Des Esprits…

 


De l'état des démons

 

 

   

L'abbé - Comme vous le dites, Arthur, un grand changement s'est opéré dans les anges rebelles ; l'apostasie a ravagé ces Esprits élevés ; et après leur défection, leur état n'a pu se trouver tel qu'il était avant un aussi lamentable abus de leur liberté.
Qu'ont-ils perdu, qu'ont-ils conservé ?

Et d'abord, ces déserteurs ont perdu Dieu, et avec Dieu, le souverain bien, la gloire et la béatitude éternelles.

Ainsi, l'attachement à Dieu est la cause de la béatitude des uns, comme celle de la misère des autres est leur séparation de Dieu…

En perdant Dieu, ils ont perdu les dons de la grâce qui élevaient leur nature à l'état surnaturel…
[…]
Plongés dans la matière, le charme des choses visibles arrête notre regard et notre amour dans ce monde, et nous n'apprécions que les richesses qu'il nous fournit. Les beautés, les splendeurs, les richesses de l'état surnaturel, ainsi que ses joies et ses inénarrables délices échappent ainsi à notre vue… Quand le jour de la découverte sera venu, nous verrons clairement cette dégradation volontaire des Esprits coupables, et la honte de leur état, manifeste à tous égards, restera sur eux comme un supplice éternel.

En perdant la grâce, ils ont donc perdu aussi toute beauté, toute justice, toute rectitude. L'amour du mal a pris possession de leur être. Leur volonté s'est pervertie et son impulsion n'est plus que pour ce qui contrarie le bien…

Dès lors, aussi, ils ont perdu leur place au Ciel. Dieu les a bannis comme des factieux. Les Esprits de trouble et de désordre ne peuvent habiter le séjour de la paix. Leur place est au lieu où demeurent le désordre et l'éternelle horreur.

Arthur - Les démons, après leur chute, ont conservé leur nature, c'est évident ; mais cette nature même n'a-t-elle pas été blessée ?…

L'abbé - Non, Arthur, il ne s'est opéré en elles qu'un changement de direction. Saint Denys l'Aréopagite, qui s'est élevé si haut dans la connaissance des Esprits angéliques, affirme sans hésitation, que les dons naturels sont restés en entier dans les démons. Voici ses paroles : « Nous disons que les dons ont été faits aux démons, dons qui n'ont point été changés, mais qui restent intègres et très éclatants… »
Bossuet n'est pas moins formel : « Ne vous persuadez pas que pour être tombés de si haut, ils étaient blessés dans leur disposition naturelle : tout est entier en eux, excepté la justice et la sainteté… Du reste, cette action vive et vigoureuse, cette ferme constitution, cet Esprit délicat et puissant et ces vastes connaissances leur sont demeurées. »
[…]
Quand donc elles se séparent de Dieu, comment est-ce qu'Il les punit ? En se retirant lui-même de ces Esprits ingrats ; et par là, tous leurs dons naturels, toutes leurs connaissances, tout leur pouvoir, en un mot, tout ce qui leur servait d'ornements, leur tourne aussitôt en supplice…
Ô anges inconsidérés ! Vous vous êtes soulevés contre Dieu, vous avez abusé de vos qualités excellentes, elles vous ont rendus orgueilleux…
Vos perfections seront vos bourreaux, et votre enfer, ce sera vous-mêmes… »

Léon - Les démons n'ont donc rien perdu de leurs facultés naturelles, et ainsi, leur nature est toujours la nature angélique ?

L'abbé - Il suit de là qu'il faut appliquer tout ce que nous avons dit précédemment de la faculté de causalité dont la nature angélique a été douée dans sa création. Ainsi, les démons peuvent exercer sur notre monde, sur les créatures qu'il renferme et sur nous-mêmes…

Arthur - Cette parole est difficile à croire…

L'abbé - Rien de plus certain cependant. Beaucoup d'Hommes, de nos jours, éprouvent comme vous, une répugnance singulière à admettre une telle action des Esprits malins sur l'humanité.
Vous avez entendu, tout à l'heure, Bayle nous dire : « Comme on ne peut nier qu'il y ait des êtres méchants qui se divertissent du mal, on se rendra ridicule si l'on ose nier qu'outre ces mêmes êtres méchants qui sont l'objet de nos yeux, il y en ait plusieurs autres qu'on ne voit pas, et qui sont encore plus malins et plus habiles que l'Homme, êtres pensant qui étendent leur empire, aussi bien que leurs lumières, sur notre monde.»
Quelle est donc la cause qui pousse certains esprits dans ce ridicule ? Est-ce peur d'être obligés d'avouer que ces anges méchants pourraient bien être pour quelque chose dans leurs œuvres ?…




