Chapitre IV…



 


Hitler, médium de satan…

 

  Qu'auraient-ils été sans la politique ?

   
   


« Que seraient-ils sans la politique ? des pauvres types et des ratés. La politique n'est-elle pas le lieu de rassemblement de tous ceux qui n'ont pas réussi ailleurs ? Pour toutes les professions, il faut des compétences et des diplômes. En politique, n'importe quel minable ayant la langue bien pendue peut faire carrière et se propulser au premier rang… » [Hitler]

Le docteur Walter Stein, son contemporain a vu ce spectacle qui serre le cœur d'un jeune clochard essayant de vendre ses aquarelles aux passants de Vienne.
Assis près d'une vitrine de la pâtisserie Demel, Stein était en train de lire le «Parzival» de Wolfram von Eschenbach sur un exemplaire défraîchi couvert de remarques tantôt lyriques, tantôt furieuses, quand son regard fut capté par un jeune homme, vêtu d'un sordide manteau noir, trop grand pour lui, qui courait d'un touriste à l'autre. Il fut frappé par sa curieuse petite moustache, par son visage très blanc barré d'une mèche noire, et surtout par son regard tragique et interrogatif qui signifiait : « Vous ne voulez vraiment pas m'acheter quelque chose ? »
En fin d'après-midi, quand Walter Stein quitta le Demel, le malheureux était toujours là avec ses peintures de la taille d'une carte postale. Il n'en avait vendu aucune
. Stein eut pitié de lui, il lui en acheta trois. Tel fut leur premier contact. Arrivé à la maison, il constata que l'une d'elle représentait la Sainte Lance, dont justement il était question dans le «Parzival» qu'il était en train de lire. Les trois étaient signées Adolf Hitler, or c'était justement le nom qui figurait sur le livre d'occasion qu'il venait d'acheter. Il retourna chez le libraire Pretzsche et exprima le désir de faire la connaissance du jeune lecteur qui avait couvert le Wolfram von Eschenbach d'aussi bizarres commentaires. La première entrevue fut houleuse, car Adolf était furieux que Pretzsche eût vendu un livre qu'il lui avait laissé en dépôt.

Sans la politique, Hitler aurait continué à proposer aux passants ses petites aquarelles, il aurait continué à vivre de la charité publique, mais on ne rencontre pas tous les jours un Walter Stein.






Le capitaine Röhm qui ne pouvait reprendre pied dans la vie civile où son avenir était barré à cause de son homosexualité trop voyante, avait fait de ses S.A. et plus particulièrement de son haut état-major, un véritable harem d'hommes.






