Des Esprits…

 

faits diaboliques… leurs caractères…

 

 

   

L'abbé - Si nous voulons bien saisir le caractère des œuvres diaboliques, il nous faut, ce me semble, étudier les faits qui, d'après les Saintes-Ecritures, ont certainement le démon pour auteur. Il ne sera pas inutile non plus d'interroger les Pères et d'apprendre d'eux quels genres de phénomènes ont opérés ces méchants Esprits. Ainsi les Saintes-Ecritures et les Pères de l'Eglise nous ferons connaître des faits certainement diaboliques qui se sont produits sur le théâtre de ce monde ; et ces faits étant connus, nous regarderons leur physionomie pour avoir le signalement des œuvres du démon.
[…]
Or, mes amis, le premier fait diabolique nous est révélé dans la Genèse. L'Eden en a été le théâtre et le témoin.
« Le serpent dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger de tout arbre du paradis ? La femme lui répondit : Nous du fruit des arbres qui sont au paradis ; mais quant aux fruits de l'arbre qui est au milieu, Dieu nous a commandé de ne pas en manger et de ne pas y toucher, de peur que nous ne mourions, peut-être ? Mais le serpent dit à la femme : Point du tout, vous ne mourrez pas de mort ; car Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez comme les dieux sachant le bien et le mal… » (Gen., ch. III)
Voilà le fait dans sa naÏve simplicité. Ce serpent, c'est le démon, Esprit tortueux et rusé.
Saint Augustin a écrit à ce sujet : « C'est le diable lui-même qui a parlé dans le serpent, ce servant de lui comme d'un organe, et mouvant sa nature de la manière dont elle pouvait être mue et dont il pouvait la mouvoir, afin d'exprimer les sons des paroles et les signes corporels qui feraient comprendre à la femme la volonté de celui qui lui conseillait le mal (De la Gen., Tom. 3, livre II, ch. 27, p. 443 - Edition Migne)
Quels sont maintenant les caractères de ce fait primitif, et qui découvrez-vous ?…
     1- La présence d'un Esprit surhumain dans un corps appartenant à notre monde…
     2- Un mouvement communiqué à ce corps par cet Esprit…
     3- Un mouvement ordonné de manière à former un langage et se mettre en rapport avec l'Homme…
     4- Un langage excitant la curiosité d'abord, devenant ensuite astucieux, puis téméraire, puis enfin hardi, jusqu'à nier la parole divine…

Vous voyez clairement ici le but auquel tend le démon, et les moyens qu'il met en œuvre pour atteindre ce but.
Voici maintenant d'autres faits diaboliques puisés encore dans l'Ancien-Testament. Il s'agit des prodiges opérés par les magiciens de Pharaon.
On lit dans l'Exode, ch. VII : « Moïse et Aaron, étant donc allés trouver Pharaon, firent ce que le Seigneur leur avait commandé : Aaron jeta sa verge devant Pharaon et ses serviteurs, et elle fut changée en serpent.
Mais Pharaon appela les sages et les magiciens, et eux aussi firent de même par les enchantements de l'Egypte et par les secrets de leur art ; et chacun d'eux jeta sa verge qui fut changée en serpent, mais la verge d'Aaron dévora leurs verges.
Il frappa l'eau du fleuve en présence de Pharaon et de ses serviteurs, et l'eau fut changée en sang. Les magiciens d'Egypte firent semblablement par leurs enchantements ; et le cœur de Pharaon s'endurcit.
Aaron étendit la main sur les eaux d'Egypte, et les grenouilles en sortirent et couvrirent l'Egypte. Les magiciens firent encore de même par leurs enchantements, et ils fuirent des grenouilles sur la terre d'Egypte.
Sur ce fait étonnant, saint Augustin émet des idées qui peuvent jeter un grand jour sur la manière dont les démons opèrent leurs prodiges. Il dit « qu'il y a dans la nature, un principe universel répandu dans tous les éléments, qui contient la semence de toutes les choses corporelles, lesquelles paraissent au dehors, lorsque leurs principes sont mis en action à temps et par des agents convenables ; mais ces agents ne peuvent -ni ne doivent- être nommés créateurs, puisqu'ils ne tirent rien du néant, et qu'ils déterminent seulement les causes naturelles à produire leurs effets au dehors. Ainsi ont pu, les mauvais anges, produire dans un instant, des serpents avec la matière des verges des magiciens, en appliquant, par une vertu subtile et surprenante, des causes qui paraissent fort éloignées, à produire un effet subit et extraordinaire (cité dans la Bible de Vence, tome II, p. 431). »
Raban-Maur adopte ce sentiment dans son écrit sur l'art magique (Patrol., t. 110, p. 1099).
Saint Thomas, dans sa « Somme théologique », parlant du pouvoir qu'ont les démons d'opérer des prodiges, raisonne comme saint Augustin.
Tostat, au contraire, pense que l'opération des démons consista à mettre, par une souplesse dont ils sont très capables, de vrais et réels serpents à la place des verges qu'ils enlevèrent subitement, sans qu'on s'en aperçût (Bible de Vence, ibib.). »

