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Des
Esprits
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faits
diaboliques
leurs caractères
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L'abbé - Si nous voulons bien
saisir le caractère des uvres diaboliques,
il nous faut, ce me semble, étudier les faits qui,
d'après les Saintes-Ecritures, ont certainement le
démon pour auteur. Il ne sera pas inutile non plus
d'interroger les Pères et d'apprendre d'eux quels
genres de phénomènes ont opérés
ces méchants Esprits. Ainsi les Saintes-Ecritures
et les Pères de l'Eglise nous ferons connaître
des faits certainement diaboliques qui se sont produits
sur le théâtre de ce monde ; et ces faits étant
connus, nous regarderons leur physionomie pour avoir le
signalement des uvres du démon.
[
]
Or, mes amis, le premier fait diabolique nous est révélé
dans la Genèse. L'Eden en a été le
théâtre et le témoin.
« Le serpent dit à la femme : Pourquoi Dieu
vous a-t-il commandé de ne pas manger de tout arbre
du paradis ? La femme lui répondit : Nous du fruit
des arbres qui sont au paradis ; mais quant aux fruits de
l'arbre qui est au milieu, Dieu nous a commandé de
ne pas en manger et de ne pas y toucher, de peur que nous
ne mourions, peut-être ? Mais le serpent dit à
la femme : Point du tout, vous ne mourrez pas de mort ;
car Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos
yeux s'ouvriront, et vous serez comme les dieux sachant
le bien et le mal
» (Gen., ch. III)
Voilà le fait dans sa naÏve simplicité.
Ce serpent, c'est le démon, Esprit tortueux et rusé.
Saint Augustin a écrit à ce sujet : «
C'est le diable lui-même qui a parlé dans le
serpent, ce servant de lui comme d'un organe, et mouvant
sa nature de la manière dont elle pouvait être
mue et dont il pouvait la mouvoir, afin d'exprimer les sons
des paroles et les signes corporels qui feraient comprendre
à la femme la volonté de celui qui lui conseillait
le mal (De la Gen., Tom. 3, livre II, ch. 27, p. 443 - Edition
Migne)
Quels sont maintenant les caractères de ce fait primitif,
et qui découvrez-vous ?
1- La présence d'un
Esprit surhumain dans un corps appartenant à notre
monde
2- Un mouvement communiqué
à ce corps par cet Esprit
3- Un mouvement ordonné
de manière à former un langage et se mettre
en rapport avec l'Homme
4- Un langage excitant la
curiosité d'abord, devenant ensuite astucieux, puis
téméraire, puis enfin hardi, jusqu'à
nier la parole divine
Vous voyez clairement ici le but auquel tend le démon,
et les moyens qu'il met en uvre pour atteindre ce
but.
Voici maintenant d'autres faits diaboliques puisés
encore dans l'Ancien-Testament. Il s'agit des prodiges opérés
par les magiciens de Pharaon.
On lit dans l'Exode, ch. VII : « Moïse et Aaron,
étant donc allés trouver Pharaon, firent ce
que le Seigneur leur avait commandé : Aaron jeta
sa verge devant Pharaon et ses serviteurs, et elle fut changée
en serpent.
Mais Pharaon appela les sages et les magiciens, et eux aussi
firent de même par les enchantements de l'Egypte et
par les secrets de leur art ; et chacun d'eux jeta sa verge
qui fut changée en serpent, mais la verge d'Aaron
dévora leurs verges.
Il frappa l'eau du fleuve en présence de Pharaon
et de ses serviteurs, et l'eau fut changée en sang.
Les magiciens d'Egypte firent semblablement par leurs enchantements
; et le cur de Pharaon s'endurcit.
Aaron étendit la main sur les eaux d'Egypte, et les
grenouilles en sortirent et couvrirent l'Egypte. Les magiciens
firent encore de même par leurs enchantements, et
ils fuirent des grenouilles sur la terre d'Egypte.