De tous les grands chefs nazis, c'est von Ribbentrop qui entra le plus tardivement au Parti, seulement en 1932. Avant de se décider, il alla consulter la chirologue Blanche Orion, célèbre pour l'exactitude de ses diagnostics et de ses prédictions ? C'est une amie commune, une Américaine, Nathalie de Bogory, journaliste au New York Herald, qui les mit en relation.
Simone de Tervagne, dans "Les Hommes politiques et leurs voyantes", nous a transmis les confidences de Blanche Orion :
- « C'était un très bel homme, grand, blond, aux yeux bleu clair. Il avait énormément de classe et parlait le français sans le moindre accent. »
Von Ribbentrop, lui aussi, était sous le charme. Savait-il que Blanche Orion était en réalité la baronne Joudrier de Soester ? En palpant sa main, elle comprit que le consultant était dans les affaires et qu'il désirait changer de profession. Elle le lui dit.
- « Tout à fait exact, Madame. Je suis représentant d'une marque de champagne, je gagne bien ma vie, mais j'ai l'intention d'abandonner cette activité pour me lancer dans la politique. On vient de me faire à ce sujet des propositions très intéressantes. Je voudrais connaître votre avis. »
Comme elle tenait toujours la main de von Ribbentrop, Blanche Orion se sentit au bord de l'évanouissement. Elle était glacée, oppressée, au comble de l'angoisse. Il en était ainsi à chaque fois qu'elle examinait la main d'un être voué à une mort tragique. Même en palpant un objet ou une lettre lui appartenant, elle ressentait au cœur comme un coup de poignard, des frissons la parcouraient, tout se passait comme si la vie se retirait d'elle :
- « Ah ! Monsieur, un drame sur votre tête ! Je vous en prie, abandonnez ce projet ! Ne changez surtout pas d'activité !
- Vous ne décelez en moi aucune disposition pour la politique ?
- Si, si, au contraire… Grâce à vos très réelles dispositions, vous pouvez monter très haut et très vite, mais vous risquez aussi d'être précipité très, très bas. Croyez-moi, ne donnez pas de suite. »
Von Ribbentrop se leva, s'inclina et prit congé, ravi, ne voulant retenir que la première partie de la prédiction : « Vous monterez très haut et très vite. »
Le lendemain, Nathalie de Bogory téléphona à son amie pour lui révéler qu'il s'agissait d'un aristocrate allemand qu'elle avait connu à New York.
- « Que pensez-vous de lui ? Où en est-il ?
- Il veut bifurquer vers la politique. Cela lui sera fatal. »
Von Ribbentrop monta en effet et très vite. Négligeant les mises en garde de Blanche Orion, il s'inscrivit au parti national-socialiste aussitôt après. Quatre ans plus tard, il était ambassadeur à Londres ; en février 1938, le voici ministre des Affaires étrangères. Comme il était devenu le grand spécialiste de l'Angleterre, Hitler le consultait souvent :
- « Pensez-vous que, si nous entrons en Pologne, les Britanniques bougeront ?
- Mais non, ils vous laisseront les mains libres, comme pour la Tchécoslovaquie. Avec les démocraties, on peut tout se permettre. »
Il aurait pu ajouter ce que Mussolini disait à Ciano :
- « Les démocraties sont créées et mises au monde pour avaler toutes les couleuvres. »
Donc, à deux reprises, von Ribbentrop fut à l'origine de la guerre :
     - 1) en berçant le Führer d'illusions : « En aucun cas, les Britanniques n'interviendront » ;
     - 2) en signant, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique avec Molotov.

Treize ans à l'avance, Blanche Orion -que consultait aussi Charles de Gaulle par le général Lavalade interposé- avait vu derrière l'aimable aristocrate, le pendu de Nuremberg.







 

 

 

  Un orateur du bas-astral

   
   


Pour définir Hitler et son éloquence, Otto Strasser [Hitler et moi - aux éditions Grasset] recourt lui aussi aux mots de somnambule et de médium :
« Un somnambule, en vérité, un médium comme en engendrent les époques les plus troublées de l'évolution humaine. Il surgit de l'ombre intermédiaire entre la nuit et le jour. Que de fois on m'a demandé en quoi consistait l'extraordinaire pouvoir de l'orateur Hitler ! Je ne saurais l'expliquer autrement que par cette intuition miraculeuse qui lui transmet l'infaillible diagnostic du mal dont souffre son auditoire. S'il essaie d'étayer ses discours de théories savantes, extraites d'œuvres incomplètement comprises, il ne se hausse guère au-dessus d'un être médiocre ; mais qu'il jette ses béquilles, qu'il fonce en avant, prononçant les paroles que lui insuffle l'Esprit, et le voilà aussitôt transformé en un des plus grands orateurs du siècle.
Il ne cherche pas à prouver ses assertions, il est fort surtout lorsqu'il parle de valeurs abstraites. : Honneur, famille, patrie, peuple, fidélité prennent dans sa bouche une signification insoupçonnée.
Quand un peuple veut la liberté, les armes poussent dans sa main… Quand un peuple a perdu la foi dans la force de son glaive, il est voué à la plus lamentable destruction.
L'intellectuel, en écrivant ces phrases, rougit de leur platitude, de leur grandiloquence vide. Mais, prononcées par Hitler, elles enflamment l'auditoire, elles vont droit au cœur de chacun. »






