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Des
Esprits
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De
l'état des démons
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L'abbé -
Comme vous le dites, Arthur, un grand changement s'est opéré
dans les anges rebelles ; l'apostasie a ravagé ces
Esprits élevés ; et après leur défection,
leur état n'a pu se trouver tel qu'il était
avant un aussi lamentable abus de leur liberté.
Qu'ont-ils perdu, qu'ont-ils conservé ?
Et d'abord, ces déserteurs ont perdu Dieu, et avec
Dieu, le souverain bien, la gloire et la béatitude
éternelles.
Ainsi, l'attachement à Dieu est la cause de la béatitude
des uns, comme celle de la misère des autres est
leur séparation de Dieu
En perdant Dieu, ils ont perdu les dons de la grâce
qui élevaient leur nature à l'état
surnaturel
[
]
Plongés dans la matière, le charme des choses
visibles arrête notre regard et notre amour dans ce
monde, et nous n'apprécions que les richesses qu'il
nous fournit. Les beautés, les splendeurs, les richesses
de l'état surnaturel, ainsi que ses joies et ses
inénarrables délices échappent ainsi
à notre vue
Quand le jour de la découverte
sera venu, nous verrons clairement cette dégradation
volontaire des Esprits coupables, et la honte de leur état,
manifeste à tous égards, restera sur eux comme
un supplice éternel.
En perdant la grâce, ils ont donc perdu aussi toute
beauté, toute justice, toute rectitude. L'amour du
mal a pris possession de leur être. Leur volonté
s'est pervertie et son impulsion n'est plus que pour ce
qui contrarie le bien
Dès lors, aussi, ils ont perdu leur place au Ciel.
Dieu les a bannis comme des factieux. Les Esprits de trouble
et de désordre ne peuvent habiter le séjour
de la paix. Leur place est au lieu où demeurent le
désordre et l'éternelle horreur.
Arthur - Les démons, après leur
chute, ont conservé leur nature, c'est évident
; mais cette nature même n'a-t-elle pas été
blessée ?
L'abbé - Non, Arthur, il ne s'est opéré
en elles qu'un changement de direction. Saint Denys l'Aréopagite,
qui s'est élevé si haut dans la connaissance
des Esprits angéliques, affirme sans hésitation,
que les dons naturels sont restés en entier dans
les démons. Voici ses paroles : « Nous disons
que les dons ont été faits aux démons,
dons qui n'ont point été changés, mais
qui restent intègres et très éclatants
»
Bossuet n'est pas moins formel : « Ne vous persuadez
pas que pour être tombés de si haut, ils étaient
blessés dans leur disposition naturelle : tout est
entier en eux, excepté la justice et la sainteté
Du reste, cette action vive et vigoureuse, cette ferme constitution,
cet Esprit délicat et puissant et ces vastes connaissances
leur sont demeurées. »
[
]
Quand donc elles se séparent de Dieu, comment est-ce
qu'Il les punit ? En se retirant lui-même de ces Esprits
ingrats ; et par là, tous leurs dons naturels, toutes
leurs connaissances, tout leur pouvoir, en un mot, tout
ce qui leur servait d'ornements, leur tourne aussitôt
en supplice
Ô anges inconsidérés ! Vous vous êtes
soulevés contre Dieu, vous avez abusé de vos
qualités excellentes, elles vous ont rendus orgueilleux
Vos perfections seront vos bourreaux, et votre enfer, ce
sera vous-mêmes
»
Léon - Les démons n'ont donc
rien perdu de leurs facultés naturelles, et ainsi,
leur nature est toujours la nature angélique ?
L'abbé - Il suit de là qu'il
faut appliquer tout ce que nous avons dit précédemment
de la faculté de causalité dont la nature
angélique a été douée dans sa
création. Ainsi, les démons peuvent exercer
sur notre monde, sur les créatures qu'il renferme
et sur nous-mêmes
Arthur - Cette parole est difficile à
croire
L'abbé - Rien de plus certain cependant.
Beaucoup d'Hommes, de nos jours, éprouvent comme
vous, une répugnance singulière à admettre
une telle action des Esprits malins sur l'humanité.
Vous avez entendu, tout à l'heure, Bayle nous dire
: « Comme on ne peut nier qu'il y ait des êtres
méchants qui se divertissent du mal, on se rendra
ridicule si l'on ose nier qu'outre ces mêmes êtres
méchants qui sont l'objet de nos yeux, il y en ait
plusieurs autres qu'on ne voit pas, et qui sont encore plus
malins et plus habiles que l'Homme, êtres pensant
qui étendent leur empire, aussi bien que leurs lumières,
sur notre monde.»