   
 

On a travaillé -avec une persévérance si diabolique- à ruiner dans l'esprit des masses l'idée d'un monde surhumain ; on a jeté tant de moqueries, lancé tant de sarcasmes, versé tant de ridicule sur la croyance aux démons et à leur influence, que les âmes faibles et vaniteuses, dans la crainte de s'ensevelir sous ce déluge de plaisanteries, se sont mises à oublier une doctrine appuyée cependant sur des bases inébranlables.
On a nié toute relation entre le monde visible et le monde invisible.

 

 

   

Cette doctrine menteuse dépouillait l'Homme des vérités les plus hautes et les plus fécondes ; elle creusait un abîme d'où allaient jaillir les systèmes les plus monstrueux et des torrents de sottises ; elle enlevait à la raison humaine sa lumière, sa règle et toute base solide, et la livrait à tout vent de doctrine comme une paille légère emportée par le premier vent qui vient à souffler ; mais elle l'affranchissait de tout devoir, flattait son orgueil et donnait pleine liberté à toutes ses passions : c'est assez pour être la bienvenue…

On a bu jusqu'à l'ivresse à la coupe du rationalisme, et, bannissant Dieu et les Esprits de ce monde, l'on n'a plus voulu voir partout, que des faits humains ou des phénomènes dus à des agents physiques, chimiques, électriques. Ce qui ne peut s'expliquer par ces causes est nié comme n'existant pas, malgré l'évidence et la publicité des faits. vous avez, Arthur, respiré cet air vicié dans le milieu où votre vie s'est passée. Ce que vous avez vu, lu et entendu a fait un vide plus ou moins profond dans votre esprit, je devrais dire, une nuit plus ou moins obscure ; et, bien que Dieu vous ait doué d'une intelligence peu commune, vous ne vous rendez pas sans peine à la vérité. Hélas, ce malheur arrive à quiconque, sacrifiant légèrement à l'opinion courante, délaisse les sources vives de l'enseignement pour boire aux eaux troublées du rationalisme et se nourrir l'esprit d'idées puisées le plus souvent en des lieux empoisonnés. Par là, on détruit peu à peu les Lumières de la vérité, l'on fausse son jugement, l'on vicie sa raison, l'on égare son esprit, et l'on crée en soi, une pente qui pousse loin de la véritable clarté, vers la région des Ombres où l'esprit, marchant à tâtons, se prend à tous les fantômes d'une imagination sans règle et d'un orgueil qui prétend tirer de son propre fond, la lumière et la connaissance de ce qui est.
Mais la Lumière, dans l'ordre intellectuel aussi bien que dans l'ordre physique, pour l'esprit comme pour le corps, ne doit-elle pas descendre d'en haut ?

Très certainement, Arthur, les démons ont conservé toutes leurs puissances naturelles, et ils peuvent exercer une action sur ce monde.

 Mais cette action sera nécessairement malfaisante, parce que ces Esprits de malice, inspirés, mus par la haine et non par l'amour, ne respirent plus que le mal, malheur, sang, ruines et carnage…

« De là, dit Bossuet, vient que toutes les actions des choses que nous voyons ici-bas, si nous les comparons aux actions des Esprits angéliques, paraîtront languissantes et engourdies, à cause de la matière qui ralentit toute leur vigueur ; mais les ennemis que nous avons à combattre, ce n'est pas la chair et le sang, non : les puissances qui s'opposent à nous sont des Esprits purs et incorporels ; tout y est actif, tout y est nerveux, et si Dieu ne retenait leur fureur, nous les verrions agiter ce monde… »

Arthur - C'est bien fort…

Saint Augustin, dans un passage que je vous ai déjà cité, ne dit-il pas que si ces Esprits agissaient selon toutes leurs forces, il n'est pas une créature qui pût subsister ? Mais voici un autre texte de l'évêque d'Hippone : « Par la vivacité de leurs sens et la célérité de leurs mouvements, ils connaissent et annoncent bien des événements qui étonnent les Hommes, dont l'action est retardée par la lenteur de leurs sens terrestres. Joignez à cela la longue longévité de leur existence qui leur a permis d'acquérir une grande expérience que la brièveté de la vie refuse à l'Homme…

Arthur - Les démons peuvent donc connaître et annoncer l'avenir ?