Opposé aux prétentions d'Hitler dès 1930, Otto Strasser fut exclu du Parti en mai de cette année-là. Il fonda une Union des socialistes nationaux révolutionnaires qui fut dissoute dès que son adversaire arriva au pouvoir. Quand son frère Grégor fut assassiné au lendemain de la Nuit des Longs Couteaux du 30 juin 1934, il fut contraint de s'exiler. […] Mais qui dès le début des années 20 avait formé Hitler, qui, sinon le Pygmalion Eckart ? [Outre son enseignement, Eckart donnait au besogneux Hitler les moyens de subsister matériellement, lui achetant un imperméable, payant son loyer et sa nourriture ; Goering, à qui sa femme avait apporté de la fortune, participait pour moitié à la dépense.] C'est lui qui améliora l'allemand écrit et parlé de l'agitateur autrichien, qui lui apprit à se présenter (il avait dirigé des acteurs), à s'exprimer tant par la parole que par le geste… et même à entrer en contact avec les puissances obscures… [N.d.l.r. - Il était un précurseur, car aujourd'hui, nos politiques de tous bords font de même : leçon d'élocution, de maintien, chirurgie esthétique et contactent voyantes et astrologues…]
« Suivez Hitler, » devait-il déclarer pendant son agonie, « il dansera, mais c'est moi qui aurai écrit la musique. Nous lui avons donné les moyens de communiquer avec Eux. Ne me pleurez pas : j'aurai influencé l'Histoire plus qu'aucun autre Allemand… »
Qui « Eux » ? Les Supérieurs inconnus ?… ou les Entités des zones sombres de l'Au-delà, les Méphistophélès ? Rauschning, qui était pourtant bien éloigné de ces choses, raconte comment des Entités maléfiques venaient assaillir Adolf Hitler pendant son sommeil :
- « Une personne de son entourage m'a dit qu'il s'éveillait la nuit en poussant des cris convulsifs. Il appelle au secours… Assis sur le bord de son lit, il est comme paralysé, il est saisi d'une panique qui le fait trembler au point de secouer le sommier. Il profère des vociférations confuses et incompréhensibles. Il halète comme sur le point d'étouffer.

[…]

La même personne m'a raconté une de ses crises avec des détails que je me refuserais à croire, si ma source n'était pas aussi sûre. Hitler était debout dans sa chambre, chancelant, regardant autour de lui d'un air égaré :
- "C'est lui ! c'est lui ! il est venu ici !…" grommelait-il. Ses lèvres étaient bleues, la sueur ruisselait à grosses gouttes de son front. Subitement, il prononça des chiffres, sans aucun sens, puis des mots, des bribes de phrases… C'était effroyable, il employait des termes bizarrement assemblés, tout à fait étranges… Puis, de nouveau, il devint silencieux en continuant de remuer les lèvres. Alors on le frictionna, on lui fit prendre une boisson… Puis, subitement, il rugit : "Là, là ! dans le coin ! Qui est là ?" Il frappait du pied le parquet et hurlait. On le rassura, en lui disant qu'il ne se passait rien d'extraordinaire et il se calma peu à peu… »

Quelles Entités du bas-astral étaient venues rendre visite à celui qui s'était engagé à leurs côtés. Quelles puissances montées de l'Abîme s'étaient momentanément emparées de ce corps ?…







 

 

 

  Aleister Crowley…

   
   


Il s'était proclamé The Great Best, To Mega Therion, la Bête d'Apocalypse XIII… Ce Lucifer britannique, qui se donnait aussi les surnoms de 666, de Baphomet et d'époux de la Femme écarlate, s'était écrié, ivre d'orgueil :
- « Avant que Hitler fût, je suis ! » et poursuivait toujours plus blasphématoire : « Je suis le nom qui n'a pas été prononcé… Je suis l'étincelle qui n'a pas été engendrée… Je suis qui va toujours, étant moi-même la voie… » […] Quand il proposa à Churchill un moyen magique de gagner la guerre, il se fit éconduire. Il n'eut jamais aucun pouvoir et toutes ses balivernes occultes en restèrent au stade des invocations maléfiques, des rituels orgiaques et des sacrifices d'animaux.
Pourtant, l'Intelligence Service utilisa cet honorable correspondant qui présentait tous les caractères de l'agent double. Il est difficile de savoir quels furent les rapports de Crowley et des chefs nazis. Toujours est-il qu'il se trouvait à Berlin en 1936 et qu'il ne fut pas inquiété à une époque où Hitler persécutait voyants et mages, lui qui ne pouvait se passer de leurs services.