Quelle est donc la cause qui pousse certains esprits dans
ce ridicule ? Est-ce peur d'être obligés d'avouer
que ces anges méchants pourraient bien être
pour quelque chose dans leurs uvres ?
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On
a travaillé -avec une persévérance
si diabolique- à ruiner dans l'esprit des masses
l'idée d'un monde surhumain ; on a jeté tant
de moqueries, lancé tant de sarcasmes, versé
tant de ridicule sur la croyance aux démons et à
leur influence, que les âmes faibles et vaniteuses,
dans la crainte de s'ensevelir sous ce déluge de
plaisanteries, se sont mises à oublier une doctrine
appuyée cependant sur des bases inébranlables.
On a nié toute relation entre le monde visible et
le monde invisible.
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Cette
doctrine menteuse dépouillait l'Homme des vérités
les plus hautes et les plus fécondes ; elle creusait
un abîme d'où allaient jaillir les systèmes
les plus monstrueux et des torrents de sottises ; elle enlevait
à la raison humaine sa lumière, sa règle
et toute base solide, et la livrait à tout vent de
doctrine comme une paille légère emportée
par le premier vent qui vient à souffler ; mais elle
l'affranchissait de tout devoir, flattait son orgueil et
donnait pleine liberté à toutes ses passions
: c'est assez pour être la bienvenue
On a bu jusqu'à l'ivresse à la coupe du rationalisme,
et, bannissant Dieu et les Esprits de ce monde, l'on n'a
plus voulu voir partout, que des faits humains ou des phénomènes
dus à des agents physiques, chimiques, électriques.
Ce qui ne peut s'expliquer par ces causes est nié
comme n'existant pas, malgré l'évidence et
la publicité des faits. vous avez, Arthur, respiré
cet air vicié dans le milieu où votre vie
s'est passée. Ce que vous avez vu, lu et entendu
a fait un vide plus ou moins profond dans votre esprit,
je devrais dire, une nuit plus ou moins obscure ; et, bien
que Dieu vous ait doué d'une intelligence peu commune,
vous ne vous rendez pas sans peine à la vérité.
Hélas, ce malheur arrive à quiconque, sacrifiant
légèrement à l'opinion courante, délaisse
les sources vives de l'enseignement pour boire aux eaux
troublées du rationalisme et se nourrir l'esprit
d'idées puisées le plus souvent en des lieux
empoisonnés. Par là, on détruit peu
à peu les Lumières de la vérité,
l'on fausse son jugement, l'on vicie sa raison, l'on égare
son esprit, et l'on crée en soi, une pente qui pousse
loin de la véritable clarté, vers la région
des Ombres où l'esprit, marchant à tâtons,
se prend à tous les fantômes d'une imagination
sans règle et d'un orgueil qui prétend tirer
de son propre fond, la lumière et la connaissance
de ce qui est.
Mais la Lumière, dans l'ordre intellectuel aussi
bien que dans l'ordre physique, pour l'esprit comme pour
le corps, ne doit-elle pas descendre d'en haut ?
Très certainement, Arthur, les démons ont
conservé toutes leurs puissances naturelles, et ils
peuvent exercer une action sur ce monde.
Mais
cette action sera nécessairement malfaisante, parce
que ces Esprits de malice, inspirés, mus par la haine
et non par l'amour, ne respirent plus que le mal, malheur,
sang, ruines et carnage
« De là, dit Bossuet, vient que toutes les
actions des choses que nous voyons ici-bas, si nous les
comparons aux actions des Esprits angéliques, paraîtront
languissantes et engourdies, à cause de la matière
qui ralentit toute leur vigueur ; mais les ennemis que nous
avons à combattre, ce n'est pas la chair et le sang,
non : les puissances qui s'opposent à nous sont des
Esprits purs et incorporels ; tout y est actif, tout y est
nerveux, et si Dieu ne retenait leur fureur, nous les verrions
agiter ce monde
»
Arthur - C'est bien fort
Saint Augustin, dans un passage que je vous ai déjà
cité, ne dit-il pas que si ces Esprits agissaient
selon toutes leurs forces, il n'est pas une créature
qui pût subsister ? Mais voici un autre texte de l'évêque
d'Hippone : « Par la vivacité de leurs sens
et la célérité de leurs mouvements,
ils connaissent et annoncent bien des événements
qui étonnent les Hommes, dont l'action est retardée
par la lenteur de leurs sens terrestres. Joignez à
cela la longue longévité de leur existence
qui leur a permis d'acquérir une grande expérience
que la brièveté de la vie refuse à
l'Homme
Arthur - Les démons peuvent donc connaître
et annoncer l'avenir ?
