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Paysage
désertique
Sol rouge
terre sèche, craquelée
Tout semble écrasé
Une
route pleine de trous, de pierres
Au loin, se découpant sur un ciel si bleu que le
regard ne peut le soutenir, une montagne rouge, aussi triste
que le reste du décor
Pic dressé comme une griffe énorme pour déchirer
le bleu d'un ciel plein de vibrations presque palpables
Un léger nuage, trait blanc et vaporeux, flotte au-dessus
du pic comme une trace, cicatrice laissée par cette
griffe monstrueuse, cicatrice d'une plaie qui aurait longuement
saigné sur une terre désolée et aride
en l'imprégnant, en l'imbibant d'un sang qui aujourd'hui
continue à sécher, croûte immonde et
horrible
Sur le chemin, un homme
Sur la terre craquelée et séchée, le
blanc livide et sinistre d'ossements de bêtes abandonnés
sur une terre silencieuse comme un rappel de l'horreur et
du drame
Vies
enfuies
Souffrances
Où sont les âmes ?
Au
loin, l'aile noire d'un immense oiseau se profile et se
découpe, trace ombreuse sur la lumière éblouissante
du ciel et de l'horizon
L'homme
avance, accablé, perdu ; visage ruisselant de sueur,
il va
il va, épaules ployées comme sous
le poids trop lourd d'un fardeau pesant.
Il va
il traverse le chemin de la vie à travers
la mort
Il va, implacablement poussé par un destin d'erreurs
qui le conduit vers la montagne de sang, vers la montagne
de solitude et d'horreur, dressée, griffe monstrueuse
qui se tend pour griffer et griffer encore l'azur d'où
tombe la pluie brûlante des éclats d'un soleil
qui explose et meurt
Des ossements blancs sur le rouge de la terre
Un homme va vers son destin d'horreur à travers la
vie, à travers la mort
Où va ton chemin, homme ?
Lève la tête et regarde l'aigle silencieux
qui domine le désert que tu traverses !
Arrête ton pas, ne regarde plus la montagne où
tu crois trouver le trésor enfoui par les siècles
écoulés.
Tu ne trouveras rien, homme, arrête, il est temps
!
Repose ton corps fatigué en le couchant sur cette
terre qui, implacable, te détruira. Repose ton corps
fatigué, harassé, repose tes pieds meurtris
et si tu veux bien, dans un effort suprême, refaire
la route parcourue, fuis, fuis de toute la vitesse de tes
pauvres membres vers ces points de vie que tu as laissés,
vers les villes bruissantes, vers les maisons chaleureuses
et vers les foyers chauds et crépitant d'amour ;
fuis vers les vertes prairies, vers les troupeaux sauvages,
vers les arbres et les jardins
Regarde,
homme, la flèche planante de l'aigle et du rapace
qui, dans un ballet qui n'en finit pas, tournent puis s'élancent
pour s'abattre et tuer.
Guette l'ombre qui plane, homme en guenilles dont le cur
essoufflé et brûlant ne peut plus battre que
le glas de sa vie
Regarde, homme troublé, regarde : derrière
toi, les prairies vertes et grasses, les cours d'eau limpides
et frais
la Vie !
Devant toi, la terre rouge et sèche,
l'horizon qui tremble dans un mirage de rubis qui n'est
qu'une réalité de sang
Devant toi
la Mort !
Quel
est ton destin, homme douloureux et orgueilleux ?
Regarde et regarde encore, et va vers ce sentier lointain
qui t'écartera de cet horizon rouge, de cet horizon
dur, qui pourra se refermer sur toi, sur tes pas
sur
ta vie, comme un linceul de toile rude, pour envelopper
ton corps sans vie et sans espoir
Horizon de sang, de pierres, de terre
horizon de silence
horizon de mort
et sur tout cela, brillante, limpide, vibrante, la Lumière
dans le regard merveilleux et doux de Dieu
Là-haut,
au-dessus de la Terre, un ciel bleu, si bleu, si limpide
que le regard ébloui ne peut plus contempler
Là-haut
Ici
archange
Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle
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