Arthur - Comme fait un prestidigitateur.

L'abbé - Les démons excellent dans cet art.
D'autres pensent que les magiciens de Pharaon ne changèrent pas véritablement leurs verges en serpent ; qu'il n'y eut ni production, ni substitution réelle ; mais qu'ils firent seulement illusion aux yeux des spectateurs. L'effet produit, selon ces auteurs, était purement fantastique.
Mais, soit qu'il y eût production instantanée de serpents par les causes naturelles appliquées convenablement à de tels effets, soit qu'il y eût substitution de serpents à la place des verges, soit qu'il n'y eût là qu'une illusion des sens, toujours est-il admis par tous les Pères -sans exception- que ce fut l'œuvre des démons. Tous ont vu dans les prodiges des magiciens un fait diabolique.
[…]
Ceux qui les produisent sont appelés magiciens, faiseurs de maléfices (malefici). Or, ce nom n'est jamais donné qu'aux Hommes qui opèrent des prodiges par l'invocation et la puissance des mauvais Esprits. Ces magiciens eurent recours aux enchantements ; or, ce mot encore désigne cette espèce de cérémonies mystérieuses par lesquelles les démons sont appelés à prêter le secours de leurs forces et leur assistance pour produire des effets supérieurs aux forces de l'Homme.
Puis, enfin, le but de ses opérations magiques était de lutter contre les miracles de Moïse, c'est-à-dire contre Dieu qui avait envoyé Moïse, et d'empêcher la délivrance de son peuple…




Maintenant que voyez-vous dans ces faits ?
     1- Un mouvement extraordinaire imprimé à des corps ;
     2- Des apparitions instantanées de créatures qu'on ne voyait point auparavant dans le lieu où elles se montrèrent, et qui y furent amenées, soit par des métamorphoses singulières, soit par des substitutions habiles ; ou bien des images fantastiques, des apparences illusoires qui frappaient les yeux comme des réalités ; et toutes ces choses produites en dehors des lois ordinaires ;
     3- Enfin, vous y voyez un but hostile à Dieu et à son peuple.

Mais en même temps, d'autre part, vous voyez aussi la lumière à côté des ténèbres, et le moyen de discerner le vrai, du faux ; car, selon l'énergique expression de Tertullien, la vérité de Moïse dévora le mensonge des magiciens ; et ceux-ci, ne pouvant plus contrefaire les œuvres de l'envoyé divin, confessèrent que le doigt de Dieu se montrait dans les miracles de son serviteur.

