– Lorsque vous priez, ne ressemblez pas aux hypocrites qui affectent de prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des Hommes.
Je vous dis, en vérité, ils ont reçu leur récompense…

Jésus

– Mais lorsque vous voudrez prier, entrez dans votre chambre, et la porte étant fermée, priez votre Père dans le secret ; et votre Père, qui voit ce qui se passe dans le secret, vous en rendra la récompense…

Jésus

– N'affectez point de prier beaucoup dans vos prières, comme font les Païens qui s'imaginent que c'est par la multitude des paroles qu'ils sont exaucés…

Jésus

– Ne vous rendez donc pas semblables à eux, parce que votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez…

Jésus

– Lorsque vous vous présentez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos péchés…

Jésus

– Si vous ne pardonnez, votre Père, qui est dans les cieux, ne vous pardonnera point non plus vos péchés…

Jésus




 

 

 

Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui mettaient leur confiance en eux-mêmes, comme étant justes, et méprisaient les autres :
Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était pharisien et l'autre publicain.
Le pharisien se tenant debout, priait ainsi :
– « Mon Dieu, je vous rends grâce de ce que je ne suis point comme le reste des Hommes qui sont voleurs, injustes et adultères, ni même comme ce Publicain : je jeûne deux fois la semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède. »
Le Publicain, au contraire, se tenant éloigné, n'osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine en disant :
– « Mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur… »
Je vous déclare que celui-ci s'en retourna chez lui, justifié, et non l'autre ; car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse, sera relevé…


 

De la prière…

Allan Kardec

   

Qualité de la prière…
Comment nous devons prier…

Les qualités de la prière sont clairement définies par Jésus :
       • lorsque vous priez, dit-il, ne vous mettez point en évidence, mais priez dans le secret ;
       • n'affectez point de prier beaucoup, car ce n'est pas par la multiplicité des paroles que vous serez exaucés, mais par leur sincérité ;
       • avant de prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui, car la prière ne saurait être agréable à Dieu si elle ne part d'un cœur purifié de tout sentiment contraire à la charité ;
       • prier enfin, avec humilité, comme le Publicain, et non avec orgueil, comme le Pharisien ; examinons nos défauts, et non nos qualités, et si nous nous comparons aux autres, cherchons ce qu'il y a de mal en nous, tout en se rappelant, qu'il est plus facile de voir la paille qui est dans l'œil de son voisin que la poutre qui est dans le sien…

 

Efficacité de la prière…
Il y a des gens qui contestent l'efficacité de la prière, et ils se fondent sur ce principe que, Dieu connaissant nos besoins, il est superflu de les lui exposer. Ils ajoutent encore que, tout s'enchaînant dans l'univers par des lois naturelles, nos vœux ne peuvent changer les décrets divins.

Sans aucun doute, il y a des lois naturelles et immuables que Dieu ne peut abroger selon le caprice de chacun ; mais de là à croire que toutes les circonstances de la vie sont soumises à la fatalité, la distance est grande. S'il en était ainsi, l'Homme ne serait qu'un instrument passif sans libre arbitre, et sans initiative. Dans cette hypothèse, il n'aurait qu'à courber la tête sous le coup de tous les événements, sans chercher à les éviter ; il n'aurait pas dû chercher à détourner la foudre… Dieu ne lui a pas donné le jugement et l'intelligence pour ne pas s'en servir, la volonté pour ne pas vouloir, l'activité pour rester dans l'inaction. L'Homme étant libre d'agir dans un sens ou dans un autre, ses actes ont pour lui-même et pour autrui, des conséquences subordonnées à ce qu'il fait ou ne fait pas ; par son initiative, il y a donc des événements qui échappent à la fatalité et qui ne détruisent pas pour autant l'harmonie des lois universelles, que l'avance ou le retard de l'aiguille d'une pendule ne détruit la loi du mouvement sur laquelle est établi le mécanisme. Dieu peut donc accéder à certaines demandes sans déroger à l'immuabilité des lois qui régissent l'ensemble, son accession restant subordonnée à sa volonté.