Mais, puisqu'il est ici question de la divination des démons,
il faut savoir d'abord que le plus souvent, ce sont les
choses qu'ils veulent faire qu'ils annoncent
car ils
reçoivent le pouvoir d'envoyer des maladies, de corrompre
l'air et de persuader des uvres mauvaises aux Hommes
pervers, amis des commodités terrestres.
D'autres fois, ils annoncent, non ce qu'ils font, mais les
événements futurs qu'ils connaissent par les
signes qui les pronostiquent ; signes qui échappent
aux Hommes. Mais, dans leurs prédictions, les démons
souvent se trompent et trompent les autres
»
Léon - Ce passage de saint Augustin
est bien remarquable, il faut l'avouer. Les démons
ont donc le pouvoir d'opérer des prodiges visibles
aux yeux des humains, et ils les produisent d'une manière
invisible, au moyen de l'air
Ils peuvent annoncer
aux Hommes des choses futures, en employant certains signes
visibles, au moyen desquels ils entreront en rapport avec
eux. mais dans la prédiction de l'avenir, ils se
trompent souvent, et le plus souvent encore, ils cherchent
à tromper ! Voilà la doctrine de saint Augustin
L'abbé - Vous voyez donc que ces Esprits
ont conservé, après leur chute, toutes leurs
forces naturelles. Saint Thomas enseigne aussi qu'ils peuvent
opérer, non pas de vrais miracles, ce qui est réservé
à Dieu seul, mais une multitude de prodiges : «
ils peuvent, en ce sens, faire des "miracles"
qui étonnent les Hommes, parce qu'ils ont plus de
connaissances et de puissance qu'eux.
[
]
Mais il faut savoir que, quoique les uvres de cette
nature produites par les démons ne soient pas comme
elles nous le paraissent, cependant, elles ont leur réalité
Ils peuvent, pour produire des effets de cette nature, employer
les principes producteurs qui existent dans les éléments
de ce monde
Saint Paul, dans son épître à Thimotée
écrit : « L'Esprit-Saint dit clairement que,
dans les derniers temps, des Hommes abandonneront la foi,
écoutant les Esprits d'erreur et les doctrines des
démons. »
Nous voilà donc bien et dûment avertis par
l'apôtre inspiré que Satan peut opérer
et qu'il opérera même toutes sortes de prodiges,
de choses extraordinaires ; ces prodiges surpassant les
forces de l'Homme, seront les signes et les marques des
opérations sataniques
toutefois, des Hommes
se trouveront pour abandonner la doctrine de Jésus-Christ
; et, se laissant séduire par ces uvres étonnantes,
ils feront attention aux doctrines des démons. Cet
avertissement de saint Paul, ne doit-il pas donner beaucoup
à penser aux esprits légers qui acceptent
tout sans défiance, et courent avec une sorte d'enivrement
après des nouveautés qu'ils regardent sans
réflexion comme un progrès de la nature humaine
?
Jésus ne nous apprend-il pas lui-même qu'il
s'élèvera un jour, de faux Christs et de faux
prophètes qui opéreront des signes et des
prodiges pour séduire les élus, s'il est possible
[d'après saint Marc]
Or, je vous le demande Arthur, comment ces faux prophètes
opéreront-ils ces prodiges si merveilleux, dont le
but est la séduction, sinon, par la puissance des
Esprits séducteurs ?
Arthur - Cela est vrai, les Hommes sont naturellement
entraînés par le merveilleux
L'abbé - Ainsi, mes amis, il est certain
que les démons peuvent produire beaucoup de choses
qui surpassent les forces de l'Homme.
Ils peuvent parcourir la Terre avec une vitesse qui dépasse
toute vitesse
Ils peuvent agiter les vents et produire les tempêtes
: nous voyons, dans Job, que Dieu ayant permis au démon
d'exercer sa puissance sur ce saint homme ; lui défendant
seulement d'attenter à sa vie, l'Esprit méchant
suscita, du désert, un orage impétueux qui
renversa les quatre angles de sa maison
Ils peuvent frapper le corps humain de maladies et de plaies
; car nous voyons, dans le même livre, qu'ils couvrirent
d'ulcères le corps de Job.