Sur ce fait étonnant, saint Augustin émet
des idées qui peuvent jeter un grand jour sur la
manière dont les démons opèrent leurs
prodiges. Il dit « qu'il y a dans la nature, un principe
universel répandu dans tous les éléments,
qui contient la semence de toutes les choses corporelles,
lesquelles paraissent au dehors, lorsque leurs principes
sont mis en action à temps et par des agents convenables
; mais ces agents ne peuvent -ni ne doivent- être
nommés créateurs, puisqu'ils ne tirent rien
du néant, et qu'ils déterminent seulement
les causes naturelles à produire leurs effets au
dehors. Ainsi ont pu, les mauvais anges, produire dans un
instant, des serpents avec la matière des verges
des magiciens, en appliquant, par une vertu subtile et surprenante,
des causes qui paraissent fort éloignées,
à produire un effet subit et extraordinaire (cité
dans la Bible de Vence, tome II, p. 431). »
Raban-Maur adopte ce sentiment dans son écrit sur
l'art magique (Patrol., t. 110, p. 1099).
Saint Thomas, dans sa « Somme théologique »,
parlant du pouvoir qu'ont les démons d'opérer
des prodiges, raisonne comme saint Augustin.
Tostat, au contraire, pense que l'opération des démons
consista à mettre, par une souplesse dont ils sont
très capables, de vrais et réels serpents
à la place des verges qu'ils enlevèrent subitement,
sans qu'on s'en aperçût (Bible de Vence, ibib.).
»
Arthur - Comme fait un prestidigitateur.
L'abbé - Les démons excellent
dans cet art.
D'autres pensent que les magiciens de Pharaon ne changèrent
pas véritablement leurs verges en serpent ; qu'il
n'y eut ni production, ni substitution réelle ; mais
qu'ils firent seulement illusion aux yeux des spectateurs.
L'effet produit, selon ces auteurs, était purement
fantastique.
Mais, soit qu'il y eût production instantanée
de serpents par les causes naturelles appliquées
convenablement à de tels effets, soit qu'il y eût
substitution de serpents à la place des verges, soit
qu'il n'y eût là qu'une illusion des sens,
toujours est-il admis par tous les Pères -sans exception-
que ce fut l'uvre des démons. Tous ont vu dans
les prodiges des magiciens un fait diabolique.
[
]
Ceux qui les produisent sont appelés magiciens, faiseurs
de maléfices (malefici). Or, ce nom n'est jamais
donné qu'aux Hommes qui opèrent des prodiges
par l'invocation et la puissance des mauvais Esprits. Ces
magiciens eurent recours aux enchantements ; or, ce mot
encore désigne cette espèce de cérémonies
mystérieuses par lesquelles les démons sont
appelés à prêter le secours de leurs
forces et leur assistance pour produire des effets supérieurs
aux forces de l'Homme.
Puis, enfin, le but de ses opérations magiques était
de lutter contre les miracles de Moïse, c'est-à-dire
contre Dieu qui avait envoyé Moïse, et d'empêcher
la délivrance de son peuple
Maintenant
que voyez-vous dans ces faits ?
1- Un mouvement extraordinaire
imprimé à des corps ;
2- Des apparitions instantanées
de créatures qu'on ne voyait point auparavant dans
le lieu où elles se montrèrent, et qui y furent
amenées, soit par des métamorphoses singulières,
soit par des substitutions habiles ; ou bien des images
fantastiques, des apparences illusoires qui frappaient les
yeux comme des réalités ; et toutes ces choses
produites en dehors des lois ordinaires ;
3- Enfin, vous y voyez un
but hostile à Dieu et à son peuple.
Mais en même temps, d'autre part, vous voyez aussi
la lumière à côté des ténèbres,
et le moyen de discerner le vrai, du faux ; car, selon l'énergique
expression de Tertullien, la vérité de Moïse
dévora le mensonge des magiciens ; et ceux-ci, ne
pouvant plus contrefaire les uvres de l'envoyé
divin, confessèrent que le doigt de Dieu se montrait
dans les miracles de son serviteur.