L'Ecriture-Sainte nous raconte encore plusieurs autres faits diaboliques, tels que les malheurs de Job, la tentation de Jésus au désert, l'invasion des démons entrant dans le corps des possédés, la mort des époux de Sara, tués par ces Esprits méchants ; mort terrible qui faisait craindre au jeune Tobie de demander cette pieuse femme pour épouse, et à l'occasion de laquelle l'ange Raphaël dit à ce saint jeune homme : « Je vais vous faire connaître ceux sur qui le démon a de l'empire ; ce sont ceux qui excluent Dieu de leur cœur, et ne cherchent, dans le mariage, que les satisfactions brutales des sens ; » [N.d.l.r. - Vous pouvez lire des extraits du « le Livre de Tobie », en vous rendant à la rubrique : archange Raphaël] mais laissons de côté tous ces faits bibliques, pour arriver à quelques-uns de ceux que nous fournit l'histoire.
Il serait utile, peut-être, de suivre à travers les âges, l'action diabolique au sein de l'humanité. Vous y verriez toujours le même but, et des moyens bien que multiples et infiniment variés dans leurs formes, toujours cependant les mêmes au fond, présentent partout des caractères de similitude qui ne permettent pas de se méprendre sur leur auteur.
Mais voici un passage intéressant que je tire de saint Augustin :
« Mercure l'Egyptien, surnommé Trismégiste, dit qu'il y a des dieux faits par le Dieu souverain, et d'autre part les Hommes. Quand on entend cela, on croit d'abord qu'il veut parler des statues, ouvrages des mains de l'Homme ; mais il dit que les statues que l'on voit et que l'on touche sont comme les corps des dieux, et qu'il y a, au dedans, certains Esprits qui y sont appelés, et qui peuvent nuire ou faire le bien, selon le culte qu'on leur rend. il ajoute que joindre par art ces Esprits invisibles à une matière visible et corporelle, pour en faire comme des corps animés et des statues, dédiées et soumises à ces Esprits, c'est ce que l'on appelle faire des dieux, et que les Hommes ont reçu ce grand et merveilleux pouvoir.

[N.d.l.r. - Un jour, Marcelle a reçu la visite d'une personne qui sculptait… Sa mère étant malade, elle avait demandé à son mari de chercher de l'argile pour l'utiliser. Le père de Liliane étant revenu trop vite, la mère s'est inquiétée de la provenance de cette argile… Il l'avait récupérée au cimetière car on y faisait des travaux… La mère d'Eliane a refusé de l'utiliser et cette argile fut jetée dans le jardin…
Une quinzaine de jour plus tard, la pluie tombait de façon continue sur la Côte d'Opale et Eliane regardait par la fenêtre… Tout d'un coup, elle sortit et eut l'idée de rentrer l'argile pour la travailler, et en faire… une sculpture. Et c'est dans un état second qu'elle se mit au travail. Elle ne connaissait rien à l'art de la sculpture, et ne possédait aucun ustensile adéquat… mais elle fit un véritable chef-d'œuvre : la tête qu'elle venait de confectionner semblait vivante… les pupilles étaient creusées et la bouche, entrouverte, laissait apparaître les dents et une langue où l'on pouvait même voir les papilles… Eliane était devenue sculpteur un peu à son insu… Mais quand Eliane nous a conduits à la cave, ce fut un véritable cauchemar… Il y avait des bustes partout, des centaines, tous plus vrais que nature, des hommes, des femmes, et même des enfants… de vrais œuvres d'art. Sauf deux, celui du Christ et celui du Général de Gaulle : en fait, les deux bustes faits par elle, non inspirée… Lors d'une séance médiumnique, Eliane se mit au travail et elle confectionna le portrait de celui dont elle était le canal : un artiste sculpteur, guillotiné pendant la révolution qui était "obligé" -d'après ce qu'il a écrit lors d'une séance d'écriture automatique- à reproduire les portraits de tous ceux qui avait été guillotinés, comme lui, pendant la révolution… Quand nous sommes rentrés dans ce sombre sous-sol, il ne fallait pas être un bien grand médium pour entendre comme des froissements de tissus ou de voiles ; en fait, les statues étaient habitées par ces gens décapités. L'artiste a expliqué qu'il a mis Liliane en contact avec Marcelle pour que celle-ci l'aide à sortir de ce cercle infernal, de cet "enfer" ; afin qu'elle le protège de tous ces êtres qui avaient refusé leur mort et qui désiraient revivre par l'intermédiaire de ces statues qui leur permettaient de se rematérialiser… Bien évidemment, parallèlement, Liliane avait des manifestations chez elle, ce qui ne semblait pas trop la gêner…
Pensez-vous deviner ce qui arriva ?…
Eh bien, Marcelle fit une protection sur l'artiste, otage des Esprits désincarnés pendant la révolution de façon violente ; et la médium, furieuse de ne plus sculpter, en a beaucoup voulu à Marcelle de lui avoir retiré, et celui qui l'inspirait, et les revenus substantiels qu'elle en tirait car elle vendait certains de ces bustes, qui, je le répète, étaient de vrais œuvres d'art de part la manière dont ils étaient traités…]




