la pitié…

   
   

Elle est le geste fait pour aider et accepter le désarroi souvent mauvais des autres.
Elle est le geste fait pour accomplir le chemin qui va à la noirceur.

Pitié des gestes, pitié des sentiments,
pitié louable et pitié stérile,
pitié offerte et pitié gaspillée...

Tu dois donner, mais donne à bon escient.
Tu dois offrir, mais offre avec circonspection.

Est-ce pitié que d’aller vers la noirceur mauvaise et de tendre la joue ?
Non, c’est faiblesse.

Est-ce pitié que d’accepter l’hypocrisie et la haine sans répliques ?
Non, c’est faiblesse.

Est-ce pitié que d’accepter que le dard venimeux pénètre sa poitrine ?
Non, c’est faiblesse.

La pitié est le cadeau offert à la souffrance et au malheur ;
la pitié ne doit pas être le cadeau au mensonge et à la noirceur.

Sache examiner les faits, sache analyser les gestes, sache comprendre les êtres, et, si tu le dois, si tu le peux, donne ta pitié sans réserve, à celui dont l’âme déchirée pleure, avec la merveilleuse et attachante sincérité de l’élan.
Mais, si tu décèles le mensonge, si tu vois la calomnie, si tu comprends la haine, ne donne pas ta pitié, donne tes conseils ; éclaire et explique, encourage et guide, car la pitié offerte sera foulée aux pieds et le ricanement encensera la pitié.

Pitié des gestes et des mots ; pitié des élans, pitié des dons de l’âme, que ne peux-tu être offerte à tous ?
Tu es offerte mais rejetée et le rejet entraîne souvent le drame.

Ne donne de toi que l’élan reçu et accepté, et cependant, tu donneras dans l’ultime geste d’amour de ton être le grand don de pitié pour pleurer sur ceux qui définitivement se veulent mauvais.
Quelle pitié !...

Tu donneras cette pitié et tu prieras, car, la ferme pensée d’amour, au-delà des dissensions, au-delà de la haine, préparera pour ceux qui se roulent dans la fange honteuse du mensonge, de l’hypocrisie, de la haine et de la jalousie mauvaise et sournoise, le chemin qui peut-être leur permettra d’aller vers une pitié plus grande, celle définitivement et toujours offerte, la pitié lumineuse et tendre de Dieu, dans la tristesse infinie du pardon.

Raphaël Archange
médium : marcelle olivério
extrait du livre Ephphata