L'Ecriture-Sainte nous raconte encore plusieurs autres faits
diaboliques, tels que les malheurs de Job, la tentation
de Jésus au désert, l'invasion des démons
entrant dans le corps des possédés, la mort
des époux de Sara, tués par ces Esprits méchants
; mort terrible qui faisait craindre au jeune Tobie de demander
cette pieuse femme pour épouse, et à l'occasion
de laquelle l'ange Raphaël dit à ce saint jeune
homme : « Je vais vous faire connaître ceux
sur qui le démon a de l'empire ; ce sont ceux qui
excluent Dieu de leur cur, et ne cherchent, dans le
mariage, que les satisfactions brutales des sens ; »
[N.d.l.r. - Vous pouvez lire des extraits du « le
Livre de Tobie », en vous rendant à la
rubrique : archange Raphaël]
mais laissons de côté tous ces faits bibliques,
pour arriver à quelques-uns de ceux que nous fournit
l'histoire.
Il serait utile, peut-être, de suivre à travers
les âges, l'action diabolique au sein de l'humanité.
Vous y verriez toujours le même but, et des moyens
bien que multiples et infiniment variés dans leurs
formes, toujours cependant les mêmes au fond, présentent
partout des caractères de similitude qui ne permettent
pas de se méprendre sur leur auteur.
Mais voici un passage intéressant que je tire de
saint Augustin :
« Mercure l'Egyptien, surnommé Trismégiste,
dit qu'il y a des dieux faits par le Dieu souverain, et
d'autre part les Hommes. Quand on entend cela, on croit
d'abord qu'il veut parler des statues, ouvrages des mains
de l'Homme ; mais il dit que les statues que l'on voit et
que l'on touche sont comme les corps des dieux, et qu'il
y a, au dedans, certains Esprits qui y sont appelés,
et qui peuvent nuire ou faire le bien, selon le culte qu'on
leur rend. il ajoute que joindre par art ces Esprits invisibles
à une matière visible et corporelle, pour
en faire comme des corps animés et des statues, dédiées
et soumises à ces Esprits, c'est ce que l'on appelle
faire des dieux, et que les Hommes ont reçu ce grand
et merveilleux pouvoir.
[N.d.l.r. - Un jour, Marcelle a reçu la visite d'une
personne qui sculptait
Sa mère étant
malade, elle avait demandé à son mari de chercher
de l'argile pour l'utiliser. Le père de Liliane étant
revenu trop vite, la mère s'est inquiétée
de la provenance de cette argile
Il l'avait récupérée
au cimetière car on y faisait des travaux
La
mère d'Eliane a refusé de l'utiliser et cette
argile fut jetée dans le jardin
Une quinzaine de jour plus tard, la pluie tombait de façon
continue sur la Côte d'Opale et Eliane regardait par
la fenêtre
Tout d'un coup, elle sortit et eut
l'idée de rentrer l'argile pour la travailler, et
en faire
une sculpture. Et c'est dans un état
second qu'elle se mit au travail. Elle ne connaissait rien
à l'art de la sculpture, et ne possédait aucun
ustensile adéquat
mais elle fit un véritable
chef-d'uvre : la tête qu'elle venait de confectionner
semblait vivante
les pupilles étaient creusées
et la bouche, entrouverte, laissait apparaître les
dents et une langue où l'on pouvait même voir
les papilles
Eliane était devenue sculpteur
un peu à son insu
Mais quand Eliane nous a
conduits à la cave, ce fut un véritable cauchemar
Il y avait des bustes partout, des centaines, tous plus
vrais que nature, des hommes, des femmes, et même
des enfants
de vrais uvres d'art. Sauf deux,
celui du Christ et celui du Général de Gaulle
: en fait, les deux bustes faits par elle, non inspirée
Lors d'une séance médiumnique, Eliane se mit
au travail et elle confectionna le portrait de celui dont
elle était le canal : un artiste sculpteur, guillotiné
pendant la révolution qui était "obligé"
-d'après ce qu'il a écrit lors d'une séance
d'écriture automatique- à reproduire les portraits
de tous ceux qui avait été guillotinés,
comme lui, pendant la révolution
Quand nous
sommes rentrés dans ce sombre sous-sol, il ne fallait
pas être un bien grand médium pour entendre
comme des froissements de tissus ou de voiles ; en fait,
les statues étaient habitées par ces gens
décapités. L'artiste a expliqué qu'il
a mis Liliane en contact avec Marcelle pour que celle-ci
l'aide à sortir de ce cercle infernal, de cet "enfer"
; afin qu'elle le protège de tous ces êtres
qui avaient refusé leur mort et qui désiraient
revivre par l'intermédiaire de ces statues qui leur
permettaient de se rematérialiser
Bien évidemment,
parallèlement, Liliane avait des manifestations chez
elle, ce qui ne semblait pas trop la gêner
Pensez-vous deviner ce qui arriva ?
