, comme dans ces bacchanales où des bacchantes ivres de vin se livraient à des danses pour chanter la joie de leurs corps satisfaits par des orgies païennes et lubriques.

Pauvre Humanité !… Pauvre Terre !…
Dans des pays lointains où la neige et la glace font des linceuls durs et froids, [références aux pays de "l'Europe de l'Est"] les peuples torturés, opprimés, lancent vers Dieu l'appel puissant de leurs cœurs déchirés et supplient et attendent ; et malgré les sévices, et malgré les attaques, vont et continuent sur ce chemin de la foi qui est maintenant leur seul chemin de vie.

Le Ciel pleure !…
Il pleure les drames, les tortures et les morts…
Il pleure les gestes, les actes…
Il pleure la paresse, la fainéantise… l'immobilisme, la stagnation…
Il pleure les phantasmes, la perversité, le sadisme…
Il pleure l'intérêt, l'indifférence, l'intolérance…
Le Ciel pleure !…
Il pleure sur une crasse humaine que pourtant des mains lumineuses et pures, sorties d'un azur infiniment pur et beau, ont tenté de nettoyer pour essayer de faire renaître des âmes en les régénérant à une vie plus belle…
Le Ciel pleure !…
et ses larmes abondantes coulent et roulent sur une planète où, malgré leur flot puissant, elles ne pourront jamais retirer les traces rouges et sanglantes imprégnées dans une terre qui a déjà absorbé, et qui encore absorbera ces vies qui, goutte à goutte, s'en vont et qui, bientôt encore, partiront…
Le Ciel pleure !…
Il pleure sur les actes des Humains, et l'immense chœur spirituel ne peut qu'entonner un chant de tristesse et de désespoir avec une douceur qui devrait pourtant faire tomber les barrières qui vous séparent de son Plan pour apaiser les volcans bouillonnants d'où la lave engrangée s'écoule et détruit…
Humains, vous êtes à la croisée des chemins, et vous êtes arrivés au point d'une remise en question inéluctable.
Vous nagez en ce moment dans les ombres en pensant que le moment viendra bien où vous émergerez. Mais… émerge-t-on ?… Peut-on relever la tête au-dessus de la fange ? Peut-on continuer à respirer quand cette boue -qui devient l'élément vital- a envahi des narines, des gorges, des poumons, quand tout est bloqué, quand tout est perdu ?… Peut-on reprendre pied quand, petit à petit, on s'enlise en gardant l'espoir que la seule main qui émergera pourra toujours se raccrocher ?…
Il n'y aura plus que le vide…
Il n'y aura plus que le désespoir… la désolation…
L'univers s'estompera peu à peu derrière une brume qui étouffera et qui détruira, et l'être perdu s'enfoncera plus avant encore dans un gouffre qu'il n'aurait pourtant jamais cru atteindre, ni pénétrer, ni mesurer…

Nous vous demandons aujourd'hui cette pause importante et inéluctable, nécessaire à une prise de conscience dans une nouvelle compréhension des faits.
Le temps passe, passe et s'écoule, et les jours que l'on croyait remplis ne sont que des jours vides, dé-ses-pé-ré-ment vides, remplis seulement de regrets déchirants et amers, et envahis d'un chagrin et d'une souffrance que rien, jamais, ne pourra apaiser.
Ne croyez pas que lorsque le couvercle s'est rabattu sur des fosses d'ombre, la main affaiblie qui essaie de griffer cette plaque, pourra la repousser pour retrouver la Lumière que l'on espère toujours, et que jusque-là, on a dédaignée et on n'a voulu voir.

Trop de gestes noirs !
Trop d'attitudes que nous déplorons et que nous blâmons !
Nous avions fait pousser, devant vos pieds et sous vos pas, un arbre de vie pour vous permettre de vous hisser dans un élan au-dessus du couvercle épais de la forêt sombre qui dissimule et cache, mais hélas, vos bras ne sauront pas encore serrer ce tronc de vie, et vos efforts ne peuvent actuellement se borner qu'à poser une main sur ce tronc qui vous semble trop rêche et trop rugueux et que vous craignez de voir écorcher les genoux et les jambes qui l'enlaceront pour grimper plus haut.

 


Archange Raphaël
médium : marcelle olivério
Quand le Ciel parle