Donc, selon Mercure Trismégiste, les Hommes ont trouvé l'art de se faire des dieux. Cet art consiste à appeler, par des évocations, les Esprits invisibles, les démons dans les statues. Ainsi appelés, ces Esprits s'y rendent, et manifestent leur présence et leur pouvoir par des prodiges étonnants, par des oracles qui annoncent l'avenir ; par des maladies qu'ils envoient et des guérisons qu'ils opèrent. C'est-à-dire, dans le temps du paganisme, les Hommes prenaient un morceau de bois, évoquaient des puissances invisibles qui leur parlaient des réponses sur l'avenir, des guérisons, mais aussi, des maladies…

Léon - Et saint Augustin ne voyait, lui, dans cet art, qu'un commerce immonde avec les démons. Il faut écouter les saints : ce sont les vrais sages…

L'abbé - Ecoutez encore un autre poète… Par certaines initiations et certains prestiges, quelqu'un avait lié un démon à un homme. Celui-ci se mit à prophétiser. Tandis qu'il rendait ses oracles, il était enlevé par une puissance étrangère ; et comme il était fort tourmenté, ne pouvant plus supporter la violence du démon, et allait ainsi périr, il dit à ceux qui le livraient à ces prestiges : « Déliez-moi donc enfin… » Ces choses, et d'autres semblables, je pourrais en rapporter beaucoup, ajoute saint Chrysostôme, elles vous montrent et le malheur de ceux qui sont asservis aux démons, et la violence que souffrent ceux qui se sont une fois livrés à eux, perdant ainsi la liberté de leur esprit.
Je suis contraint de dévoiler une autre turpitude qu'il serait bon cependant de passer sous silence…
On raconte donc qu'une femme pythonisse s'assied sur le trépied d'Apollon, dans une tenue inconvenante ; qu'ensuite, un Esprit méchant, envoyé de l'enfer, entrant honteusement dans son corps, la remplit de fureur. Cette femme alors devient comme une bacchante, ses cheveux sont épars, sa bouche écume, et elle se met à proférer des paroles de furie. Le propre du démon est de produire le tumulte, la fureur, l'obscurité. C'est là le premier caractère du magicien.
[…]
Au sujet des oracles, on lit dans Rollin : « Au rapport de Tacite, Germanicus alla consulter l'Apollon de Claros. Ce n'est point une femme qui y rend les oracles, comme à Delphes, mais un homme qu'on choisit dans certaines familles… Il suffit de lui dire le nombre et les noms de ceux qui viennent le consulter : ensuite, il se retire dans une grotte, et ayant pris de l'eau d'une source qui y est, il répond en vers sur ce que les consultants ont dans l'esprit, quoique, le plus souvent, il soit très ignorant et ne sache point ce que c'est que de versifier. »
On lit dans le même ouvrage, relativement à la pythie de Delphes : « Diodore dit qu'il y avait sur le mont Parnasse, un trou d'où il sortait une exhalaison qui faisait danser les chèvres et qui montait à la tête. Un berger, curieux de connaître la cause d'un effet si extraordinaire, s'en étant approché, se sentit tout d'un coup saisi de mouvements violents, et prononça quelques mots que sans doute, il n'entendait point, mais qui prédisaient l'avenir… Le bruit s'en répandit bientôt dans le voisinage. On conclut qu'il y avait quelque chose de divin dans cette exhalaison.
« La pythie ne pouvait prophétiser qu'elle n'eût été enivrée par la vapeur qui sortait du sanctuaire d'Apollon. Cette vapeur miraculeuse ne l'enivrait pas en tout temps, et en toute occasion. Le Dieu n'était pas toujours d'humeur à l'inspirer. Tous les jours n'étaient pas convenables, et il y en avait où il n'était pas permis de consulter l'oracle.
Le Dieu annonçait sa venue en secouant lui-même un laurier qui était devant la porte du temple et faisait trembler celui-ci jusque dans ses fondements.
Dès que la vapeur divine, comme un feu pénétrant, s'était répandue dans les entrailles de la prêtresse, on voyait ses cheveux se dresser sur sa tête ; son regard était farouche, sa bouche écumait, un tremblement subit et violent s'emparait de tout son corps ; elle ressentait tous les symptômes d'une personne agitée de fureur… » [Rollin - Histoire ancienne]
Ces caractères de l'envahissement de la pythie par la divinité païenne ont été reconnus par Virgile dans l'Enéide.
Toutes les histoires de l'antiquité sont pleines de faits semblables…
La personne envahie par la puissance invisible, perdait sa liberté, n'était plus maîtresse de ses actes ; elle parlait sans savoir le sens des paroles qu'elle proférait, et ne conservait pas, après la crise [N.d.l.r. - Nous dirions : la transe] le souvenir des choses qu'elle avait dites ou faites. Tous ces caractères ressortent des faits dont parle saint Jean Chrysostôme après Platon et Rollin.