Eh bien, Marcelle fit une protection sur l'artiste, otage
des Esprits désincarnés pendant la révolution
de façon violente ; et la médium, furieuse
de ne plus sculpter, en a beaucoup voulu à Marcelle
de lui avoir retiré, et celui qui l'inspirait, et
les revenus substantiels qu'elle en tirait car elle vendait
certains de ces bustes, qui, je le répète,
étaient de vrais uvres d'art de part la manière
dont ils étaient traités
]
Donc, selon Mercure Trismégiste, les Hommes ont trouvé
l'art de se faire des dieux. Cet art consiste à appeler,
par des évocations, les Esprits invisibles, les démons
dans les statues. Ainsi appelés, ces Esprits s'y
rendent, et manifestent leur présence et leur pouvoir
par des prodiges étonnants, par des oracles qui annoncent
l'avenir ; par des maladies qu'ils envoient et des guérisons
qu'ils opèrent. C'est-à-dire, dans le temps
du paganisme, les Hommes prenaient un morceau de bois, évoquaient
des puissances invisibles qui leur parlaient des réponses
sur l'avenir, des guérisons, mais aussi, des maladies
Léon - Et saint Augustin ne voyait,
lui, dans cet art, qu'un commerce immonde avec les démons.
Il faut écouter les saints : ce sont les vrais sages
L'abbé - Ecoutez encore un autre poète
Par certaines initiations et certains prestiges, quelqu'un
avait lié un démon à un homme. Celui-ci
se mit à prophétiser. Tandis qu'il rendait
ses oracles, il était enlevé par une puissance
étrangère ; et comme il était fort
tourmenté, ne pouvant plus supporter la violence
du démon, et allait ainsi périr, il dit à
ceux qui le livraient à ces prestiges : « Déliez-moi
donc enfin
» Ces choses, et d'autres semblables,
je pourrais en rapporter beaucoup, ajoute saint Chrysostôme,
elles vous montrent et le malheur de ceux qui sont asservis
aux démons, et la violence que souffrent ceux qui
se sont une fois livrés à eux, perdant ainsi
la liberté de leur esprit.
Je suis contraint de dévoiler une autre turpitude
qu'il serait bon cependant de passer sous silence
On raconte donc qu'une femme pythonisse s'assied sur le
trépied d'Apollon, dans une tenue inconvenante ;
qu'ensuite, un Esprit méchant, envoyé de l'enfer,
entrant honteusement dans son corps, la remplit de fureur.
Cette femme alors devient comme une bacchante, ses cheveux
sont épars, sa bouche écume, et elle se met
à proférer des paroles de furie. Le propre
du démon est de produire le tumulte, la fureur, l'obscurité.
C'est là le premier caractère du magicien.
[
]
Au sujet des oracles, on lit dans Rollin : « Au rapport
de Tacite, Germanicus alla consulter l'Apollon de Claros.
Ce n'est point une femme qui y rend les oracles, comme à
Delphes, mais un homme qu'on choisit dans certaines familles
Il suffit de lui dire le nombre et les noms de ceux qui
viennent le consulter : ensuite, il se retire dans une grotte,
et ayant pris de l'eau d'une source qui y est, il répond
en vers sur ce que les consultants ont dans l'esprit, quoique,
le plus souvent, il soit très ignorant et ne sache
point ce que c'est que de versifier. »
On lit dans le même ouvrage, relativement à
la pythie de Delphes : « Diodore dit qu'il y
avait sur le mont Parnasse, un trou d'où il sortait
une exhalaison qui faisait danser les chèvres et
qui montait à la tête. Un berger, curieux de
connaître la cause d'un effet si extraordinaire, s'en
étant approché, se sentit tout d'un coup saisi
de mouvements violents, et prononça quelques mots
que sans doute, il n'entendait point, mais qui prédisaient
l'avenir
Le bruit s'en répandit bientôt
dans le voisinage. On conclut qu'il y avait quelque chose
de divin dans cette exhalaison.