Mais, puisqu'il est ici question de la divination des démons, il faut savoir d'abord que le plus souvent, ce sont les choses qu'ils veulent faire qu'ils annoncent… car ils reçoivent le pouvoir d'envoyer des maladies, de corrompre l'air et de persuader des œuvres mauvaises aux Hommes pervers, amis des commodités terrestres.
D'autres fois, ils annoncent, non ce qu'ils font, mais les événements futurs qu'ils connaissent par les signes qui les pronostiquent ; signes qui échappent aux Hommes. Mais, dans leurs prédictions, les démons souvent se trompent et trompent les autres… »

Léon - Ce passage de saint Augustin est bien remarquable, il faut l'avouer. Les démons ont donc le pouvoir d'opérer des prodiges visibles aux yeux des humains, et ils les produisent d'une manière invisible, au moyen de l'air… Ils peuvent annoncer aux Hommes des choses futures, en employant certains signes visibles, au moyen desquels ils entreront en rapport avec eux. mais dans la prédiction de l'avenir, ils se trompent souvent, et le plus souvent encore, ils cherchent à tromper ! Voilà la doctrine de saint Augustin…

L'abbé - Vous voyez donc que ces Esprits ont conservé, après leur chute, toutes leurs forces naturelles. Saint Thomas enseigne aussi qu'ils peuvent opérer, non pas de vrais miracles, ce qui est réservé à Dieu seul, mais une multitude de prodiges : « ils peuvent, en ce sens, faire des "miracles" qui étonnent les Hommes, parce qu'ils ont plus de connaissances et de puissance qu'eux.
[…]
Mais il faut savoir que, quoique les œuvres de cette nature produites par les démons ne soient pas comme elles nous le paraissent, cependant, elles ont leur réalité… Ils peuvent, pour produire des effets de cette nature, employer les principes producteurs qui existent dans les éléments de ce monde…

Saint Paul, dans son épître à Thimotée écrit : « L'Esprit-Saint dit clairement que, dans les derniers temps, des Hommes abandonneront la foi, écoutant les Esprits d'erreur et les doctrines des démons. »
Nous voilà donc bien et dûment avertis par l'apôtre inspiré que Satan peut opérer et qu'il opérera même toutes sortes de prodiges, de choses extraordinaires ; ces prodiges surpassant les forces de l'Homme, seront les signes et les marques des opérations sataniques… toutefois, des Hommes se trouveront pour abandonner la doctrine de Jésus-Christ ; et, se laissant séduire par ces œuvres étonnantes, ils feront attention aux doctrines des démons. Cet avertissement de saint Paul, ne doit-il pas donner beaucoup à penser aux esprits légers qui acceptent tout sans défiance, et courent avec une sorte d'enivrement après des nouveautés qu'ils regardent sans réflexion comme un progrès de la nature humaine ?
Jésus ne nous apprend-il pas lui-même qu'il s'élèvera un jour, de faux Christs et de faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour séduire les élus, s'il est possible… [d'après saint Marc]

Or, je vous le demande Arthur, comment ces faux prophètes opéreront-ils ces prodiges si merveilleux, dont le but est la séduction, sinon, par la puissance des Esprits séducteurs ?

Arthur - Cela est vrai, les Hommes sont naturellement entraînés par le merveilleux…