Il serait illogique de conclure de cette maxime : « Quoi que ce soit que vous demandiez par la prière, il vous sera accordé », qu'il suffit de demander pour obtenir, et injuste d'accuser la Providence si elle n'accède pas à toute demande qui lui est faite car elle sait mieux que nous, ce qui est pour notre bien : ainsi en est-il d'un père sage qui refuse à son enfant, les choses contraires à l'intérêt de celui-ci. L'Homme, généralement, ne voit que le présent : or, si la souffrance est utile à son bonheur futur, Dieu le laissera souffrir, comme le chirurgien fait souffrir le malade pour une opération qui doit amener à la guérison.
Ce que Dieu lui accordera, s'il s'adresse à lui avec confiance, c'est le courage, la patience et la résignation. Ce qu'il lui accordera encore, ce sont les moyens de se tirer lui-même d'embarras, à l'aide des idées qu'il lui fait suggérer par les bons Esprits, lui en laissant ainsi le mérite ;
il assiste ceux qui s'aident eux-mêmes, selon cette maxime : « Aide-toi, le ciel t'aidera », et non ceux qui attendent tout d'un secours du Ciel sans faire usage de leurs propres facultés ; mais la plupart du temps, on préférerait être secouru par un miracle, sans avoir rien à faire…

Prenons un exemple : Un homme est perdu… il souffre horriblement de la soif, il se sent défaillir, se laisse tomber à terre ; il prie Dieu de l'assister et attend : mais aucun ange ne vient lui apporter à boire… Cependant, un bon Esprit lui suggère la pensée de se lever, de suivre un des sentiers qui se présentent devant lui ; alors, par un mouvement machinal, rassemblant ses forces, il se lève et marche à l'aventure. Arrivé sur une hauteur, il découvre au loin, un ruisseau ; à cette vue, il reprend courage.
S'il a la foi, il s'écriera :
– « Merci, mon Dieu, de la pensée que vous m'avez inspirée et de la force que vous m'avez donnée ».
S'il n'a pas la foi, il dira :
– « Quelle bonne pensée j'ai eue là ! Quelle chance j'ai eue de prendre le sentier de droite plutôt que celui de gauche ; le hasard fait bien les choses, quelquefois ! Comme je suis fier d'avoir eu le courage de continuer et de ne m'être pas laissé abattre ! »

mais, dira-t-on, pourquoi le bon Esprit ne lui a-t-il pas dit clairement :
– « Suis ce sentier, et au bout, tu trouveras ce dont tu as besoin… » ?
Pourquoi ne s'est-il pas montré à lui pour le guider et le soutenir dans sa défaillance ? De cette manière, il aurait été convaincu de l'intervention de la Providence.
C'est d'abord pour lui apprendre qu'il faut s'aider soi-même et faire usage de ses propres forces. Puis, par l'incertitude, Dieu met à l'épreuve la confiance en Lui et la soumission à sa volonté. Cet homme était dans la situation d'un enfant qui tombe, et qui, s'il aperçoit quelqu'un, crie et attend qu'on vienne le relever ; s'il ne voit personne, il fait des efforts et se relève tout seul.
Si l'archange Raphaël qui accompagna Tobie lui eût dit : « Je suis envoyé par Dieu pour te guider dans ton voyage et te préserver de tout danger », Tobie n'aurait eu aucun mérite, se fiant sur son compagnon pour dépasser tous les dangers du voyage ; il n'aurait même pas eu besoin de penser, c'est pourquoi, l'ange ne se fait connaître qu'au retour.

Action de la prière…
Transmission de la pensée…

La prière est une invocation ; par elle, on se met en rapport de pensée avec l'être auquel on s'adresse. Elle peut avoir pour objet une demande, un remerciement ou une glorification.
On peut prier pour soi-même ou pour autrui, pour les vivants ou pour les morts…

Le Spiritisme explique l'action de la prière par le mode de transmission de la pensée, soit que l'être prié vienne à notre appel, soit que notre pensée lui parvienne. Il faut pour s'en rendre compte, se présenter tous les êtres incarnés et désincarnés plongés dans le fluide universel, qui occupe l'espace comme ici-bas, nous le sommes dans l'atmosphère : ce fluide reçoit une impulsion de la volonté ;
[…]
Lors donc que la pensée est dirigée vers un être quelconque, sur la terre ou dans l'espace, un courant fluidique s'établit de l'un à l'autre, transmettant la pensée, comme l'air transmet le son.
[…]
C'est ainsi que la prière est entendue des Esprits à quelque endroit qu'ils se trouvent, que les Esprits communiquent entre eux, qu'ils transmettent leurs inspirations, que des rapports s'établissent à distance entre les incarnés…
[…]
Par la prière, l'Homme appelle à lui le concours des bons Esprits qui viennent le soutenir dans ses résolutions, et lui inspirer de bonnes pensées ; il acquiert ainsi la force morale nécessaire pour vaincre les difficultés et rentrer dans le droit chemin s'il en est écarté ; et par là aussi, il peut détourner de lui les maux qu'il s'attirerait par sa propre faute.
Un Homme, par exemple, voit sa santé ruinée par les excès qu'il a commis (alcool, tabac etc…) a-t-il le droit de se plaindre s'il n'obtient pas sa guérison ? Non, car il aurait pu trouver dans la prière, la force de résister aux tentations, mais il est bon de se rappeler que la miséricorde de Dieu est inépuisable et de persévérer dans la prière dont la puissance est infinie…