« La pythie ne pouvait prophétiser qu'elle
n'eût été enivrée par la vapeur
qui sortait du sanctuaire d'Apollon. Cette vapeur miraculeuse
ne l'enivrait pas en tout temps, et en toute occasion. Le
Dieu n'était pas toujours d'humeur à l'inspirer.
Tous les jours n'étaient pas convenables, et il y
en avait où il n'était pas permis de consulter
l'oracle.
Le Dieu annonçait sa venue en secouant lui-même
un laurier qui était devant la porte du temple et
faisait trembler celui-ci jusque dans ses fondements.
Dès que la vapeur divine, comme un feu pénétrant,
s'était répandue dans les entrailles de la
prêtresse, on voyait ses cheveux se dresser sur sa
tête ; son regard était farouche, sa bouche
écumait, un tremblement subit et violent s'emparait
de tout son corps ; elle ressentait tous les symptômes
d'une personne agitée de fureur
» [Rollin
- Histoire ancienne]
Ces caractères de l'envahissement de la pythie par
la divinité païenne ont été reconnus
par Virgile dans l'Enéide.
Toutes les histoires de l'antiquité sont pleines
de faits semblables
La personne envahie par la puissance invisible, perdait
sa liberté, n'était plus maîtresse de
ses actes ; elle parlait sans savoir le sens des paroles
qu'elle proférait, et ne conservait pas, après
la crise [N.d.l.r. - Nous dirions : la transe] le souvenir
des choses qu'elle avait dites ou faites. Tous ces caractères
ressortent des faits dont parle saint Jean Chrysostôme
après Platon et Rollin.
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La
magie
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Des
Esprits
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Arthur
- Dans le texte que vous nous avez cité tout
à l'heure, n'est-il pas question de magiciens ? Est-ce
qu'ils croyaient à la magie ?
L'abbé - Je vous attendais là,
Arthur : il me semblait bien que ce mot de
"magie"
devait mal sonner à vos oreilles. Eh bien, parlons
donc de magie car c'est encore une grande et pernicieuse
superstition à laquelle se rattachent des faits nombreux.
Je vous ferai remarquer d'abord qu'il n'est pas possible
d'en contester l'existence. Chez les Romains, il y avait
des lois sévères contre les magiciens. Constantin
et Théodose en ont fait également réprimer
cet art détestable. Les conciles l'ont interdit de
leur côté. Vous avouerez qu'on ne fait pas
des lois pour détruire des crimes qui n'existent
pas.
Tous les auteurs anciens ne font aucune difficulté
à reconnaître qu'il y a un art impie qu'on
appelle « magie ». Pline écrivait de
son temps : « La magie a été accréditée
dans toute l'étendue de la Terre, et pendant beaucoup
de siècles. Elle a joui d'une grande autorité
Aujourd'hui encore, elle domine chez une grande partie des
peuples
[N.d.l.r. - Très bientôt sur
ce site : la sorcellerie en France aujourd'hui
]
Au témoignage de Pline, joignez ceux de Lucain, Virgile,
Apulée, Cicéron, Varron, Porphyre, Philostrate.