L'abbé - Ainsi, mes amis, il est certain que les démons peuvent produire beaucoup de choses qui surpassent les forces de l'Homme.
Ils peuvent parcourir la Terre avec une vitesse qui dépasse toute vitesse…
Ils peuvent agiter les vents et produire les tempêtes : nous voyons, dans Job, que Dieu ayant permis au démon d'exercer sa puissance sur ce saint homme ; lui défendant seulement d'attenter à sa vie, l'Esprit méchant suscita, du désert, un orage impétueux qui renversa les quatre angles de sa maison…
Ils peuvent frapper le corps humain de maladies et de plaies ; car nous voyons, dans le même livre, qu'ils couvrirent d'ulcères le corps de Job.
Ils peuvent faire descendre du Ciel, le feu et la foudre, et l'histoire de Job qui vit ses troupeaux consumés par des flammes de cette sorte, allumés par les démons, en est la preuve… [N.d.l.r. - Il est de nombreux cas, -moins spectaculaires, il est vrai- de cas d'incendies spontanés dans des maisons où on a pratiqué des séances spirites avec des gens mal intentionnés ou peu évolués qui n'ont pas su se mettre sous protection…]
Ils peuvent agiter les Hommes et les pousser, furieux, à des gestes funestes comme ces Sabéens qui, mus par les démons, firent irruption sur les serviteurs et les mirent à mort…
Ils peuvent imprimer certaines vibrations à l'air, et faire entendre des paroles et des voix, comme Satan l'a fait quand il vint tenter dans l'Eden, le premier Adam, et dans le désert, le second…
Ils peuvent prendre des formes diverses et apparaître aux Hommes sous ces formes visibles comme Satan l'a fait quand il s'approcha du Fils de Dieu…
Ils peuvent mouvoir les corps, les transporter dans les airs d'un lieu à un autre…
Ils peuvent produire des clartés dans des lieux obscurs, faire entendre des bruits de différentes sortes, des sons divers ; et l'histoire nous atteste de faits nombreux de cette nature dus à ces Esprits de malice…
Saint Antoine dit à ses frères : « Ces méchants Esprits ont coutume de s'élever contre nous avec une malice bien plus grande encore ; et changeant de tactique, quand ils ne peuvent rien dans la pensée, ils frappent de terreur, prenant la forme, tantôt de femmes, tantôt de bêtes, tantôt de serpents et quelquefois de corps gigantesques. Les démons simulent tout : ils parlent aux frères, produisent des bruits inusités, frappent des mains, font entendre des sifflements, des rires insensés… Lorsque quelque vision s'offrira à vos yeux, demandez hardiment qui il est, et d'où il vient. Si c'est un démon, cette recherche le fera disparaître…

Dans la vie d'Abraham, on lit : « Comme il se tenait debout au milieu de la nuit, récitant des psaumes, tout à coup, une vive clarté, comme celle du soleil, illumina sa cellule, et une voix, comme la voix d'une multitude, se fit entendre, disant : Tu es bienheureux et fidèle, et nul n'a été trouvé semblable à toi dans la conversation, toi qui accompli toutes mes volontés.
Mais aussitôt, le saint homme, reconnaissant la ruse de l'Esprit malin, éleva la voix et lui dit : Que ton obscurité tourne à ta perte, ô plein de ruses et de tromperies. »

Que les démons conservent le pouvoir d'opérer toutes sortes de prodiges, outre que nous le voyons prouvé par les Saintes-Ecritures, nous le démontrerons plus en détail encore par ce qui nous reste à dire.
Quant à leur puissance d'agir sur les sens et sur l'imagination de l'Homme, ce que nous avons dit, à ce sujet, des anges, s'applique également aux démons. Aussi saint Thomas établit qu'ils peuvent nous faire illusion. Et cette illusion causée par les démons, peut avoir deux causes :
     1- Elle peut être produite en dedans de nous, parce que le démon a le pouvoir d'agir sur l'imagination et même sur les sens au point de faire voir les choses autrement qu'elles ne sont…
     2- Elle peut être produite extérieurement. Car, puisque le démon peut se former un corps aérien de telle forme et de telle figure qu'il lui plaît et se rendre visible par ce moyen, il peut pour la même cause, donner à tout être matériel, la forme qu'il veut et se faire passer pour une chose d'une autre espèce. C'est la pensée de saint Augustin.




Arthur - Puisque nous en sommes à parler de ce que peuvent les démons, dites-nous donc si la possession des corps leur est possible et si vous croyez aux possédés…

L'abbé - Si je crois à la possibilité des possessions ! Croyez-vous à l'Evangile, Arthur ?