Si l'on fait deux parts des mots de la vie : l'une de ceux que l'Homme ne peut éviter, l'autre des tribulations dont il est lui-même la cause par son incurie et ses excès, on verra que celle-ci l'emporte de beaucoup en nombre, sur la première.
Il est donc bien évident que l'Homme est l'auteur de la plus grande partie de ses afflictions et qu'il les épargnerait s'il agissait toujours avec sagesse et prudence…
Nous serions parfaitement heureux si nous ne dépassions pas la limite du nécessaire dans la satisfaction de nos besoins, nous n'aurions pas les maladies qui sont la suite de nos excès et les vicissitudes qu'entraînent ces maladies ;
si nous mettions des bornes à notre ambition, nous ne craindrions pas la ruine ;
si nous ne voulions pas monter plus haut que nous le pouvons, nous ne craindrions pas de "tomber" ;
si nous étions humbles, nous ne subirions pas les déceptions de l'orgueil abaissé ;
si nous pratiquions la loi de charité, nous ne serions ni médisants, ni envieux, ni jaloux ;
si nous ne faisions pas le mal, nous ne craindrions pas les vengeances… etc… etc…
Admettons que l'Homme ne puisse rien sur les autres maux ; que toute prière soit superflue pour s'en préserver, ne serait-ce pas déjà beaucoup d'être affranchi de tous ceux qui proviennent de son fait ?
Or ici, l'action de la prière se conçoit aisément quand on se souvient qu'elle a pour effet de mettre à notre disposition, l'influence des Bons Esprits et par elle, de résister aux mauvaises pensées dont l'exécution nous serait funeste.
Dans ce cas, « ce n'est pas le mal qui est détourné, c'est nous-mêmes qui sommes détournés de la pensée qui cause le mal. Les Esprits invoqués n'entravent en rien les décrets de Dieu, ils ne suspendent pas le cours des lois de la nature, mais ils nous aident à ne pas enfreindre ces lois, en dirigeant notre libre arbitre ». L'Homme se trouve alors dans la position de celui qui sollicite de bons conseils et les mets en pratique, mais qui est libre de les suivre ou non ; Dieu veut qu'il en soit ainsi pour qu'il ait la responsabilité de ses actes et le mérite du choix entre le bien et le mal…

L'efficacité de la prière, même réduite à cette proportion, n'aurait-elle pas un résultat immense ?
Le Spiritisme nous prouve son action par la révélation des rapports qui existent entre le monde corporel et le monde spirituel… mais là ne se bornent pas seulement ses effets.
La prière est recommandée par tous les Esprits ; renoncer à la prière, c'est méconnaître la bonté de Dieu ;
c'est renoncer pour soi-même, à leur assistance, et pour les autres, au bien qu'on peut leur faire.
[…]
En accédant à la demande qui lui est adressée, Dieu a souvent en vue de récompenser l'intention, le dévouement et la foi de celui qui prie ; voilà pourquoi la prière de l'Homme de Bien a plus de mérite aux yeux de Dieu et plus d'efficacité, car l'Homme vicieux et mauvais ne peut prier avec la ferveur et la confiance que donne seul le sentiment de la vraie piété.
Du cœur de l'égoïste, de celui qui prie des lèvres, ne sauraient sortir que des… mots, et non des élans de charité qui donnent à la prière, toute sa puissance.
On le comprend tellement que, par un mouvement instinctif, on se recommande de préférence aux prières de ceux dont on sent que la conduite doit être agréable à Dieu et qu'ils en sont donc mieux écoutés…
Puisque les Esprits exercent cette action sur les Hommes, ils suppléent quand cela est nécessaire, à l'insuffisance de celui qui prie, soit en agissant directement en son nom, soit en lui donnant momentanément, une force exceptionnelle, lorsqu'il est jugé digne de cette faveur, ou que la chose peut être utile.