Horace parle assez longuement des breuvages magiques de
Canidie. Il nous représente cette fameuse magicienne
comme employant, pour ses opérations magiques, des
herbes de Thessalie
Les eaux fétides de l'Averne étaient employées
dans les mystères de la magie
« Quelle que soit la partie du Globe que l'on examine,
quelle que soit la variété de l'espèce
humaine dont on observe les usages, dans l'antiquité
et dans les temps modernes, chez les sauvages, mais aussi
au milieu des empires civilisés, on trouve des devins
et des Hommes s'occupant de magie. Nos livres saints, ceux
des Indous, des Chinois, des Grecs, parlent d'Hommes lisant
dans l'avenir, évoquant les Ombres, opérant
mille prodiges par les connaissances surnaturelles qu'ils
acquièrent, grâce à leur commerce avec
les démons ou génies
[Ferdinand Denis
- Tableau analytique, critique et historique des sciences
occultes]
« L'assentiment du genre humain est, dit-on, une preuve
irréfragable, de la vérité
Quelque nom qu'on lui donne, quelque titre qui la décore,
les nations civilisées depuis des milliers d'années,
les peuplades les plus barbares, toutes proclament, chérissent
et redoutent le pouvoir accordé à quelques
Hommes de s'élancer par leurs uvres, hors de
l'ordre commun de la nature
[Salverte - Des sciences
occultes]
« Tous les peuples, a dit Voltaire, ont cru à
la magie, la doctrine des génies, et de la magie
a rempli toute la Terre
[Dictionnaire philosophique]
Voici encore le témoignage de Bayle. Les esprits
forts s'inclineront de respect devant sa parole : «
Les histoires de tous les temps et de tous les lieux rapportent,
et à l'égard des songes, et à l'égard
de la magie, tant de faits surprenants, que ceux qui s'obstinent
à tout nier, se rendent suspects ou de peu de sincérité,
ou d'un défaut de lumière qui ne leur permet
pas de bien discerner la force des preuves
[Dictionnaire
historique et critique - Magie]
Arthur - Ah ! selon M. Bayle, pour nier tous
les faits attribués à la magie, il faut être
de mauvaise foi, ou d'une certaine ignorance !
Je
ne sais pas si une semblable parole sera bien reçue.
Léon - Il est certain que des Hommes
nient tout de prime abord, sans vouloir rien examiner.
L'abbé - Voici qui va confirmer ce
que vous dites, Léon. « Au commencement du
XVIIIe siècle, l'académie royale des sciences
chargea plusieurs de ses membres, et entre autres le célèbre
Fontenelle, d'examiner l'ouvrage qui venait de publier Lebrun
sur la réalité de l'intervention des démons
dans les faits de la magie. Or, savez-vous quel fut le rapport
de la commission académique ? Lisez ceci : «
Nous sommes convenus tous ensemble, que le livre était
bien raisonné, et que les principes qui y sont établis
pour démêler ce qui est naturel d'avec ce qui
ne l'est pas, sont solides, et que les pratiques qu'on y
combat sont de pures impostures des Hommes dont on n'a pas
entrepris la discussion
» [Fontenelle]
Léon - C'est un moyen expéditif
de sortir d'embarras
L'abbé - Mais il n'est pas sans danger
pour la réputation de ceux qui l'emploient : «
Voilà, dit Bayle, des choses qui mettent à
bout la philosophie
C'est ce qui oblige la plupart
des philosophes à nier tout court les faits de cette
nature, qui sont si fréquents dans les livres, et
plus fréquents, encore, dans les discours de conversations.
Mais il faut avouer que ce parti de nier tout a ses incommodités,
et qu'il ne contente point l'esprit de ceux qui pèsent
exactement le pour et le contre
Léon - Voilà un aveu précieux.
Ils ne peuvent trouver aucun bon système pour rendre
raison de ces faits étranges, alors ils prennent
le parti de les nier, parce qu'autrement, il faudrait en
demander l'explication à la religion
L'abbé - Tous n'en sont pas là
; il est des Hommes de bonne foi et de science qui ne croient
pas possible de rejeter les opérations de la magie.
Ecoutez Hoffmann : « Que les démons agissent
sur les corps humains, c'est ce qui a été
cru de temps immémorial par toutes les nations, observé
avec un accord admirable par les théologiens comme
par les philosophes et les médecins les plus sages,
confirmé par le témoignage des livres sacrés
établi enfin par tant d'édits et de jugements
des magistrats, ainsi que par des aveux même des coupables.