 

 

 

  Mein Kampf

   
   


Un livre collectif …

Quand, après leur putsch manqué des 8 et 9 novembre 1923, putsch qui visait à renverser le gouvernement de Bavière, Hitler et Hess se retrouvèrent à la prison de Landsberg, c'est Haushofer qui prit la succession d'Eckart décédéà la suite de ses excès d'alcool et de drogue. Le général apporta au caporal qu'il visitait régulièrement en sa cellule 7, les grands classiques : Machiavel, Gobineau ; Nietzsche, Georges Sorel qu'Adolf connaissait en partie, et aussi, "The Group Mind" de Mac Dougall et "La Psychologie des foules" de Gustave Le Bon.
- « Je faisais absorber à Hitler, des quantités d'ouvrages. » […] Hitler engrangeait tout cela et c'est ainsi que naquit "Mein Kampf". Il demanda à un journaliste nommé Stenzler, de revoir son manuscrit, de mettre de l'ordre dans ce fatras. Cinq ans plus tard, il le fit assassiner par la S.S. Restait le père Stempfle qui avait corrigé les épreuves d'imprimerie : il fut massacré au lendemain de la Nuit des Longs Couteaux le 30 juin 1934, […] le même jour que Heimsoth, l'astrologue de Röhm. Il s'agissait d'éliminer aussi les occultistes qui n'étaient pas dans la ligne.
- « Ils ont assassiné mon pauvre Père Stempfle !… » dit Hitler en versant des larmes de crocodile. En fait le Dr Stempfle, membre de la Société de Thulé, était son conseiller et le détenteur de ses archives privées. Ayant récupéré des lettres compromettantes, il savait la vérité sur le "suicide" de Geli Raubal, la nièce trop aimée du Parteiführer. Il était aussi son agent de liaison avec le Vatican.







 

 

 

  Des films prémonitoires…

   
   


À la fin de 1923, le parti nazi comptait déjà 56 000 membres. Pendant ce temps sévissait une inflation fantastique : la livre de pommes de terre coûtait 50 milliards de marks, un œuf, 80, un verre de bière 150. La livre de viande atteignait 3 billions et la livre de beurre 6 billions, soit 6 millions de millions. À la fin du processus, les prix variaient d'heure en heure, il fallait une valise pour transporter les billets de banque. La démoralisation était à son comble : un raz de marée de suicides, de cas de folie, d'infanticides et de crimes submergeait tout le pays.
C'est alors que cinéma joua un rôle de miroir : "La Rue sans joie" un film de Pabst (où l'on pouvait remarquer une débutante, Greta Garbo) décrivit les ravages inouïs de l'inflation tant dans la classe moyenne que dans le petit peuple.
Quelques années plus tard, Fritz Lang tournait "Les assassins sont parmi nous". Les nazis qui étaient à la veille de prendre le pouvoir, se sentirent visés et un émissaire du Parti fit irruption chez le producteur ; il le menaça s'il ne changeait pas le titre du film. Fritz Lang, qui avait déjà vu à l'œuvre leurs représailles -on était en 1931- céda et rabaptisa son film "M" (M. comme Maudit).

[…]

De plus en plus hostile aux nazis, de plus en plus suspect à leurs yeux, Fritz Lang décida de quitter l'Allemagne pour la France d'abord, pour Hollywood ensuite. Sa femme se garda bien de l'accompagner. Inscrite au Parti, Thea von Harbou obtint finalement le divorce puisqu'il était juif et devint une des cinéastes les plus fêtées du Reich.