   
  La magie…  
Des Esprits…
   


Arthur - Dans le texte que vous nous avez cité tout à l'heure, n'est-il pas question de magiciens ? Est-ce qu'ils croyaient à la magie ?…

L'abbé - Je vous attendais là, Arthur : il me semblait bien que ce mot de… "magie" devait mal sonner à vos oreilles. Eh bien, parlons donc de magie car c'est encore une grande et pernicieuse superstition à laquelle se rattachent des faits nombreux.
Je vous ferai remarquer d'abord qu'il n'est pas possible d'en contester l'existence. Chez les Romains, il y avait des lois sévères contre les magiciens. Constantin et Théodose en ont fait également réprimer cet art détestable. Les conciles l'ont interdit de leur côté. Vous avouerez qu'on ne fait pas des lois pour détruire des crimes qui n'existent pas.
Tous les auteurs anciens ne font aucune difficulté à reconnaître qu'il y a un art impie qu'on appelle « magie ». Pline écrivait de son temps : « La magie a été accréditée dans toute l'étendue de la Terre, et pendant beaucoup de siècles. Elle a joui d'une grande autorité… Aujourd'hui encore, elle domine chez une grande partie des peuples… [N.d.l.r. - Très bientôt sur ce site : la sorcellerie en France aujourd'hui…]
Au témoignage de Pline, joignez ceux de Lucain, Virgile, Apulée, Cicéron, Varron, Porphyre, Philostrate. Horace parle assez longuement des breuvages magiques de Canidie. Il nous représente cette fameuse magicienne comme employant, pour ses opérations magiques, des herbes de Thessalie…
Les eaux fétides de l'Averne étaient employées dans les mystères de la magie…