Arthur - Mais certainement, je crois à l'Evangile…

L'abbé - Après votre question, l'on est en droit de suspecter votre foi, car rejeter les possessions diaboliques, c'est nier l'Evangile. A chaque page de ce livre divin, il est question d'hommes possédés du démon, de guérisons de démoniaques opérées par le Fils de Dieu qui chassait, avec autorité, ces mauvais Esprits des corps où ils étaient entrés. Il faut nier l'autorité des Pères qui, tous, nous parlent de possessions réelles et d'exorcismes…

 Il faut nier l'histoire qui nous atteste des faits réels de possession véritable. Sans doute l'on a pu, et l'on peut se tromper à cet égard, et croire voir une possession où elle n'existe pas. Mais l'erreur, dans un cas particulier, n'est qu'une vérité mal appliquée. Peut-être notre siècle est-il destiné à voir de ses yeux, ces tristes réalités.

Toutefois, si les démons peuvent s'emparer du corps et de se servir de ses organes, ils ne peuvent pas se glisser substantiellement dans l'âme… Ainsi parlent Gennade, Dydime, Clément d'Alexandrie, Cassien, Paschase, Bède, saint Thomas, saint Bonaventure et Pierre Lombard
L'on ne peut récuser le témoignage unanime des Pères des quatre premiers siècles, dit Bergier, sans donner dans un pyrrhonisme absurde. Ils attestent constamment que les exorcistes chrétiens chassaient les démons des corps qui étaient possédés, qu'ils forçaient ces Esprits impurs d'avouer ce qu'ils étaient…

Au témoignage des Pères, nous pouvons ajouter celui des auteurs profanes. Fernel, médecin de Henri II et Ambroise Paré, protestants, font mention d'un possédé qui parlait grec et latin, sans avoir jamais appris ces deux langues. On pourrait citer d'autres exemples de même espèce : Cudworth en allègue plusieurs.

Léon - Que n'a-t-on pas dit, écrit, sur ce sujet ? Quel homme, voulant se donner des airs de supériorité, n'a pas cru devoir dire son mot contre la possibilité de la possession ?

L'abbé - Cependant, Léon, qu'y a-t-il de plus croyable ? D'où viendrait d'ailleurs, cette impossibilité ? De l'Homme ? Mais le corps humain est certainement apte à être mû par un Esprit, et rien, dans ses organes, ne s'oppose à l'action d'un être immatériel sur lui. Il est naturellement fait pour servir d'instrument aux opérations d'une substance spirituelle.
Parmi ceux qui nient la possession, vous n'en trouverez pas un qui ait étudié sérieusement la question dans un désir sincère de connaître la vérité…

   
 

On nie, parce qu'on désire trouver la doctrine en défaut et on désire la trouver en défaut parce qu'avec elle, les passions sont mal à l'aise…

 

 

   

Léon - Aussi, l'Homme qui a le goût de la vertu, ne se rencontre jamais parmi les contempteurs du dogme religieux. La raison en est toute simple : les devoirs moraux qui découlent de ce dogme sont la règle de sa conduite. Son intelligence accepte la vérité avec d'autant plus d'amour que son cœur est pur.
L'Homme ne veut pas entendre parce qu'il ne veut pas bien agir.
Cette parole sera toujours vraie…

L'abbé - Pour terminer, je veux encore vous citer un passage d'un écrivain sérieux, inséré dans l'Université catholique, tome VII p. 336, au sujet des possessions :
- « Quant aux faits, ils sont innombrables. Il y en a plusieurs, nous le savons très bien, qu'on est parvenu à entourer d'un ridicule irrésistible. Il existe même dans tous, un élément grotesque qui est fait pour scandaliser ceux qui jugent les phénomènes du monde spirituel selon les idées naturelles.
Cependant, les faits sont là, et ils ont été caractérisés par l'autorité compétente. Dans cette masse innombrable de faits que l'histoire nous offre, nous n'en citerons que deux reposant sur le témoignage de deux hommes prudents et saints, et dont les écrits ont toujours joui d'une grande autorité.
Le premier est rapporté par saint Paulin, évêque de Nole, dans « La vie de saint Félix ». Il cite, entre autres, le cas d'un possédé : il atteste avoir vu ce même homme marcher contre la voûte de l'église, la tête en bas, sans que ses habits fussent dérangés.
L'autre fait extraordinaire se trouve dans « Les dialogues » de saint Sulpice Sévère : « J'ai vu, dit-il, un possédé élevé en l'air, les bras tendus à l'approche des reliques de saint Martin. »