Ils peuvent faire descendre du Ciel, le feu et la foudre,
et l'histoire de Job qui vit ses troupeaux consumés
par des flammes de cette sorte, allumés par les démons,
en est la preuve
[N.d.l.r. - Il est de nombreux cas,
-moins spectaculaires, il est vrai- de cas d'incendies spontanés
dans des maisons où on a pratiqué des séances
spirites avec des gens mal intentionnés ou peu évolués
qui n'ont pas su se mettre sous protection
]
Ils peuvent agiter les Hommes et les pousser, furieux, à
des gestes funestes comme ces Sabéens qui, mus par
les démons, firent irruption sur les serviteurs et
les mirent à mort
Ils peuvent imprimer certaines vibrations à l'air,
et faire entendre des paroles et des voix, comme Satan l'a
fait quand il vint tenter dans l'Eden, le premier Adam,
et dans le désert, le second
Ils peuvent prendre des formes diverses et apparaître
aux Hommes sous ces formes visibles comme Satan l'a fait
quand il s'approcha du Fils de Dieu
Ils peuvent mouvoir les corps, les transporter dans les
airs d'un lieu à un autre
Ils peuvent produire des clartés dans des lieux obscurs,
faire entendre des bruits de différentes sortes,
des sons divers ; et l'histoire nous atteste de faits nombreux
de cette nature dus à ces Esprits de malice
Saint Antoine dit à ses frères : « Ces
méchants Esprits ont coutume de s'élever contre
nous avec une malice bien plus grande encore ; et changeant
de tactique, quand ils ne peuvent rien dans la pensée,
ils frappent de terreur, prenant la forme, tantôt
de femmes, tantôt de bêtes, tantôt de
serpents et quelquefois de corps gigantesques. Les démons
simulent tout : ils parlent aux frères, produisent
des bruits inusités, frappent des mains, font entendre
des sifflements, des rires insensés
Lorsque
quelque vision s'offrira à vos yeux, demandez hardiment
qui il est, et d'où il vient. Si c'est un démon,
cette recherche le fera disparaître
Dans la vie d'Abraham, on lit : « Comme il se tenait
debout au milieu de la nuit, récitant des psaumes,
tout à coup, une vive clarté, comme celle
du soleil, illumina sa cellule, et une voix, comme la voix
d'une multitude, se fit entendre, disant : Tu es bienheureux
et fidèle, et nul n'a été trouvé
semblable à toi dans la conversation, toi qui accompli
toutes mes volontés.
Mais aussitôt, le saint homme, reconnaissant la ruse
de l'Esprit malin, éleva la voix et lui dit : Que
ton obscurité tourne à ta perte, ô plein
de ruses et de tromperies. »
Que les démons conservent le pouvoir d'opérer
toutes sortes de prodiges, outre que nous le voyons prouvé
par les Saintes-Ecritures, nous le démontrerons plus
en détail encore par ce qui nous reste à dire.
Quant à leur puissance d'agir sur les sens et sur
l'imagination de l'Homme, ce que nous avons dit, à
ce sujet, des anges, s'applique également aux démons.
Aussi saint Thomas établit qu'ils peuvent nous faire
illusion. Et cette illusion causée par les démons,
peut avoir deux causes :
1- Elle peut être produite
en dedans de nous, parce que le démon a le pouvoir
d'agir sur l'imagination et même sur les sens au point
de faire voir les choses autrement qu'elles ne sont
2- Elle peut être produite
extérieurement. Car, puisque le démon peut
se former un corps aérien de telle forme et de telle
figure qu'il lui plaît et se rendre visible par ce
moyen, il peut pour la même cause, donner à
tout être matériel, la forme qu'il veut et
se faire passer pour une chose d'une autre espèce.
C'est la pensée de saint Augustin.
Arthur - Puisque nous en sommes à parler
de ce que peuvent les démons, dites-nous donc si
la possession des corps leur est possible et si vous croyez
aux possédés
L'abbé - Si je crois à la possibilité
des possessions ! Croyez-vous à l'Evangile, Arthur
?