Assurément, en matière de faits, il faut s'appuyer
sur la seule autorité
»
Delrio prouve fort bien, dans ses « Disquisitions
magiques » l'existence des pratiques de cet art infâme,
par le consentement de tous les peuples et l'expérience
de tous les siècles. Il établit qu'il faut
garder, dans cette affaire, un milieu entre ceux qui croient
tout, et ceux qui ne croient en rien.
Bodin, avocat au parlement de Paris, procureur de Charles
IX, auteur du « Traité des sorciers »,
entre autres, Bodin, bien qu'incrédule à l'égard
des vérités religieuses, ne doutait pas cependant
du commerce que des Hommes aveuglés et corrompus
pouvaient avoir avec les démons ; il cite même
deux exemples pour prouver que le démon s'efforce
de persuader qu'il n'y a ni sortilège, ni sorcier,
ni aucun effet magique ; et ajoute que c'est un de ses plus
spécieux moyens de propager son empire
»
Arthur - Le diable se plaît à
se cacher derrière les rideaux pour mieux jouer son
rôle
L'abbé - Il y a plus, mes amis, la
magie était devenue de mode depuis la publication,
en 1774, du livre de De Haen ; Archenholtz en fait la remarque
dans son tableau de l'Angleterre et Mira beau également.
Le premier parle d'un personnage célèbre dans
les annales cabalistiques, connu sous le nom de docteur
Falkon comme un fameux magicien. Le comte de Mirabeau, dans
l'ouvrage « Monarchie prussienne » parle aussi
en plusieurs endroits du goût des philosophes modernes,
des princes et autres bruyants personnages, pour la magie
: « Voyez, dit-il, en Allemagne, tant de princes,
ivres de l'espoir et de l'attente des moyens surnaturels
de puissance, évoquer les Esprits, explorer l'avenir
et tous ses secrets, tenter de découvrir la médecine
universelle, de faire le grand uvre, et, pour étancher
leur soif insatiable de domination et de trésors,
ramper à la voix de leurs thaumaturges que dirige
un spectre inconnu. » Ailleurs, il parle aussi d'un
limonadier auquel le duc Charles de Courlande avait fait
donner des coups de bâton, mais qui sut, ensuite,
tellement fasciner le prince et une grande partie des personnes
les plus considérables de Dresde et de Leipsick,
qu'il joua un assez grand rôle
« Dès
lors, on vit apparaître, en Europe, les folies de
l'Asie, de la Chine : la médecine universelle, le
breuvage de l'immortalité
etc. Sa particularité
était surtout l'évocation des mânes
; il commandait aux Esprits, il faisait apparaître
à son gré, les morts et les puissances invisibles
On sait quel fut le dénouement de son drame : après
avoir consumé des sommes immenses à ses adhérents,
après avoir aliéné le bon sens de plusieurs
d'entre eux, dans l'impossibilité de se soutenir
plus longtemps, il se cassa la tête d'un coup de pistolet
»
Dans les « Mémoires de Saint-Simon »
on apprend aussi que le duc d'Orléans, régent
de France, faisait son étude de la magie ; et on
lit dans d'autres mémoires, que le Maréchal
de Richelieu a donné des preuves de même goût
Arthur - Tout à l'heure, vous avez
nommé Faustus ; qu'était-il ?
L'abbé
- Un magicien. Voici ce qu'en dit Feller : «
Il s'adonna entièrement à toutes sortes de
sortilèges et aux conjurations des Esprits, et se
pourvut de tous les livres magiques
Enfin, l'infortuné Faustus conjura, dit-on, le démon,
traita avec lui pour vingt-quatre ans, et en reçut
un Esprit familier pour son service, nommé Méphistophélès.
On rapporte que Faustus joua des tours surprenants à
la cour de l'empereur Maximilien ; mais qu'à la fin,
le démon l'étrangla et le déchira d'une
manière effroyable dans le village de Remlich
[N.d.l.r. - On rapporte aussi que les loups ne se mangent
pas entre eux
Un jour, marcelle olivério a
reçu dans son bureau, quelqu'un qui avait pactisé
avec le diable
un pacte de sang. Dans une discothèque,
alors que tous les spots étaient rouges, ce garçon
a eu une idée : briser un verre et s'ouvrir les veines
en demandant à Satan de le rendre populaire
Il voulait être chanteur. Ce qui fut fait. Ses disques
se vendaient bien, il eut beaucoup d'argent et beaucoup
d'amants
la vie était belle !