Un fait permanent, dans l'ordre social comme dans l'ordre physique, c'est la lutte continuelle et opiniâtre du bien et du mal… Comme Dieu, Satan a non-seulement un enseignement et un culte, il a ses prophètes et ses miracles -de faux prophètes et de faux miracles, il est vrai- mais qui ne laissent pas, pour cela, de tromper ceux qui ferment leurs yeux à la Lumière divine.
De nos jours, par suite de la direction donnée aux études médicales, on est porté, non-seulement à chercher une cause physique pour chaque affection pathologique (ce qui est le but réel de cette science) mais, de plus, nier d'une manière philosophique l'existence des causes matérielles… [N.d.l.r. - Un exemple d'actualité : le Sida… comment est né le Sida ? De l'erreur des humains ou de la volonté divine ?… Personne ne semble vouloir y apporter une réponse…]

Parce que les possessions présentent certains symptômes extérieurs qui se rencontrent dans l'épilepsie, la folie et dans le somnambulisme naturel, on soutient qu'ils ont tous une origine commune. La même confusion d'idées existe chez les anciens par un motif contraire.
« Maintenant, ce qui est certain pour tout le monde, c'est que le corps subit des altérations qui le placent dans un état anormal à l'égard de l'âme. Ces altérations ont-elles leur origine exclusivement dans l'organisme ? Doit-on recourir exclusivement à la médecine pour y remédier ? Ou, d'un autre côté, ne doit-on pas admettre l'influence de l'âme sur le corps et chercher la racine de certaines maladies dans la volonté même ? Et, pour aller plus loin, cette volonté n'est-elle jamais envahie par une volonté étrangère qui s'empare d'elle et la dirige ?… Quant à nous, nous admettons les trois ordres de causes : les causes organiques, les causes morales ou psychologiques et les mauvais Esprits. » [J. Steinmetz - Cours de psychologie chrétienne]

Léon - L'auteur que vous venez de citer a mille fois raison dans les reproches qu'il adresse aux médecins. En s'obstinant contre l'évidence des faits et la loi qui rattache les effets à leur cause, à ne voir dans les possessions, que des maladies physiques, ils se mettent hors d'état du soulagement au malade ; ils égarent la science même et lui font faire fausse route. Et puis, d'ailleurs, comment rendront-ils raison de la facilité avec laquelle un possédé parle quelquefois des langues, telles le grec ou le latin ? Sera-ce l'épilepsie, ou toute autre maladie qui aura le singulier pouvoir de communiquer le don des langues ?

L'abbé - Vous connaissez maintenant, mes amis, le changement opéré dans les démons par suite de leur apostasie ; vous savez ce qu'ils ont conservé et ce qu'ils ont perdu. Leurs facultés naturelles restent entières en eux, sans diminution de forces ; mais les dons surnaturels leur ont été enlevés…

Arthur - S'ils ont été chassés du Ciel, où sont-ils maintenant, et quel est leur séjour ? Dans les textes que vous nous avez cités, j'ai remarqué plus d'une fois, que les philosophes platoniciens et même saint Augustin, plaçaient leur habitation dans l'air…

L'abbé - Saint Pierre nous dit que le diable, notre adversaire, rôde incessamment autour de nous. Saint Paul n'appelle-t-il pas le démon, le prince de la puissance de l'air. Tous les Pères sont unanimes à nous représenter l'air comme la région habitée par les malices spirituelles.
C'est l'opinion de tous les docteurs, dit saint Jérôme, que cet air qui se trouve entre le Ciel et la Terre est rempli de puissances ennemies. Le prince de l'air et l'Esprit puissant qui est dans cet air, c'est le diable… On trouve la même idée dans Tertullien, saint Chrysostôme, Théodoret, saint Fulgence, Lactance, Cassien etc…




Arthur - Comment se fait-il que Dieu leur ait laissé des forces si nuisibles au risque de s'en servir pour tout bouleverser ?

L'abbé - Nous avons vu ce que leur nature même leur permet de faire. Mais nous ne savons pas encore dans quelle limite, Dieu restreint leur puissance ; car on conçoit que Dieu arrête leur fureur, et vienne les museler selon que sa Providence le juge utile au bien. C'est là ce que nous allons examiner maintenant. Quelle est donc l'action effective que les démons exercent sur ce monde ?

 
Des Esprits…
   

 

   
   

de l'action effective des démons dans le monde visible…

 
Des Esprits…