Arthur - Mais certainement, je crois à
l'Evangile
L'abbé - Après votre question,
l'on est en droit de suspecter votre foi, car rejeter les
possessions diaboliques, c'est nier l'Evangile. A chaque
page de ce livre divin, il est question d'hommes possédés
du démon, de guérisons de démoniaques
opérées par le Fils de Dieu qui chassait,
avec autorité, ces mauvais Esprits des corps où
ils étaient entrés. Il faut nier l'autorité
des Pères qui, tous, nous parlent de possessions
réelles et d'exorcismes
Il
faut nier l'histoire qui nous atteste des faits réels
de possession véritable. Sans doute l'on a pu, et
l'on peut se tromper à cet égard, et croire
voir une possession où elle n'existe pas. Mais l'erreur,
dans un cas particulier, n'est qu'une vérité
mal appliquée. Peut-être notre siècle
est-il destiné à voir de ses yeux, ces tristes
réalités.
Toutefois, si les démons peuvent s'emparer du corps
et de se servir de ses organes, ils ne peuvent pas se glisser
substantiellement dans l'âme
Ainsi parlent Gennade,
Dydime, Clément d'Alexandrie, Cassien, Paschase,
Bède, saint Thomas, saint Bonaventure et Pierre Lombard
L'on ne peut récuser le témoignage unanime
des Pères des quatre premiers siècles, dit
Bergier, sans donner dans un pyrrhonisme absurde. Ils attestent
constamment que les exorcistes chrétiens chassaient
les démons des corps qui étaient possédés,
qu'ils forçaient ces Esprits impurs d'avouer ce qu'ils
étaient
Au témoignage des Pères, nous pouvons ajouter
celui des auteurs profanes. Fernel, médecin de Henri
II et Ambroise Paré, protestants, font mention d'un
possédé qui parlait grec et latin, sans avoir
jamais appris ces deux langues. On pourrait citer d'autres
exemples de même espèce : Cudworth en allègue
plusieurs.
Léon - Que n'a-t-on pas dit, écrit,
sur ce sujet ? Quel homme, voulant se donner des airs de
supériorité, n'a pas cru devoir dire son mot
contre la possibilité de la possession ?
L'abbé - Cependant, Léon, qu'y
a-t-il de plus croyable ? D'où viendrait d'ailleurs,
cette impossibilité ? De l'Homme ? Mais le corps
humain est certainement apte à être mû
par un Esprit, et rien, dans ses organes, ne s'oppose à
l'action d'un être immatériel sur lui. Il est
naturellement fait pour servir d'instrument aux opérations
d'une substance spirituelle.
Parmi ceux qui nient la possession, vous n'en trouverez
pas un qui ait étudié sérieusement
la question dans un désir sincère de connaître
la vérité
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On
nie, parce qu'on désire trouver la doctrine en défaut
et on désire la trouver en défaut parce qu'avec
elle, les passions sont mal à l'aise
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Léon - Aussi, l'Homme qui a le goût
de la vertu, ne se rencontre jamais parmi les contempteurs
du dogme religieux. La raison en est toute simple :
les devoirs moraux qui découlent de ce dogme sont
la règle de sa conduite. Son intelligence accepte
la vérité avec d'autant plus d'amour que son
cur est pur.
L'Homme ne veut pas entendre parce qu'il ne veut pas
bien agir.
Cette parole sera toujours vraie
L'abbé - Pour terminer, je veux encore
vous citer un passage d'un écrivain sérieux,
inséré dans l'Université catholique,
tome VII p. 336, au sujet des possessions :
- « Quant aux faits, ils sont innombrables. Il y en
a plusieurs, nous le savons très bien, qu'on est
parvenu à entourer d'un ridicule irrésistible.
Il existe même dans tous, un élément
grotesque qui est fait pour scandaliser ceux qui jugent
les phénomènes du monde spirituel selon les
idées naturelles.
Cependant, les faits sont là, et ils ont été
caractérisés par l'autorité compétente.
Dans cette masse innombrable de faits que l'histoire nous
offre, nous n'en citerons que deux reposant sur le témoignage
de deux hommes prudents et saints, et dont les écrits
ont toujours joui d'une grande autorité.
Le premier est rapporté par saint Paulin, évêque
de Nole, dans « La vie de saint Félix ».
Il cite, entre autres, le cas d'un possédé
: il atteste avoir vu ce même homme marcher contre
la voûte de l'église, la tête en bas,
sans que ses habits fussent dérangés.