Et un jour,
il en eut marre de cette vie facile et de débauche,
car il a rencontré celui qu'il aimait
L'Esprit
qui lui rendait service, ne l'entendit pas de cette oreille
: il lui appartenait. Et aussitôt, ce fut une véritable
descente aux enfers
Ses disques ne se vendaient plus,
les chansons n'étaient plus belles
Il a trouvé
du travail mais on devait l'attacher car il se levait et
sans raison apparente et malgré plusieurs personnes
qui voulaient l'en empêcher en s'interposant, habité
d'une force colossale, ouvrait une bouteille de whisky et
en buvait tout le contenu, puis devenait violent
Dans le bureau de Marcelle, il n'avait de cesse de fixer
son crucifix et de temps en temps, rempli de rictus, crachait
dessus
Les Ombres, quand elles ont rendu service,
ne lâchent pas leur proie comme cela
et cherchent
à détruire leurs protégés quand
ils ne leurs servent plus
]
[
]
Qu'on ne s'étonne pas des prestiges des magiciens,
puisque, par leur art dans les maléfices, ils ont
pu aller jusqu'à résister à Moïse
en produisant des prodiges semblables aux siens, changeant,
comme lui, leurs verges en serpents et l'eau en sang.
« Ce sont des magiciens, ceux qu'on appelle vulgairement
"faiseurs de maléfices" à cause
de la grandeur de leurs forfaits. Ils frappent les éléments,
troublent l'esprit des Hommes, et, sans donner aucun breuvage
empoisonné, tuent par la force de leur enchantement
» : c'est ce que disent Lucain et Horace.
Arthur - Autrefois déjà, on
évoquait les morts, on leur adressait des questions,
on les interrogeait sur l'avenir, et ils répondaient
! On se servait d'eau quelquefois pour ces opérations,
et dans cette eau, on voyait des figures, des images, des
jeux fantastiques !
L'abbé - On dit, continue saint Isidore,
que ce genre de divination vient des Perses. Varron compte
quatre genres de divination : la terre, l'eau, l'air et
le feu. De là, la géomancie, l'hydromancie,
l'aéromancie, la pyromancie
« Les devins sont ainsi appelés comme s'ils
étaient remplis de la science divine. Ils se donnent
comme possédant les secrets de Dieu
On appelle
"enchanteurs" ceux qui pratiquent l'art magique
des ligatures de remèdes exécrables qui consistent
dans des enchantements, des caractères, ou tout autre
chose que l'on suspend ou qu'on lie
Dans toutes ces
sortes de choses, il y a un art diabolique sorti d'une certaine
association pestilentielle des Hommes et des mauvais Esprits
C'est pourquoi, elles doivent être évitées
par les Chrétiens
»
[
]
Cassien attribue aussi aux Esprits méchants, toutes
les opérations de la magie. Il dit que les magiciens
et les faiseurs de maléfices invoquent les démons
et se servent de leur puissance. »
[
]
« Il y a une autre manière de commander aux
démons et de se les soumettre. C'est celle dont se
servent les magiciens et les faiseurs de maléfices,
ces Hommes qui rendent un culte aux démons, en les
invoquant, bien plus, en les adorant et leur offrant des
sacrifices
[
] Or, comme parmi les démons,
les uns sont plus puissants que d'autres, parce qu'ils leur
sont supérieurs, il arrive que si un magicien se
trouve avoir un pacte avec un démon d'un ordre supérieur,
il peut, par son moyen, forcer les démons inférieurs
à lui obéir
»
Léon - Ce texte est bien digne d'être
remarqué. Il me frappe singulièrement
Ce pauvre magicien croira commander aux Esprits, les faire
obéir à sa volonté, leur commander
en maître alors, qu'en fait, il ne sera que leur esclave
Quelle ruse digne de l'enfer !
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Des
Esprits
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