L'Homme qui ne se croit pas assez bon pour exercer une influence salutaire, ne doit pas s'abstenir de prier pour autrui, par la pensée qu'il n'est pas digne d'être écouté. La conscience de son infériorité est une preuve d'humilité toujours agréable à Dieu qui tient compte de l'intention charitable qui l'anime…
Sa ferveur et sa confiance en Dieu sont un premier pas vers le retour au Bien dans lequel les bons Esprits sont heureux de l'encourager.
La prière qui est repoussée est celle de l'orgueilleux qui a foi en sa puissance et ses mérites, et croit pouvoir se substituer à la volonté de l'Eternel.

La prière en commun…
La puissance de la prière est dans la pensée ; elle ne tient ni aux paroles, ni au lieu, ni au moment où on la fait. Point n'est besoin de s'isoler des heures entières sur les dalles froides d'une église, car Dieu est partout… a dit l'archange Raphaël ; on peut donc prier partout, à toute heure, seul ou en commun. L'influence du lieu ou du temps tient aux circonstances qui peuvent favoriser le recueillement.
La prière en commun a une action plus puissante quand tous ceux qui prient s'associent de cœur à une même pensée et ont un même but car c'est comme si beaucoup crient ensemble et à l'unisson ; mais qu'importe d'être réunis en grand nombre si chacun agit isolément et pour son compte personnel ! Cent personnes réunies peuvent prier comme des égoïstes, tandis que deux ou trois, unies dans une commune aspiration, prieront comme de véritables frères en Dieu, et leur prière aura plus de puissance que celle des cent autres.

 
   

Manière de prier…
Prières intelligibles…

La prière n'a de valeur que par la pensée qu'on y attache ; or il est impossible d'attacher une pensée à ce que l'on ne comprend pas car ce que l'on ne comprend pas ne peut toucher le cœur. Pour l'immense majorité, les prières en une langue incomprise ne sont que des assemblages de mots qui ne disent rien à l'esprit.
Pour que la prière touche, il faut que chaque mot réveille une idée, et si on ne la comprend pas, elle ne peut en réveiller aucune. On la répète comme une simple formule qui a plus ou moins de vertu selon le nombre de fois qu'elle est répétée ;
beaucoup prient par devoir, quelques-uns même pour se conformer à l'usage ; c'est pourquoi ils se croient quittes quand ils ont dit une prière un nombre de fois déterminé et dans tel ou tel ordre…

Dieu lit au fond des cœurs ; il voit la pensée et la sincérité, et c'est le rabaisser que de le croire plus sensible à la forme qu'au fond…

 

De la prière pour les morts… et les Esprits souffrants.
La prière est réclamée par les Esprits souffrants ; elle leur est utile parce qu'en voyant qu'on pense à eux, ils se sentent moins délaissés et ils sont moins malheureux. Mais la prière a sur eux une action plus directe : elle relève leur courage, excite en eux le désir de s'élever par le repentir et la réparation et peut les détourner de la pensée de faire le mal ; c'est en ce sens qu'elle peut non seulement alléger, mais abréger leurs souffrances…