« Quelle que soit la partie du Globe que l'on examine, quelle que soit la variété de l'espèce humaine dont on observe les usages, dans l'antiquité et dans les temps modernes, chez les sauvages, mais aussi au milieu des empires civilisés, on trouve des devins et des Hommes s'occupant de magie. Nos livres saints, ceux des Indous, des Chinois, des Grecs, parlent d'Hommes lisant dans l'avenir, évoquant les Ombres, opérant mille prodiges par les connaissances surnaturelles qu'ils acquièrent, grâce à leur commerce avec les démons ou génies… [Ferdinand Denis - Tableau analytique, critique et historique des sciences occultes]
« L'assentiment du genre humain est, dit-on, une preuve irréfragable, de la vérité…
Quelque nom qu'on lui donne, quelque titre qui la décore, les nations civilisées depuis des milliers d'années, les peuplades les plus barbares, toutes proclament, chérissent et redoutent le pouvoir accordé à quelques Hommes de s'élancer par leurs œuvres, hors de l'ordre commun de la nature… [Salverte - Des sciences occultes]

« Tous les peuples, a dit Voltaire, ont cru à la magie, la doctrine des génies, et de la magie a rempli toute la Terre… [Dictionnaire philosophique]
Voici encore le témoignage de Bayle. Les esprits forts s'inclineront de respect devant sa parole : « Les histoires de tous les temps et de tous les lieux rapportent, et à l'égard des songes, et à l'égard de la magie, tant de faits surprenants, que ceux qui s'obstinent à tout nier, se rendent suspects ou de peu de sincérité, ou d'un défaut de lumière qui ne leur permet pas de bien discerner la force des preuves… [Dictionnaire historique et critique - Magie]

Arthur - Ah ! selon M. Bayle, pour nier tous les faits attribués à la magie, il faut être de mauvaise foi, ou d'une certaine ignorance !… Je ne sais pas si une semblable parole sera bien reçue.

Léon - Il est certain que des Hommes nient tout de prime abord, sans vouloir rien examiner.

L'abbé - Voici qui va confirmer ce que vous dites, Léon. « Au commencement du XVIIIe siècle, l'académie royale des sciences chargea plusieurs de ses membres, et entre autres le célèbre Fontenelle, d'examiner l'ouvrage qui venait de publier Lebrun sur la réalité de l'intervention des démons dans les faits de la magie. Or, savez-vous quel fut le rapport de la commission académique ? Lisez ceci : « Nous sommes convenus tous ensemble, que le livre était bien raisonné, et que les principes qui y sont établis pour démêler ce qui est naturel d'avec ce qui ne l'est pas, sont solides, et que les pratiques qu'on y combat sont de pures impostures des Hommes dont on n'a pas entrepris la discussion… » [Fontenelle]

Léon - C'est un moyen expéditif de sortir d'embarras…

L'abbé - Mais il n'est pas sans danger pour la réputation de ceux qui l'emploient : « Voilà, dit Bayle, des choses qui mettent à bout la philosophie… C'est ce qui oblige la plupart des philosophes à nier tout court les faits de cette nature, qui sont si fréquents dans les livres, et plus fréquents, encore, dans les discours de conversations. Mais il faut avouer que ce parti de nier tout a ses incommodités, et qu'il ne contente point l'esprit de ceux qui pèsent exactement le pour et le contre…

Léon - Voilà un aveu précieux. Ils ne peuvent trouver aucun bon système pour rendre raison de ces faits étranges, alors ils prennent le parti de les nier, parce qu'autrement, il faudrait en demander l'explication à la religion…