Au bout de treize mois au lieu des cinq ans prévus, Hitler sortit de la forteresse de Landsberg, prison plutôt douce où il avait eu tout le loisir, grâce à Rudolf Hess, d'écrire « Mein Kampf »
Un beau matin, il vit paraître sur sa route, un certain Louis-Christian Hausser, féru d'astrologie, qui lui tira son horoscope :
- « Votre thème astral indique une ascension rapide et extraordinaire. C'est pour vous qu'une Allemagne, purgée de ses parasites, rénovera le monde. C'est vous qui serez mon disciple !… »
Disciple ! Dire cela à quelqu'un qui se prenait pour le Messie ! Hitler n'appréciait pas beaucoup ce rôle de brillant second. Néanmoins, pendant quelque temps, ils parcoururent l'Allemagne ensemble, puis Adolf vola de ses propres ailes. […]







 

 

 

  Il disait à chacun ce qu'il voulait entendre…

   
   


Virtuose du langage multiple, Hitler rassurait les grands industriels de la Ruhr :
- « Avec moi, finis les désordres, les révolutions, le sabotage de la production, les grèves perpétuelles comme en France. Je mettrai au pas la classe ouvrière et les syndicats. Mais, pour tout cela, il me faut de l'argent : pour mes tracts, pour mes affiches, mes locaux, les uniformes de nos militants qui se battent pour vous… »

[…]

Il rassurait les monarchistes promettant de rendre à l'Allemagne son premier rang en Europe…
Il rassurait les catholiques :
- « Je suis un fidèle de l'Eglise romaine, élevé dans une école religieuse. Le pieux enfant que je fus, aurait voulu devenir prêtre. Je suis avant tout un Allemand du Sud qui saura contrecarrer l'hégémonie de la Prusse, hégémonie protestante instaurée par Bismark… »
Il rassurait les protestants :
- « J'accomplirai au XXe siècle ce que votre grand Luther sut accomplir au XVIème. Je n'ai fait que naître en Autriche, mais mon cœur est là où se trouve le cœur de l'Allemagne, à Berlin. »
Il exaltait les artistes :
- « Je suis l'un d'entre vous. L'architecture, la musique, la peinture, voilà tout mon bonheur, voilà toute ma vie. Ah ! si les circonstances avaient été autres, si je n'avais pas consacré ma vie au salut de l'Allemagne… »
Chose extravagante : cet homme qui ne parlait que du salut de l'Allemagne n'était toujours pas Allemand. Jusqu'en 1932, il dut inscrire sur ses fiches d'hôtel : Staalos : apatride ; profession : écrivain. Son livre unique atteignit des tirages fantastiques entre 1933 et 1945 : dix millions d'exemplaires, sans compter les traductions en 16 langues. Robert Brasillach, en 1935 en parlait ainsi : « Le chef-d'œuvre du crétinisme excité écrit par une espèce d'instituteur enragé. » Après 1945, observe Dietrich Bronder, le livre fut vendu à 300 000 exemplaires rien qu'aux Etats-Unis et traduit en grec, japonais, espagnol, portugais, français et même arabe…
Il exaltait les jeunes en leur parlant de camps de vacances, de randonnée de montagne et même de croisières en créant la « Hitlerjungend ». […]






Tous les chefs nazis se flattaient d'être d'excellents pères de famille et sans doute l'étaient-ils. Car, Hitler, cet homme bizarre, était fort sensible. Dans ses discours à usage interne, il se laissait aller parfois à des trémolos guettés par les jeunes S.S. qui trouvaient cela du plus haut comique. Rauschning nous apprend que, dans ces cas-là, il y avait toujours aux deuxième et troisième rangs des mauvaises têtes qui pouffaient de rire… Adolf ne voyait rien car il était myope et ne portait des lunettes que dans le privé. Ses discours étaient rédigés en très gros caractères.
Trémolos et coups de gueule, attendrissement et cruauté peuvent, sans difficultés, faire bon ménage.
Dans le privé et en présence de petits groupes, Hitler se montrait réfléchi, pondéré, apaisant. Avec beaucoup d'astuce, il disait à chacun ce qu'il voulait entendre. […] Aux ouvriers, il disait : je suis comme vous un fils du peuple et avant tout un socialiste ; avec moi, plus de chômage, mais de hauts salaires, des logements confortables, des allocations familiales ; avec moi, des autoroutes et une voiture populaire (Volkswagen).
Mais dans l'intimité, il déclarait :
- « Le peuple n'est qu'une masse de zéros aveugles et sourds, un troupeau de moutons à la tête vide, un mélange de bêtise et de lâcheté. Il n'y a plus qu'à le neutraliser par la ruse ou par la force… »