Certaines personnes n'admettent pas la prière pour les morts parce que, dans leur croyance, il n'y a pour l'âme que deux alternatives : être sauvée, ou condamnée aux peines éternelles, et dans ce cas, la prière est inutile. Sans discuter la valeur de cette croyance, admettons pour un instant, la réalité de peines éternelles et irrémissibles, et que nos prières soient impuissantes pour y mettre un terme. Nous demandons si, dans cette hypothèse, il est logique, il est charitable, il est… chrétien de rejeter la prière pour les réprouvés ? Ces prières, tout impuissantes qu'elles seraient pour les délivrer, ne sont-elles pas, pour eux, une marque de pitié qui peut adoucir leur souffrance ?
Sur la Terre, lorsqu'un homme est condamné à perpétuité, alors qu'il n'y aurait aucun espoir d'obtenir sa grâce, est-il défendu à une personne d'aller soutenir "ses fers" pour lui en alléger le poids ? Lorsque quelqu'un est atteint d'un mal incurable, faut-il, parce qu'il n'offre aucun espoir de guérison, l'abandonner sans aucun soulagement ? Songez que parmi les réprouvés, peut se trouver un père, une mère ou un fils, et parce que selon vous, il est coupable, vous lui refuseriez un verre d'eau pour étancher sa soif, un baume pour sécher ses plaies ?
Vous ne lui donneriez pas un témoignage d'amour, une consolation ?
Non, cela ne serait pas chrétien…
Une croyance qui dessèche le cœur, ne peut s'allier avec celle d'un Dieu qui met au premier rang des devoirs, l'amour du prochain…
[…]
Nier dans ce cas l'efficacité de la prière, serait nier l'efficacité de la consolation, des encouragements et des bons conseils ; ce serait nier la force que l'on puise dans l'assistance morale de ceux qui nous veulent du bien…
[…]
Selon le dogme de l'éternité des peines, il n'est tenu au coupable aucun compte des regrets, ni de son repentir ; pour lui, tout désir de s'améliorer est superflu : il est condamné à rester dans le mal à perpétuité. S'il est condamné pour un temps déterminé, la peine cessera quand le temps sera expié, mais qui dit qu'alors, il sera revenu à de meilleurs sentiments ? Qui dit qu'à l'exemple de beaucoup de condamnés sur Terre, à leur sortie de prison, il ne sera pas aussi mauvais qu'auparavant ?
Dans le premier cas, ce serait maintenir dans la douleur du châtiment, un homme revenu au bien ; dans le second, gracier celui qui est resté coupable. La loi de Dieu est plus prévoyante que celle des Hommes : toujours juste, équitable et miséricordieuse, elle ne fixe aucune durée à la peine, quelle qu'elle soit…
elle se résume ainsi :
– « L'Homme subit toujours la conséquence de ses fautes ; il n'est pas une seule infraction à la loi de Dieu qui n'ait sa punition…
– La sévérité du châtiment est proportionnée à la gravité de la faute…
– La durée de la peine est indéterminée : elle est subordonnée au repentir du coupable et à son retour au bien ; la peine dure autant que l'obstination au mal : elle serait perpétuelle si l'obstination était perpétuelle ; elle est de courte durée si le repentir est prompt…
– Dès que le coupable crie miséricorde, Dieu l'entend et lui envoie l'espérance. Mais le simple regret du Mal ne suffit pas : il faut la réparation… C'est pourquoi, le coupable est soumis à de nouvelles épreuves dans lesquelles il peut, toujours par sa volonté, faire le bien en réparation du mal qu'il a fait.
– L'Homme est ainsi constamment l'arbitre de son propre sort ; il peut abréger son supplice ou le prolonger indéfiniment ; son bonheur ou son malheur dépend de sa volonté de faire le Bien. »

Telle est la loi… loi immuable et conforme à la bonté et à la justice de Dieu… L'Esprit coupable et malheureux peut ainsi toujours se sauver lui-même : la loi de Dieu lui dit à quelle condition il peut le faire. Ce qui lui manque le plus souvent, c'est la volonté, la force, le courage…
Si, par nos prières, nous lui inspirons cette volonté, si nous le soutenons et l'encourageons ; si, par nos conseils, nous lui donnons les lumières qui lui manquent, au lieu de solliciter Dieu de déroger à sa loi, nous devenons les instruments de cette loi d'amour et de charité à laquelle il nous permet de participer en donnant nous-mêmes une preuve de charité…



 

 

De la prière…

Allan Kardec

 

 

• De la prière…
       • Instruction des Esprits… (message)

« La route humaine a ses pièges et cueille à chaque pas, les âmes non vigilantes… »

André Luiz
médium : Chico Xavier




 
   

« Le premier devoir de toute créature humaine, le premier acte qui doit signaler pour elle, le retour à la vie active, chaque jour, c'est la prière.
Vous priez presque tous, mais combien peu savent prier !
Qu'importe au Seigneur les phrases que vous reliez les unes aux autres, machinalement, par habitude ; que c'est un devoir que l'on remplit, et que comme tout devoir, il vous pèse…

