Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

10 juin 1984

   
   

Paysage désertique…
Sol rouge… terre sèche, craquelée…
Tout semble écrasé…

Une route pleine de trous, de pierres…
Au loin, se découpant sur un ciel si bleu que le regard ne peut le soutenir, une montagne rouge, aussi triste que le reste du décor…
Pic dressé comme une griffe énorme pour déchirer le bleu d'un ciel plein de vibrations presque palpables…
Un léger nuage, trait blanc et vaporeux, flotte au-dessus du pic comme une trace, cicatrice laissée par cette griffe monstrueuse, cicatrice d'une plaie qui aurait longuement saigné sur une terre désolée et aride en l'imprégnant, en l'imbibant d'un sang qui aujourd'hui continue à sécher, croûte immonde et horrible…
Sur le chemin, un homme…
Sur la terre craquelée et séchée, le blanc livide et sinistre d'ossements de bêtes abandonnés sur une terre silencieuse comme un rappel de l'horreur et du drame…

Vies enfuies…
Souffrances…
Où sont les âmes ?…

Au loin, l'aile noire d'un immense oiseau se profile et se découpe, trace ombreuse sur la lumière éblouissante du ciel et de l'horizon…

L'homme avance, accablé, perdu ; visage ruisselant de sueur, il va… il va, épaules ployées comme sous le poids trop lourd d'un fardeau pesant.
Il va… il traverse le chemin de la vie à travers la mort…
Il va, implacablement poussé par un destin d'erreurs qui le conduit vers la montagne de sang, vers la montagne de solitude et d'horreur, dressée, griffe monstrueuse qui se tend pour griffer et griffer encore l'azur d'où tombe la pluie brûlante des éclats d'un soleil qui explose et meurt…
Des ossements blancs sur le rouge de la terre…
Un homme va vers son destin d'horreur à travers la vie, à travers la mort…
Où va ton chemin, homme ?
Lève la tête et regarde l'aigle silencieux qui domine le désert que tu traverses !…
Arrête ton pas, ne regarde plus la montagne où tu crois trouver le trésor enfoui par les siècles écoulés.
Tu ne trouveras rien, homme, arrête, il est temps !…
Repose ton corps fatigué en le couchant sur cette terre qui, implacable, te détruira. Repose ton corps fatigué, harassé, repose tes pieds meurtris… et si tu veux bien, dans un effort suprême, refaire la route parcourue, fuis, fuis de toute la vitesse de tes pauvres membres vers ces points de vie que tu as laissés, vers les villes bruissantes, vers les maisons chaleureuses et vers les foyers chauds et crépitant d'amour ; fuis vers les vertes prairies, vers les troupeaux sauvages, vers les arbres et les jardins…

Regarde, homme, la flèche planante de l'aigle et du rapace qui, dans un ballet qui n'en finit pas, tournent puis s'élancent pour s'abattre et tuer.
Guette l'ombre qui plane, homme en guenilles dont le cœur essoufflé et brûlant ne peut plus battre que le glas de sa vie…
Regarde, homme troublé, regarde : derrière toi, les prairies vertes et grasses, les cours d'eau limpides et frais… la Vie !…
Devant toi, la terre rouge et sèche,
l'horizon qui tremble dans un mirage de rubis qui n'est qu'une réalité de sang…
Devant toi… la Mort !…

Quel est ton destin, homme douloureux et orgueilleux ?
Regarde et regarde encore, et va vers ce sentier lointain qui t'écartera de cet horizon rouge, de cet horizon dur, qui pourra se refermer sur toi, sur tes pas… sur ta vie, comme un linceul de toile rude, pour envelopper ton corps sans vie et sans espoir…
Horizon de sang, de pierres, de terre…
horizon de silence… horizon de mort…
et sur tout cela, brillante, limpide, vibrante, la Lumière dans le regard merveilleux et doux de Dieu…

Là-haut, au-dessus de la Terre, un ciel bleu, si bleu, si limpide que le regard ébloui ne peut plus contempler…

Là-haut…
Ici…

archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…