[…]

Le maréchal Von Hindenburg reçut du général Ludendorff cette lettre : « Vous avez remis le pays à l'un des plus grands démagogues de tous les temps. Je vous prédis que cet homme fatal entraînera notre Reich dans l'abîme et sera la cause de misères inimaginables pour notre nation. Pour cette décision, les générations futures vous maudiront dans votre tombe… »
Ignorant cette prophétie étonnamment exacte, Hitler tenait meeting sur meeting, discourait, débattait, apostrophait, vaticinait, gesticulait…






Eckart : « Le Goetheanum… il faut me faire disparaître cette saloperie. Il faut y mettre le feu… ce sera facile, c'est tout en bois. Faites-moi un autodafé de cette baraque et que Steiner crève dans les flammes, et aussi sa fameuse sculpture qui représente le Christ triomphant d'Ahriman et de Lucifer. C'est promis ?
- Oui, Dietrich, c'est promis !
- Que ce soit fait dans un mois au plus tard !
- Ce sera fait, compte sur nous !
- Cette fois, nous aurons sa peau… »`
Il faisait allusion à l'attentat manqué de la gare de Munich, en 1922. Un miracle se produisit : Steiner en est sorti indemne.
Les gens de Thulé tinrent parole : le soir du nouvel an 1923, le Goetheanum de Dornach où Steiner donnait une grande conférence, fut incendié en plusieurs endroits. Nouveau miracle : il n'y eut aucune victime parmi les huit cents auditeurs qui eurent le temps de s'échapper, mais les bâtiments en bois, tout neufs, furent entièrement détruits. Quant à cette sculpture de neuf mètres de haut qui faisait enrager Eckart, elle fut épargnée : elle se trouvait encore dans l'atelier de l'artiste…
Steiner ne se laissa abattre. Avec les dons qui affluèrent, il construisit le Goetheanum en dur cette fois. Il eut la satisfaction de le voir terminé avant sa mort en 1925. Il dresse toujours sa masse imposante à Dornach, aux environs de Bâle.







 

 

 

  « Si la France réagit, je me suiciderais… »

   
   


De 1923 à 1933, la France eut droit à toutes les malédictions du futur chancelier du Reich. Quand, en 1936, Bertrand de Jouvenel obtint de lui une interview, il le lui rappela :
- « Vous avez écrit, dans Mein Kampf, que la France était l'ennemi numéro 1 de l'Allemagne et qu'il fallait la détruire. Vous n'avez jamais corrigé ce texte.
- Je ne suis pas un écrivain, Monsieur de Jouvenel, je suis un homme politique. Je ne rectifie pas un vieux texte écrit quand vos troupes occupaient la Ruhr ? Ma rectification, je l'écrirai dans le livre de l'Histoire. Il y a dans la vie des peuples, des occasions décisives. Aujourd'hui, la France peut, si elle le veut, mettre fin à tout jamais, à ce "péril allemand" que vos enfants, de génération en génération, apprennent à redouter ? N'est-il pas à l'avantage de nos deux pays d'entretenir de bons rapports ? Ne serait-il pas ruineux pour eux de s'entrechoquer sur de nouveaux champs de bataille ? »
Ce langage d'homme d'état responsable contrastait avec les imprécations déchaînées du tribun de naguère. En réalité, le chancelier redoutait l'imminente signature du pacte franco-soviétique…