La prière du chrétien, du… Spirite, (de quelque culte que ce soit) doit être faite dès que l'Esprit a repris le joug de la chair ; elle doit s'élever aux pieds de la majesté divine avec humilité, avec profondeur, dans un élan de reconnaissance pour tous les bienfaits accordés jusqu'à ce jour ; pour la nuit écoulée et pendant laquelle il vous a permis de retourner près de vos amis, de vos Guides et Esprits protecteurs, pour puiser dans leur contact plus de force et de persévérance…
[N.d.l.r. - « Cette nuit, j'ai rêvé de… … » Etait-ce "rêve", ou était-ce une apparition pendant le sommeil ? »]
Elle doit s'élever humble, aux pieds du Seigneur, pour lui recommander votre faiblesse, lui demander son appui, son indulgence, sa miséricorde.
Elle doit être profonde… car c'est votre âme qui doit s'élever vers le Créateur…

La prière doit renfermer la demande des grâces dont vous avez besoin, mais un besoin réel. Inutile donc de demander à Dieu d'abréger vos épreuves, de vous donner les joies et la richesse ; demandez-lui de vous accorder les biens plus précieux de la patience, de la résignation et de la foi…
Ne dites point, comme cela arrive souvent : "Ce n'est pas la peine de prier puisque Dieu ne m'exaucera pas, et il sait mieux que moi ce dont j'ai besoin !"
Que demandez-vous à Dieu la plupart du temps ?
Avez-vous pensé à lui demander votre amélioration morale ?
Oh non ! Très peu ; mais vous songez plutôt à lui demander la réussite dans vos entreprises terrestres et vous vous écriez :
– "Dieu ne s'occupe pas de nous ; s'il s'en occupait, il n'y aurait pas tant d'injustices…"
Insensés ! Ingrats !
Si vous descendiez dans le fond de votre conscience, vous trouveriez presque toujours en vous-mêmes le point de départ des maux dont vous vous plaignez… demandez donc avant toutes chose votre amélioration morale et vous verrez quel torrent de grâces et de consolation se répandra sur vous…
Priez sans cesse, sans pour cela vous retirer dans votre oratoire ou vous jeter à genoux dans les places publiques. La prière de la journée, c'est l'accomplissement de vos devoirs, sans exception, de quelque nature qu'ils soient…
N'est-ce pas un acte d'amour envers le Seigneur que d'assister vos frères dans un besoin quelconque, moral ou physique ? N'est-ce pas faire acte de reconnaissance que d'élever votre pensée vers Lui quand un bonheur vous arrive, qu'un accident est évité, qu'une contrariété vous effleure seulement si vous dites, même par la pensée : "Soyez béni, mon Père !" N'est-ce pas un acte de contrition que de vous humilier quand vous sentez que vous avez failli, ne fût-ce que par une pensée fugitive, et de lui dire : "Pardonnez-moi, mon Dieu, car j'ai péché ; donnez-moi la force de ne plus faillir et le courage de réparer". ?

Ceci est indépendant des prières régulières du matin et du soir. Comme vous le voyez, la prière peut être de tous les instants, sans apporter aucune interruption à vos travaux ; ainsi dites, elle les sanctifie, au contraire…

Et croyez bien qu'une seule de ces pensées partant du cœur, est plus écoutée de Dieu que les longues prières dites par habitude, souvent sans cause déterminante et auxquelles l'heure convenue vous rappelle machinalement… » [message médiumnique reçu à Bordeaux - médium : M. Monod - 1862]

Qualité de la prière…
Où réside sa puissance…

Les Esprits ont toujours dit : « La forme n'est rien, la pensée est tout. Priez chacun selon vos convictions et le mode qui vous touche le plus : une bonne pensée vaut mieux que de nombreuses paroles où le cœur n'est pour rien ».
Les Esprits ne prescrivent aucune formule absolue de prières ; lorsqu'ils en donnent, c'est afin de fixer les idées et aussi dans le but de venir en aide aux personnes qui sont embarrassées pour rendre leurs idées car il en est qui ne croiraient pas avoir réellement prié si leurs pensées n'étaient pas formulées.
Le recueil de prières est un choix fait parmi celles qui ont été dictées par les Esprits en différentes circonstances… Le but de la prière est d'élever notre âme à Dieu qui les accepte toutes lorsqu'elles sont sincères.
Il ne faut donc point considérer ces prières comme un formulaire absolu, mais comme une variété parmi les instructions que donnent les Esprits…
Le Spiritisme reconnaît comme bonnes et efficaces les prières de tous les cultes quand elles sont dites par le cœur et non par les lèvres ;
il n'en impose aucune et n'en blâme aucune.