L'abbé - Tous n'en sont pas là ; il est des Hommes de bonne foi et de science qui ne croient pas possible de rejeter les opérations de la magie. Ecoutez Hoffmann : « Que les démons agissent sur les corps humains, c'est ce qui a été cru de temps immémorial par toutes les nations, observé avec un accord admirable par les théologiens comme par les philosophes et les médecins les plus sages, confirmé par le témoignage des livres sacrés… établi enfin par tant d'édits et de jugements des magistrats, ainsi que par des aveux même des coupables. Assurément, en matière de faits, il faut s'appuyer sur la seule autorité… »
Delrio prouve fort bien, dans ses « Disquisitions magiques » l'existence des pratiques de cet art infâme, par le consentement de tous les peuples et l'expérience de tous les siècles. Il établit qu'il faut garder, dans cette affaire, un milieu entre ceux qui croient tout, et ceux qui ne croient en rien.
Bodin, avocat au parlement de Paris, procureur de Charles IX, auteur du « Traité des sorciers », entre autres, Bodin, bien qu'incrédule à l'égard des vérités religieuses, ne doutait pas cependant du commerce que des Hommes aveuglés et corrompus pouvaient avoir avec les démons ; il cite même deux exemples pour prouver que le démon s'efforce de persuader qu'il n'y a ni sortilège, ni sorcier, ni aucun effet magique ; et ajoute que c'est un de ses plus spécieux moyens de propager son empire… »

Arthur - Le diable se plaît à se cacher derrière les rideaux pour mieux jouer son rôle…

L'abbé - Il y a plus, mes amis, la magie était devenue de mode depuis la publication, en 1774, du livre de De Haen ; Archenholtz en fait la remarque dans son tableau de l'Angleterre et Mira beau également. Le premier parle d'un personnage célèbre dans les annales cabalistiques, connu sous le nom de docteur Falkon comme un fameux magicien. Le comte de Mirabeau, dans l'ouvrage « Monarchie prussienne » parle aussi en plusieurs endroits du goût des philosophes modernes, des princes et autres bruyants personnages, pour la magie : « Voyez, dit-il, en Allemagne, tant de princes, ivres de l'espoir et de l'attente des moyens surnaturels de puissance, évoquer les Esprits, explorer l'avenir et tous ses secrets, tenter de découvrir la médecine universelle, de faire le grand œuvre, et, pour étancher leur soif insatiable de domination et de trésors, ramper à la voix de leurs thaumaturges que dirige un spectre inconnu. » Ailleurs, il parle aussi d'un limonadier auquel le duc Charles de Courlande avait fait donner des coups de bâton, mais qui sut, ensuite, tellement fasciner le prince et une grande partie des personnes les plus considérables de Dresde et de Leipsick, qu'il joua un assez grand rôle… « Dès lors, on vit apparaître, en Europe, les folies de l'Asie, de la Chine : la médecine universelle, le breuvage de l'immortalité… etc. Sa particularité était surtout l'évocation des mânes ; il commandait aux Esprits, il faisait apparaître à son gré, les morts et les puissances invisibles…
On sait quel fut le dénouement de son drame : après avoir consumé des sommes immenses à ses adhérents, après avoir aliéné le bon sens de plusieurs d'entre eux, dans l'impossibilité de se soutenir plus longtemps, il se cassa la tête d'un coup de pistolet… »
Dans les « Mémoires de Saint-Simon » on apprend aussi que le duc d'Orléans, régent de France, faisait son étude de la magie ; et on lit dans d'autres mémoires, que le Maréchal de Richelieu a donné des preuves de même goût…