L'autre fait extraordinaire se trouve dans « Les dialogues
» de saint Sulpice Sévère : «
J'ai vu, dit-il, un possédé élevé
en l'air, les bras tendus à l'approche des reliques
de saint Martin. »
Un fait permanent, dans l'ordre social comme dans l'ordre
physique, c'est la lutte continuelle et opiniâtre
du bien et du mal
Comme Dieu, Satan a non-seulement
un enseignement et un culte, il a ses prophètes et
ses miracles -de faux prophètes et de faux miracles,
il est vrai- mais qui ne laissent pas, pour cela, de tromper
ceux qui ferment leurs yeux à la Lumière divine.
De nos jours, par suite de la direction donnée aux
études médicales, on est porté, non-seulement
à chercher une cause physique pour chaque affection
pathologique (ce qui est le but réel de cette science)
mais, de plus, nier d'une manière philosophique l'existence
des causes matérielles
[N.d.l.r. - Un exemple
d'actualité : le Sida
comment est né
le Sida ? De l'erreur des humains ou de la volonté
divine ?
Personne ne semble vouloir y apporter une
réponse
]
Parce que les possessions présentent certains symptômes
extérieurs qui se rencontrent dans l'épilepsie,
la folie et dans le somnambulisme naturel, on soutient qu'ils
ont tous une origine commune. La même confusion d'idées
existe chez les anciens par un motif contraire.
« Maintenant, ce qui est certain pour tout le monde,
c'est que le corps subit des altérations qui le placent
dans un état anormal à l'égard de l'âme.
Ces altérations ont-elles leur origine exclusivement
dans l'organisme ? Doit-on recourir exclusivement à
la médecine pour y remédier ? Ou, d'un autre
côté, ne doit-on pas admettre l'influence de
l'âme sur le corps et chercher la racine de certaines
maladies dans la volonté même ? Et, pour aller
plus loin, cette volonté n'est-elle jamais envahie
par une volonté étrangère qui s'empare
d'elle et la dirige ?
Quant à nous, nous admettons
les trois ordres de causes : les causes organiques, les
causes morales ou psychologiques et les mauvais Esprits.
» [J. Steinmetz - Cours de psychologie chrétienne]
Léon - L'auteur que vous venez de citer
a mille fois raison dans les reproches qu'il adresse aux
médecins. En s'obstinant contre l'évidence
des faits et la loi qui rattache les effets à leur
cause, à ne voir dans les possessions, que des maladies
physiques, ils se mettent hors d'état du soulagement
au malade ; ils égarent la science même et
lui font faire fausse route. Et puis, d'ailleurs, comment
rendront-ils raison de la facilité avec laquelle
un possédé parle quelquefois des langues,
telles le grec ou le latin ? Sera-ce l'épilepsie,
ou toute autre maladie qui aura le singulier pouvoir de
communiquer le don des langues ?
L'abbé - Vous connaissez maintenant,
mes amis, le changement opéré dans les démons
par suite de leur apostasie ; vous savez ce qu'ils ont conservé
et ce qu'ils ont perdu. Leurs facultés naturelles
restent entières en eux, sans diminution de forces
; mais les dons surnaturels leur ont été enlevés
Arthur - S'ils ont été chassés
du Ciel, où sont-ils maintenant, et quel est leur
séjour ? Dans les textes que vous nous avez cités,
j'ai remarqué plus d'une fois, que les philosophes
platoniciens et même saint Augustin, plaçaient
leur habitation dans l'air
L'abbé - Saint Pierre nous dit que
le diable, notre adversaire, rôde incessamment autour
de nous. Saint Paul n'appelle-t-il pas le démon,
le prince de la puissance de l'air. Tous les Pères
sont unanimes à nous représenter l'air comme
la région habitée par les malices spirituelles.
C'est l'opinion de tous les docteurs, dit saint Jérôme,
que cet air qui se trouve entre le Ciel et la Terre est
rempli de puissances ennemies. Le prince de l'air et l'Esprit
puissant qui est dans cet air, c'est le diable
On
trouve la même idée dans Tertullien, saint
Chrysostôme, Théodoret, saint Fulgence, Lactance,
Cassien etc
Arthur - Comment se fait-il que Dieu leur
ait laissé des forces si nuisibles au risque de s'en
servir pour tout bouleverser ?
L'abbé - Nous avons vu ce que leur
nature même leur permet de faire. Mais nous ne savons
pas encore dans quelle limite, Dieu restreint leur puissance
; car on conçoit que Dieu arrête leur fureur,
et vienne les museler selon que sa Providence le juge utile
au bien. C'est là ce que nous allons examiner maintenant.
Quelle est donc l'action effective que les démons
exercent sur ce monde ?
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Des
Esprits
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l'action effective des démons dans le monde visible
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