Dieu est trop grand pour repousser la voix qui l'implore ou qui chante ses louanges… Quiconque lancerait l'anathème contre les prières qui ne sont pas dans son formulaire prouverait qu'il méconnaît la grandeur de Dieu… croire que Dieu tient à une formule, c'est lui prêter la petitesse et les passions des Humains.
Une condition essentielle de la prière, selon saint Paul, est d'être intelligible afin qu'elle puisse parler à notre esprit… La principale qualité de la prière est d'être claire, simple et concise, sans phraséologie inutile, ni luxe d'épithètes qui ne sont que des parures de clinquant ; chaque mot doit avoir sa portée, réveiller une idée, remuer une fibre : en un mot elle doit faire réfléchir ; à cette seule condition, la prière peut atteindre son but, autrement, « ce n'est que du bruit » Aussi, voyez avec quel air de distraction et quelle volubilité elles sont dites la plupart du temps ; on voit les lèvres qui remuent, mais à l'expression de la physionomie, au son même de la voix on reconnaît un acte machinal, purement extérieur, auquel l'âme reste indifférente…

Ajoutons que la Prière basée sur la charité, est toujours efficace… On peut dire que la prière la plus efficace est celle qui est la plus désintéressée. C'est pourquoi Jésus nous recommande sans cesse le désintéressement… »

Ici, nous sommes amenés à parler de prières gratuites :

 

Prières payées : prières… "gratuites".
Faut-il faire payer les prières ?…

– Il dit ensuite à ses disciples, en présence de tout le peuple qui l'écoutait : « Gardez-vous des scribes qui affectent de se promener en longues robes, qui aiment être salués dans les places publiques, à occuper les premières chaires dans les synagogues et les premières places dans les festins ; qui, sous prétexte de longues prières, dévorent les maisons des veuves. Ces personnes en recevront une condamnation plus sévère… » [Luc, 20. 45-47 ; Marc, 12. 38-40 et Matthieu 23. 14]

Jésus dit aussi : Ne faites point payer vos prières ; ne faites point comme les scribes qui « sous prétexte de longues prières, dévorent les biens des veuves » c'est-à-dire : accaparent les fortunes. La prière est un acte de charité, un élan du cœur ; faire payer celle que l'on adresse à Dieu pour autrui, c'est se transformer en intermédiaire salarié ; la prière alors est une formule dont on proportionne la longueur à la somme qu'elle rapporte. Or, de deux choses l'une : Dieu mesure ou ne mesure pas ses grâces au nombre de paroles ; s'il en faut beaucoup, pourquoi en dire peu -ou pas du tout- à celui qui ne peut payer ? C'est un manque de charité ; si une seule suffit, le surplus est inutile ; pourquoi alors le faire payer ? C'est une prévarication… un acte de mauvaise foi…

Dieu ne vend pas les bienfaits qu'il accorde ; pourquoi donc celui qui n'en est pas même le distributeur, qui ne peut en garantir l'obtention, ferait-il payer une demande qui peut être sans résultat ? Dieu ne peut subordonner un acte de clémence, de bonté ou de justice que l'on sollicite de sa miséricorde, à une somme d'argent ; autrement, il en résulterait que si la somme n'est pas payée -ou est insuffisante- la justice, la bonté et la clémence de Dieu seraient suspendues ;
La raison, le bon sens, la logique disent que Dieu, la perfection absolue, ne peut déléguer à des créatures imparfaites, le droit de mettre à prix sa justice. La justice de Dieu est comme le soleil : elle est pour tout le monde, pour le pauvre comme pour le riche.
Si l'on considère comme immoral de trafiquer des grâces d'un souverain de la Terre, est-il plus licite de vendre celles du souverain de l'Univers ? L'accepterait-il seulement ?…

Les prières payées ont un autre inconvénient : c'est que celui qui les achète se croit, le plus souvent, dispensé de prier lui-même parce qu'il se regarde comme quitte quand il a donné son argent. On sait que les Esprits sont touchés par la faveur de la pensée de celui qui s'intéresse à eux ; quelle peut être la ferveur de celui qui charge un tiers de prier pour lui en payant ; quelle est la ferveur de ce tiers quand il délègue son mandat à un autre, celui-ci à un autre et ainsi de suite ? N'est-ce pas réduire l'efficacité de la prière à la valeur d'une monnaie courante ?…

Dieu ne vend ni sa bénédiction, ni son pardon, ni l'entrée du royaume des cieux ;
l'Homme n'a donc pas le droit de les faire payer…

 

Allan Kardec