Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

13 décembre 1981

   
   

Il est des tourbillons d'eau claire qui cascadent sur des cailloux, qui coulent dans des gorges profondes et, bien que bouillonnants, laissent apercevoir les graviers et les pierres qui tapissent les fonds ;
et tout est limpide et tout est pur.
Mais il est des eaux limoneuses, il est des eaux jaunâtres qui bouillonnent aussi, certes, qui roulent certes aussi sur les cailloux et les galets qui tapissent une gorge profonde, mais que le regard ne peut pénétrer, et l'écume qui devrait danser sur ces flots est une écume jaune et terreuse qui porte jusque vers les cieux, dans la projection de mille gouttelettes fangeuses, l'insondable de l'épaisseur de boues gluantes.
Comment est ta source, ami… cascadante et pure, limpide, cristalline,
ou furieuse, grondante et boueuse ?…
Eloigne-toi de la berge glissante, éloigne-toi de cette berge dangereuse ! Tu crois voir briller de l'autre côté des lumières qui t'attirent et t'appellent, et ton inconscience te pousse à te hasarder sur ce terrain glissant et mouvant ; et malgré les voix qui retentissent près de toi et qui te crient : « Attention ! » tu te crois assez fort pour braver les flots et tu te dis que, par la puissance qui est en toi, tu pourras franchir la distance qui te sépare de cette rive tentante où des lumières factices t'attireront vers un gouffre -le gouffre de ta désolation intérieure- et tu seras déchiré.
Ne te laisse pas séduire par les eaux tourbillonnantes et grondantes, va vers le petit ruisseau clair et limpide qui murmure sagement entre deux berges fleuries. Là, la ramure épaisse étend ses bras au-dessus de l'eau et la lumière ne peut passer que difficilement à travers l'épaisseur du feuillage, et l'ombre est fraîche…
Mais regarde ces quelques rais lumineux qui percent les feuilles : semblables à des flèches d'or, ils pénètrent l'ombre, et la lumière est encore plus palpitante, plus douce, et si tu laisses tes regards un moment fixés sur ces rayons si beaux, il te semblera que les gouttes d'eau du ruisseau ont été transportées autour de ces rayons, et que des gouttes de lumière éclaboussent alentour pour retomber comme des perles brillantes dans les coins les plus reculés de l'ombre…

Laisse-toi baigner de lumière, laisse ton front fiévreux se rafraîchir à ce courant limpide et si, comme nous le pensons, un jour vient où, après analyse profonde, tu sens une nausée monter à tes lèvres, un écœurement envahir ton être, alors, n'attends pas, cours vers cette eau limpide et murmurante, plonge tes mains, et dans une coupe, porte à tes lèvres cette eau, cette eau vive et fraîche qui pourra te purifier et te nettoyer. Bois à longs traits cette eau, enfant, bois à longs traits cette eau bénie et poudrée de lumière car tu boiras l'eau de la source de vie qui te gardera loin des portes de l'antichambre obscure de la mort lente et douloureuse, et ton esprit enfin libéré pourra aller vers un chemin montant qui te conduira plus haut.

 

 

 

Ton chemin, bien que chemin de terre, ne provoquait pas de cahots douloureux… Pourquoi ne pas analyser que nous essayons d'aplanir sous tes pieds les difficultés de ce chemin que tu devais prendre ?…

   
   

 

archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…