Dieu n'a imposé à personne une tâche impossible.
La main ne peut donner que ce qui est disponible.

Ja'afar Ibn Abi Tâlib

 

Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

15 avril 1984

   
   

Nous vous avons offert un bagage d'amour que vous gardez, avec peut-être l'intention d'y puiser, pour donner à d'autres attentes. Mais lorsque vous aurez fini de puiser dans ce bagage, qu'offrirez-vous lorsque, parvenus au fond de ce sac que vous serriez si précieusement contre vos cœurs, vous ne pourrez plus, en retirant vos doigts qui auront griffé le fond d'étoffe, offrir que la charpie que votre geste aura accumulée sous vos ongles car le sac de votre trésor sera vide ?…

On donne toujours trop vite lorsque les richesses accumulées n'ont pas pris l'ampleur d'une montagne, et cette eau vive que vous voulez offrir dans la coupe de vos mains tendues pour désaltérer des lèvres sèches ne pourra plus être offerte, car la source sera tarie, puisque la pluie divine n'aura pas pu alimenter cette source lointaine dans laquelle vous pouviez vous régénérer…
Seule la coupe vide pourrait être remplie, mais lorsque votre coupe est vide, pourquoi ne la tendez-vous pas pour recueillir l'eau fluidifiée et merveilleuse que représentent les larmes qui coulent de notre Plan sur des destins qui auraient pu se grandir et qui s'éteignent parce que des pas s'arrêtent ?…
Où allez-vous tendre votre coupe, enfants ?… Sera-t-elle remplie de cette eau vive nécessaire à vos jours ?

Qu'offrirez-vous alors, enfants ?
Pour offrir le bouquet, il faut que les pas de l'être foulent le gazon doux et il faut que la main se tende dans un jardin bien ordonné pour couper, dans un geste d'amour, la fleur que mille soins auront entourée et que mille offrandes d'eau auront rafraîchie.
Où est votre jardin, enfants ?
Quel terrain allez-vous sarcler, quelles graines allez-vous semer ? Et ces pauvres terrains que sont les fonds de vos âmes, terrains que nous avons labourés avec tant d'amour et où nous avons semé avec tant de patience, quels gestes allez-vous faire pour les enrichir et les irriguer ?
Certes, dans le désert qui s'étend à perte de vue, au milieu des sables dorés, dans la solitude qui, souvent, réjouit l'œil comme elle réjouit l'âme par une immensité grisante que l'on croit définitivement sienne, le voyageur peut souvent, en se penchant, ramasser -merveilleuses concrétions des sables- les roses des sables qui seront exposées pour réjouir les regards d'amis attentifs ou qui, plus simplement, seront vendues aux touristes dans des marchés, comme souvenir ; mais sachez, enfants, que seules quelques roses des sables peuvent être trouvées dans l'immensité dorée puis… plus rien.

Savez-vous, amis, ce qu'est l'offrande ?…
Souvenez-vous du geste de Jésus devant la foule affamée dont les yeux brillants se posaient sur Lui dans une attente angoissée…
Quelques pains et quelques poissons… et une foule délirante d'une fièvre qui battait dans les tempes, des tempes qui n'en pouvaient plus de subir le choc de ce sang qui les malmenait…
Il fallait les nourrir car la vie attendait…
Vous êtes, amis, comme ces apôtres qui n'auraient pu dispenser que quelques maigres poissons et quelques morceaux de pain rassis…
Il vous faudrait, enfants, ce geste d'amour du Crucifié pour multiplier à l'infini, au fond de votre panier vide, cette offrande d'amour et de vie.
Où sera la main de Jésus ? Se tendra-t-elle pour que vos mains impatientes et fébriles puissent prendre, prendre, prendre encore et toujours pour jeter dans un geste large comme on sème sur une terre non préparée ?
Non, sa main ne se tendra pas pour multiplier à l'infini des offrandes que vous espérez et que vous… exigez ; sa main ne se tendra que pour essayer d'arrêter vos pas dans un geste d'amour, dans un geste de tendresse et peut-être, dans un geste de supplication ; et un jour lointain, sa main se tendra pour déchirer des voiles que vous aurez crus brillants et qui ne seront que le cache misère que vous aurez posé sur des vies qui, tout à coup, se révéleront vides, vides, désespérément vides…
Sa main ne se tendra que pour faire surgir la Vie du fond des Ténèbres, pour faire briller la Lumière sur vos horizons de nuit.

Nous devons sans cesse dans une tristesse immense exprimer, détailler, insister…

Je voudrais vous rappeler que les bras trop longuement tendus ne peuvent soutenir ce geste, et qu'il arrive toujours un moment où la fatigue trop grande, les crampes trop douloureuses, obligent l'être attentif et attentionné à baisser des bras qu'il voulait accueillants pour un répit indépendant de sa volonté.
Sachez, amis, que les muscles humains ne peuvent résister à des attitudes soutenues dans des gestes trop difficiles, et comme les muscles humains ne peuvent définitivement rester contractés dans un geste qui blesse, les membres fluidiques qui sont les nôtres sont eux quelquefois obligés de se baisser, non à cause de la douleur terrible de crampes qui torturent, mais tout simplement parce que repoussés par une main plus puissante que la nôtre, une main d'Amour, mais une main d'amour ferme, définitivement ferme, car ne seront plus soufferts les éléments de faiblesse dont nous faisons souvent montre pour récupérer les éléments vacillants et pervertis de vos vies ; et nos bras devront se baisser et pendront près de corps qui abriteront des cœurs déchirés de souffrance, et nous ne pourrons plus que relever vers vous nos visages bouleversés et laisser tomber sur vous, à travers des larmes qui brouilleront notre vue, un regard de tristesse et un regard de pitié…

Pourquoi, nous le répétons, le Ciel doit-il toujours pleurer sur les éléments destructeurs de vos vies ?…


archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…