…l'armée allemande, en complète réorganisation, n'était pas prête.
- « Aucune importance » répliqua Hitler, « l'armée française n'entrera pas en campagne. Je sais moi, que la France ne bougera pas, elle est une fois de plus en élections. Nous pourrons opérer en toute tranquillité. Il est même inutile de donner des munitions à nos soldats. Ils arriveront en Rhénanie l'arme à la bretelle…
- Et pourtant, si la France attaquait… insista von Fritsch.
- Si la France réagit, je me suiciderai et vous pourrez donner l'ordre de repli. »
Je me suiciderai… Adolf ne parlait pas sérieusement. Il savait bien qu'il n'avait rien à redouter d'une France elle-même suicidaire, perpétuellement affaiblie par ses grèves et ses crises ministérielles, par son pacifisme et le mépris de son armée ; la France n'est dangereuse que pour elle-même…

[…]

Le général belge Schmidt prend à part un ami de l'ambassade de France :
- « En ce moment même, à la chancellerie, on décrète la réoccupattion de la zone démilitarisée. Parlez-en de toute urgence à votre attaché militaire… » Ce qui fut fait, mais l'attaché était incrédule :
- « Allons, vous plaisantez, nous n'en sommes pas encore là !… »
À l'aube du 7, Hitler dit à ses généraux :
- « La France est en pleine période électorale, divisée, déchirée par les luttes des partis. Sans l'Angle terre, la France protestera, mais n'agira pas ? Allons, c'est décidé ! »
Deux heures plus tard, ses troupes pénétraient en Rhénanie. L'infanterie n'avait pas une cartouche, l'artillerie pas un obus, les avions, pas de munitions. Par prudence, elles bivouaquèrent aux environs des agglomérations ; puis, confiantes par l'absence de réaction française, elles pénétrèrent dans les grandes villes… […]







 

 

 

  Au fait, qui est en train de se désagréger ?…

   
   


Le 9 mai 1940, le commandant Baril du 2ème Bureau téléphone au ministère de la Guerre :
- « Il faudrait rappeler immédiatement les permissionnaires. Mes renseignements font pressentir une attaque imminente. » On lui répond en haut lieu :
- « rappeler les permissionnaires ? Pour quoi faire ? Ce n'est pas demain qu'ils auront à se battre. L'Allemagne est en train de se désintégrer. »
Le 9 mai, 12 % des effectifs étaient en permission et, sur le front, la grande affaire, c'était le théâtre aux armées : le chanteur André Dassary était programmé pour le lendemain ! Quelques journaux reprochèrent à Hitler le plus sérieusement du monde, d'avoir attaqué pendant les fêtes de Pentecôte. La France avait déjà la religion des week-ends et des ponts. Tandis que les blindés déferlaient sur les départements du Nord, tandis que leurs habitants fuyaient par milliers sur les routes succédant ainsi aux civils belges et hollandais, la presse parisienne des 14 et 15 mai, imperturbable, parlait de Heddy Lamar devenue brune, de Viviane Romance qui serait Messaline, de Clara Tambour qui faisait sa rentrée, du corps de ballet de l'Opéra qui s'apprêtait à partir pour l'Espagne…
Ce n'est que le 19 que Paris commença à comprendre quand MM. Reynaud et Daladier, enfin réconciliés, allèrent à Notre-Dame prier pour la victoire et quand on promena la châsse de sainte Geneviève : c'était à Dieu de réparer l'incurie de toute une nation.
« La France sera paralysée par ses troubles intérieurs et ses conflits politiques… » prophétisait Adolf Hitler. En effet, la France en était à son centième ministère depuis 1870. Entre la démission de Clémenceau en janvier 1920 et celle de Daladier en mars 1940, elle avait changé 42 fois de président du Conseil. Le 9 mai 1940, veille de l'invasion, elle était sans gouvernement. Quand la France n'est pas en crise ministérielle, en élections ou en grève, elle est en vacances.






Un étudiant allemand me conta la bonne histoire suivante qui courait déjà à travers le Reich :
- « Un Russe, c'est une âme… deux, une beuverie… trois, c'est le chaos ; un Allemand, c'est un savant… deux, un concert de musique… et trois… c'est la guerre ; un Français, c'est un brillant causeur… deux, c'est un parti politique… trois, la grève générale.



 

 

 

 
 
Hitler, médium de satan…