Arthur - Tout à l'heure, vous avez nommé Faustus ; qu'était-il ?…

L'abbé - Un magicien. Voici ce qu'en dit Feller : « Il s'adonna entièrement à toutes sortes de sortilèges et aux conjurations des Esprits, et se pourvut de tous les livres magiques…
Enfin, l'infortuné Faustus conjura, dit-on, le démon, traita avec lui pour vingt-quatre ans, et en reçut un Esprit familier pour son service, nommé Méphistophélès. On rapporte que Faustus joua des tours surprenants à la cour de l'empereur Maximilien ; mais qu'à la fin, le démon l'étrangla et le déchira d'une manière effroyable dans le village de Remlich… [N.d.l.r. - On rapporte aussi que les loups ne se mangent pas entre eux… Un jour, marcelle olivério a reçu dans son bureau, quelqu'un qui avait pactisé avec le diable… un pacte de sang. Dans une discothèque, alors que tous les spots étaient rouges, ce garçon a eu une idée : briser un verre et s'ouvrir les veines en demandant à Satan de le rendre populaire… Il voulait être chanteur. Ce qui fut fait. Ses disques se vendaient bien, il eut beaucoup d'argent et beaucoup d'amants… la vie était belle !… Et un jour, il en eut marre de cette vie facile et de débauche, car il a rencontré celui qu'il aimait… L'Esprit qui lui rendait service, ne l'entendit pas de cette oreille : il lui appartenait. Et aussitôt, ce fut une véritable descente aux enfers… Ses disques ne se vendaient plus, les chansons n'étaient plus belles… Il a trouvé du travail mais on devait l'attacher car il se levait et sans raison apparente et malgré plusieurs personnes qui voulaient l'en empêcher en s'interposant, habité d'une force colossale, ouvrait une bouteille de whisky et en buvait tout le contenu, puis devenait violent…
Dans le bureau de Marcelle, il n'avait de cesse de fixer son crucifix et de temps en temps, rempli de rictus, crachait dessus… Les Ombres, quand elles ont rendu service, ne lâchent pas leur proie comme cela… et cherchent à détruire leurs protégés quand ils ne leurs servent plus…]
[…]
Qu'on ne s'étonne pas des prestiges des magiciens, puisque, par leur art dans les maléfices, ils ont pu aller jusqu'à résister à Moïse en produisant des prodiges semblables aux siens, changeant, comme lui, leurs verges en serpents et l'eau en sang.
« Ce sont des magiciens, ceux qu'on appelle vulgairement "faiseurs de maléfices" à cause de la grandeur de leurs forfaits. Ils frappent les éléments, troublent l'esprit des Hommes, et, sans donner aucun breuvage empoisonné, tuent par la force de leur enchantement… » : c'est ce que disent Lucain et Horace.




Arthur - Autrefois déjà, on évoquait les morts, on leur adressait des questions, on les interrogeait sur l'avenir, et ils répondaient ! On se servait d'eau quelquefois pour ces opérations, et dans cette eau, on voyait des figures, des images, des jeux fantastiques !…

L'abbé - On dit, continue saint Isidore, que ce genre de divination vient des Perses. Varron compte quatre genres de divination : la terre, l'eau, l'air et le feu. De là, la géomancie, l'hydromancie, l'aéromancie, la pyromancie…
« Les devins sont ainsi appelés comme s'ils étaient remplis de la science divine. Ils se donnent comme possédant les secrets de Dieu… On appelle "enchanteurs" ceux qui pratiquent l'art magique des ligatures de remèdes exécrables qui consistent dans des enchantements, des caractères, ou tout autre chose que l'on suspend ou qu'on lie… Dans toutes ces sortes de choses, il y a un art diabolique sorti d'une certaine association pestilentielle des Hommes et des mauvais Esprits… C'est pourquoi, elles doivent être évitées par les Chrétiens… »
[…]
Cassien attribue aussi aux Esprits méchants, toutes les opérations de la magie. Il dit que les magiciens et les faiseurs de maléfices invoquent les démons et se servent de leur puissance. »
[…]
« Il y a une autre manière de commander aux démons et de se les soumettre. C'est celle dont se servent les magiciens et les faiseurs de maléfices, ces Hommes qui rendent un culte aux démons, en les invoquant, bien plus, en les adorant et leur offrant des sacrifices… […] Or, comme parmi les démons, les uns sont plus puissants que d'autres, parce qu'ils leur sont supérieurs, il arrive que si un magicien se trouve avoir un pacte avec un démon d'un ordre supérieur, il peut, par son moyen, forcer les démons inférieurs à lui obéir… »

Léon - Ce texte est bien digne d'être remarqué. Il me frappe singulièrement… Ce pauvre magicien croira commander aux Esprits, les faire obéir à sa volonté, leur commander en maître alors, qu'en fait, il ne sera que leur esclave…
Quelle ruse digne de l'enfer !


   
   

 

   
   

Des Esprits…